L’ENTMV et la SNCM boudent Béjaïa

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L’activité passagers au port de Bgayet, tout le monde l’aura remarqué, a considérablement baissé depuis la fin de la saison estivale. Pis, de très timide, elle est devenue quasi-nulle et le sera — tout y concourt — pour quelque temps encore. En effet, depuis le 11 décembre 2004, où une rotation a été effectuée par le dernier fleuron de la flotte d’Algérie-Ferries, le Tassili II, et janvier suivant où le concurrent français la SNCM avait assuré une desserte vers Marseille, plus rien ! Pour ne rien arranger, la rotation du 10 mars prochain, prévue par le Fantasia, ferry affrété par l’ENTMV pour 2005, est purement et simplement annulée, apprend-on de bonne source. Même si traditionnellement, l’hiver est caractérisé par une baisse sensible du trafic il s’agit là de causes objectives et structurelles qui préfigurent des lendemains incertains pour l’avenir de la ligne Bgayet-Marseille. Une source proche de l’ENTMV évoque en l’occurrence une question de programmation liée à une flotte, qui depuis la mise à la retraite des ferries de première génération et la non-reconduction des contrats de location du CESME II et de l’Ignatia conjuguées à un renouvellement qui tarde à se concrétiser, pousse la compagnie à faire des coupes drastiques en supprimant de manière ponctuelle des dessertes pour se focaliser sur les lignes les plus rentables. Car avec seulement trois navires opérationnels — dont un, le Tariq Ibn Zyad, s’est retrouvé immobilisé pendant un mois pour les raisons techniques, l’ENTMV a fort à faire pour maintenir une présence sur ses lignes les plus rentables. A cela s’ajoute, toujours selon notre source, une demande très faible à Bgayet propre à une période que les spécialistes appellent “basse saison”.L’autre opérateur présent sur cette ligne avec quatre cruise-ferries flambant neufs, la SNCM tient un discours où il n’est question que de coûts élevés induits par cette desserte et d’une rentabilité largement écornée. M. Crispino, représentant à Alger de la compagnie française ne va pas par quatre chemins pour avancer, au premier plan, des raisons commerciales comme étant à l’origine de la défection de sa compagnie. “Le port de Bougie nous impose, à chaque escale d’office trois remorqueurs. D’où l’incidence sur les coûts d’escale qui demeurent élevés. A la limite nos ferries qui utilisent le système de la propulsion d’étrave n’ont à 90% aucun besoin de se faire assister par un remorqueur. De toute façon, l’assistance devrait être laissée à la discrétion du commandement du navire qui seul peut juger de l’opportunité ou non de recourir à l’assistance des remorqueurs”, nous dira-t-il au téléphone, avant d’ajouter : “Après deux tentatives de négociation avortées, nous avons arrêté avec les responsables du port, le principe d’une rencontre où nous espérons trouver un écho favorable à nos doléances. Dans la négative, c’est contrainte et forcée que la SNCM va se contenter de n’opérer qu’en saison estivale”.Autre grief de M. Crispino : “Les frais de remorquage sont majorés de 50% le vendredi, jour de l’escale des ferries SNCM”.L’EPB, selon un document se son service commercial, applique le tarif de 470 USD comme perception minimum (tarif de 2004).L’annonce de l’arrivée en 2004 de l’opérateur français sur la ligne Bgayet-Marseille, jusqu’alors chasse gardée de l’ENTMV a réjoui plus d’un. A la fin de la saison estivale, l’unanimité s’est faite autour de l’amélioration des prestations et des conditions de la traversée d’une manière plus générale. La concurrence y était sûrement pour beaucoup ! La SNCM, et cela est un avis partagé par la majorité des voyageurs, a apporté un plus. Un plus que tout le monde souhaite voir se maintenir, pas seulement en “haute saison”, mais toute l’année.

Mustapha R.

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