Chute brutale de 90 à 35 milliards en 4 ans

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L’APW de Tizi Ouzou se réunira ce matin dans une session ordinaire, pour valider la répartition, déjà effectuée par la commission finance de l’Assemblée, du BS.

La crise financière que vit le pays depuis la baisse du prix du pétrole en 2015 a eu, bien entendu, une répercussion directe et négative sur le budget de la wilaya de Tizi-Ouzou puisqu’il a connu une baisse de presque deux tiers. Jusqu’à 2015, le budget supplémentaire de la wilaya de Tizi-Ouzou était de 90 milliards de centimes, et actuellement, il n’est que de 35 milliards.

En 2018 aussi, le BS (budget supplémentaire de la wilaya de TiziOuzou) était de 35 milliards. Cette baisse considérable n’est pas sans impacter tous les secteurs d’activité qui en dépendent. Ainsi, les premiers à être pénalisés par les conséquences de cette crise financière et de cette baisse du budget supplémentaire sont les collectivités locales, puisque la part du lion de ce fonds leur est systématiquement attribuée.

Cette année encore, les Assemblées populaires communales seront donc directement affectées par cette situation, ce qui engendrerait d’énormes difficultés pour prendre en charge les différents frais qu’impose la gestion d’une APC, surtout quand on connaît la faiblesse criante des ressources financières dont souffrent la majorité des soixante-sept communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou.

En dehors de quelques exceptions concernant des communes où le taux des recettes des impôts est relativement élevé, comme Tizi-Ouzou et Tizi Rached, la majorité écrasante des municipalités de la wilaya fonctionnent essentiellement grâce aux subventions de l’État, dont le budget prélevé sur celui de l’Assemblée populaire de wilaya. Par ailleurs, la baisse sensible de la dotation du budget supplémentaire de la wilaya de TiziOuzou aura aussi une répercussion directe sur l’un des secteurs les plus névralgiques, à savoir l’éducation.

En effet, l’enveloppe qui sera consacrée, cette année, à des activités comme le ramassage scolaire et à d’autres inhérentes aux cantines scolaires et aux unités de dépistage scolaire (UDS) sera également revue à la baisse. Elle sera pratiquement réduite de deux tiers. Il y a fort à parier que les difficultés que devront affronter les responsables locaux tout au long de l’année scolaire ne seront pas moindres. Pour rappel, en 2018, le secteur local de l’éducation avait bénéficié de 18 milliards de centimes lors de la répartition du budget supplémentaire. En outre, la baisse du budget supplémentaire affectera inéluctablement tous les autres secteurs qui devraient en bénéficier.

Il faut rappeler qu’en priorité absolue, le BS est destiné d’abord et avant tout à tout ce qui a trait au fonctionnement et aux équipements, à commencer par les salaires. Concernant ce point, aucune réduction ne peut être opérée puisqu’il s’agit d’enveloppes financières fixes, les salaires étant une limite stricte à ne pas franchir. Quant aux autres créneaux, l’APW et les APC devraient effectuer de gr ands réaménagements en revoyant à la baisse les sommes d’argent consacrée à chaque secteur.

C’est donc une évidence que l’argent destiné aussi bien au secteur culturel qu’à ceux des sports et de la solidarité (notamment envers la frange des handicapés) sera notablement amoindri. Aussi, les aides systématiques attribuées aux APC dans le cadre du budget supplémentaire seront aussi revues à la baisse, de même que les subventions régulières qu’affecte l’APW aux associations culturelles, sociales, humanitaires et sportives. Cette gestion drastique du budget supplémentaire de la wilaya de Tizi Ouzou sera aussi appliquée sur le budget consacré au Concours du village le plus propre de la wilaya de Tizi Ouzou auquel l’APW de Tizi Ouzou accorde une attention très particulière, compte tenu des retombées positives du concours sur l’environnement, l’hygiène et le cadre de vie de manière générale dans la wilaya.

Ainsi, c’est sur la question de la répartition du BS que devront se pencher aujourd’hui les élus de l’APW lors de la session ordinaire qui s’ouvrira ce matin. Pour l’instant, la situation de difficultés financières risque de perdurer et la seule manière de s’en sortir, selon Mohamed Achir, vice-président de l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou, qui a fait une intervention médiatique hier, c’est d’encourager la culture de diversification des recettes et des sources de financement de la wilaya.

Une mission qui s’avère difficile en l’absence d’un tissu économique stable, important et permanent. Le même élu a rappelé que la taxe sur l’activité professionnelle est très faible. Elle varie entre 1,5 et 2 % , ce qui ne peut aucunement constituer une solution pour parer au plus pressé. La crise est d’autant plus complexe qu’une grande partie des projets structurants de la wilaya de Tizi Ouzou ont été gelés suite au début de la crise financière en 2015, sachant que toute l’activité économique de la wilaya s’articule autour de la commande publique, notamment en ce qui concerne les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Mettre le cap et encourager l’investissement privé en endiguant la bureaucratie et en octroyant des facilités aux industriels restent la seule perspective fiable et concrète pour renflouer les caisses de la wilaya. Mais rien de tout cela ne pourrait se faire sans le retour total de la stabilité et de la quiétude dans la région. Un problème dont souffre la wilaya de Tizi Ouzou depuis près de vingt ans.

Aomar Mohellebi

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