“Message reçu cinq sur cinq”

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La porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, s’est montrée fidèle à elle-même lorsqu’à une question relative à l’hommage particulier qui lui a été rendu par le président de la République lors de la célébration de la Journée du 08 Mars, elle dira : «je suis très touchée par ses déclarations mais mon plus beau cadeau serait de voir la femme algérienne recouvrer ses droits, violés pendant plus de 20 ans par le code de la famille”.Le président de la République avait lors de cette rencontre qualifié la première responsable du PT de «femme politique hors-pair» en ajoutant «donnez-moi 20 comme Louisa Hanoune et je les engagerais au sein de mon gouvernement». Le remerciant pour ses propos, Mme Hanoune se déclare une responsable politique militante mais se dit en revanche contre la façon dont on gère la politique en Algérie. «Le 08 mars n’est pas une fête pour les Algériennes, c’est une journée de lutte militante devant être celle de la consécration de la légalité des droits entre l’homme et la femme ainsi qu’à la levée des obstacles les empêchant d’être citoyennes à part entière. Elle dira de plus que le président a appelé les femmes à militer. “C’est reçu cinq sur cinq, nous militerons, on ne s’arrêtera pas !», a-t-elle rétorqué. Le débat qu’elle animera à cet effet est centré sur les derniers amendements apportés au code de la famille. Lesquels amendements «qui seraient complètement contradictoires avec la Constitution». «Les amendements laïcs apportés récemment par l’Etat à la loi sur la nationalité démontrent de la volonté politique remarquable de nos décideurs qui devraient aujourd’hui procéder à une révision laïque du code de la famille», a déclaré hier Louiza Hanoune. Cette révision, précise-t-elle, prouve qu’on peut faire autrement ! Excepté l’amendement de l’article se rapportant au domicile conjugal, Mme Hanoune se révolte contre le maintien des articles relatifs au tutorat, à la polygamie ainsi qu’au droit du divorce, des articles qu’elle qualifie de ségrégationnistes. Donner le droit à l’homme de divorcer et le refuser à la femme en est la preuve. «Le mariage est un contrat entre deux parties : exiger d’une femme magistrat, qui décide du sort d’une nation, un tuteur pour se marier suppose que cette dernière est mineure ! » s’offusque-t-elle en s’interrogeant «même si c’est formel, pour quelle considération ?» Concernant le chapitre sur la polygamie, elle indiquera que la polygamie concerne les riches du fait des conditions socio-économiques dans lesquelles évolue le pays. Etre polygame supposerait qu’il y a entente entre les épouses et leur mari. «Or, nous savons très bien que l’homosexualité en Algérie n’est pas admise par la loi», constate-t-elle en sous-entendant ironiquement que la polygamie serait un mariage homosexuel. Elle regrettera en outre la suppression, à la veille du 08 Mars, des allocations familiales ainsi que la non révision à la hausse dans le code de la famille du montant de la pension alimentaire qui devrait selon elle être calculé sur la base du salaire du conjoint. Elle aurait souhaité ainsi qu’elle soit associée au débat des amendements. «Il n’y a pas eu de discussion, encore une fois on confisque à la femme le droit de se prononcer sur son devenir et le devenir de toute une nation !» Mme Hanoune a rappelé à l’assistance que le combat de la femme a été initié par les femmes travailleuses socialistes. Ainsi son rejet de la loi sur les hydrocarbures serait aussi motivé par la protection des droits de la femme travailleuse et la protection des ressources nationales. Pour elle, l’Algérie doit ratifier la Convention internationale 138 liée à l’exploitation de l’enfant ainsi que la Convention internationale 103 relative à la protection de la maternité.Par ailleurs, concernant le retrait de ses élus des assemblées locales, Louisa Hanoune maintient sa position selon laquelle, rappelle-t-on, «un éventuel retrait serait une atteinte à l’unité nationale».

Sabrina Bouras

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