Ali Haddad rejette les accusations

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Au troisième jour du procès en appel des anciens ministres et hommes d’affaires devant la première chambre pénale de la Cour d’Alger, les regards étaient, hier, braqués sur Ali Haddad, appelé à la barre.

Avant d’entendre le patron du groupe ETRHB, le juge avait auditionné l’accusé Hamoud Chaïb qui était chargé de gérer les finances de la campagne électorale, avortée, en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika. L’accusé a déclaré au tribunal que c’est Ali Haddad qui l’avait chargé de gérer les finances de la campagne après avoir obtenu l’aval du frère de l’ancien Président, Saïd Bouteflika.

Il a aussi indiqué aux magistrats que le directoire de campagne avait réussi à collecter 75 milliards de centimes sur «l’argent des déposants, hommes d’affaires et commerçants». Ensuite, c’est l’ancien patron du FCE, Ali Haddad, qui fut appelé à la barre, pour répondre aux questions du juge et du procureur.

D’entrée, l’accusé, condamné pour rappel à 7 ans de prison au procès de première instance en décembre dernier, a plaidé non coupable, rejetant les accusations portées contre lui. Ali Haddad a surtout défendu l’honorabilité de son groupe qu’il dira avoir «participé à la réalisation de grandes infrastructures dans le pays», rejetant en bloc l’accusation de «blanchiment d’argent».

Comme il a nié avoir bénéficié d’indus privilèges dans le cadre des marchés publics pour ses différentes entreprises : «Si j’ai blanchi de l’argent ou si j’ai indûment obtenu des privilèges, coupez ma tête», a-t-il dit au juge. Comme il a rejeté l’accusation de «financement occulte» de la campagne électorale, affirmant : «Effectivement, j’ai pris l’argent à mon bureau de Dar El-Beida, pour des raisons de sécurité, à la demande du frère du Président, Saïd Bouteflika». Et d’expliquer : «À la demande de Saïd, j’ai choisi mon beau-frère et une autre personne pour gérer l’argent de la campagne, car ce sont des personnes en qui Saïd avait confiance».

Puis, d’indiquer que «l’argent de la campagne n’a pas pu être récupéré, car, entre temps, il a été mis sous scellés par la gendarmerie». Avant-hier, lundi, au deuxième jour du procès, le juge avait entendu, dans l’après-midi, l’ancienne wali Nouria Yamina Zerhouni qui a rejeté les accusations relatives à l’octroi de terres et d’avantages indus. Elle a également rejeté toute conclusion de contrats en violation avec la législation, affirmant qu’à sa prise de fonctions, «il y avait au niveau de la wilaya près de 3 000 dossiers d’investissement en attente de traitement, et vu les obstacles et entraves, il fallait accélérer les choses», dira-t-elle, expliquant les violations survenues par «l’incompétence» des cadres chargés du traitement des dossiers.

L’audience du procès des accusés dans les deux affaires avait repris le matin pour la deuxième journée consécutive. Le juge a entendu l’ancien ministre de l’Industrie, Mahdjoub Bedda, les hommes d’affaires Hassan Larbaoui et Mazouz Ahmed, ainsi que Fares Sellal. Le juge avait auditionné, dans l’après-midi, les hommes d’affaires Aboud Achour, les frères Semai et Nemroud, ainsi que Mustapha Abdelkrim (cadre au ministère de l’Industrie).

Nouvelle stratégie de défense ?

Les accusés ont tous rejeté toutes les accusations retenues contre eux. Durant l’audience de la veille, le président de la chambre pénale a auditionné les deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l’ancien ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi. Lors de cette audition, Ahmed Ouyahia a rejeté toutes les charges retenues contre lui en déclarant : «Je n’étais pas dirigeant, mais un simple exécuteur du programme du président de la République adopté par le Parlement. J’appliquais les lois de la République».

Rejetant à son tour les accusations retenues contre lui, Abdelmalek Sellal a déclaré : «En ma qualité d’ancien Premier-ministre, ma mission consistait, sur le plan légal, à mettre en œuvre le programme du président de la République, adopté par le Parlement, et dont le premier responsable est l’ancien président de la République qui devrait comparaître comme témoin dans cette affaire». De son côté, l’accusé Youcef Yousfi a également nié toutes les accusations retenues contre lui dans l’affaire du montage automobile.

Pour rappel, le procès intervient suite à l’appel interjeté par le Parquet et le collectif de défense contre le verdict prononcé, le 10 décembre 2019, par le Tribunal de Sidi M’hamed, condamnant, notamment, les anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia à une peine de 15 ans de prison ferme assortie d’une amende de deux (2) millions de DA, avec confiscation de tous ses biens, et Abdelmalek Sellal, à une peine de 12 ans de prison ferme assortie d’une amende d’un (1) million de DA.

Dans la même affaire, les anciens ministres de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb a écopé par contumace d’une peine de 20 ans de prison ferme assortie d’une amende avec émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre, Youcef Yousfi d’une peine de 10 ans de prison ferme, et Mahdjoub Bedda d’une peine de 10 ans de prison ferme. Ont été condamnés également l’ancienne ministre et wali Nouria Yamina Zerhouni à une peine de 5 ans de prison ferme, les hommes d’affaires Ahmed Mazouz à une peine de 7 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis, Hassan Larbaoui à une peine de 6 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis, et Mohamed Bairi à une peine de 3 ans de prison ferme. Le fils de l’ancien Premier ministre, Fares Sellal, a été condamné, quant à lui, à une peine de 3 ans de prison ferme.

Synthèse de M. A. T.

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