La plainte contre Naïma Salhi activée

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La justice algérienne a enfin décidé d’activer la plainte déposée par trois avocats contre la députée Naïma Salhi pour «incitation à la haine raciale et appel au meurtre». Après plusieurs mois d’impunité dont elle a joui, la sulfureuse députée et cheffe d’un petit parti politique, celui de l’Équité et de la Proclamation (PEP) est rattrapée par la justice algérienne pour ses publications racistes et haineuse, appel au meurtre et menace de mort contre sa fille si «elle parlerait le kabyle». L’instruction a été officiellement enclenchée, à la faveur de la convocation, pour la première fois huit mois après le dépôt de plainte contre elle, des trois avocats auteurs de la citation déposée devant le tribunal de Boumerdès.

Avant-hier, les trois plaignants ont été entendus par la brigade de recherche de la gendarmerie de Chéraga (Alger). «En ce jeudi, 5 mars 2020, nous nous sommes présentés, maître Houali et moi-même, à la brigade de recherche du groupement de gendarmerie de la ville de Cheraga, suite à notre convocation en date du 3 mars 2020», a indiqué Me. Salim Chait, dans un communiqué qu’il a rendu public sur sa page Facebook. L’avocat a fait savoir que «le brigadier en chef, qui nous a reçus dans son bureau, nous a informés que le motif de notre convocation est en rapport avec la plainte déposée contre la présidente du parti pour l’équité et la proclamation ( PEP), Mme Naima Salhi, pour «incitation à la haine raciale et appel au meurtre» via sa page officielle Facebook à travers des vidéos et des publications».

Me Chait précise également qu’«après avoir vérifié notre filiation, un officier nous a entendus et nous avons rappelé les faits reprochés à la mise en cause, comme mentionné dans notre plainte déposée, faut-il le rappeler, le 9 juin 2019 au niveau du tribunal de Boumerdès». Les trois plaignants n’ont pas manqué de souhaiter que l’instruction aille jusqu’au bout et mette fin à la délinquance politique de la députée qui a longtemps profité d’une impunité et d’une protection sans connaître laquelle. Après plus de huit mois d’attente où notre plainte était perdue entre deux juridictions, l’instruction est enfin engagée contre cette délinquante politique qui ne cesse de faire parler d’elle, malgré la fermeture de ses deux pages officielles», ce sont réjouis les avocats plaignants, sans manquer de souhaiter que «la procédure se poursuive pour aboutir à un procès que nous espérons équitable». Pour eux, «le racisme n’est pas une opinion, mais un délit passible de justice et nous ne ménagerons aucun effort pour en traduire les promoteurs devant les tribunaux».

Fin de l’impunité pour Naima Salhi ?

Néanmoins, Naïma Salhi, qui jouit de l’immunité parlementaire, peut mettre cette option au devant pour se protéger contre les poursuites judiciaires. La justice devra donc d’abord demander la levée de son immunité parlementaire à travers le ministère de tutelle. La suite dépend du vote des députés qui, faut-il le préciser, ont rejeté quasiment toutes les demandes qui leur ont été soumises ces derniers mois contre leur collègue de l’APN. Bien que le cas de Naïma Salhi diffère des autres cas des députés que la justice compte entendre dans le cadre des affaires liées aux faits de corruption, rien ne dit que des députés peuvent faire bloc par principe et ne pas accepter qu’un des leurs soit livré à la justice. Le temps le dira certainement.

La bataille des trois avocats ne semble pas focaliser sur cette problématique qui relève du domaine du politique eux qui semblent avoir perdu espoir de voir leur plainte aboutir. En tout état de cause, l’activation de la plainte contre la députée pour «incitation à la haine raciale et appel au meurtre» intervient au lendemain de la mise en place d’un dispositif de loi criminalisant les discours de haine, ordonné par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il est à rappeler que la sulfureuse députée de Boumerdès, originaire de l’Est algérien, s’est acharnée surtout contre la langue amazighe, en la traitant de «dialecte dépassé visant à semer la fitna dans les rangs des Algériens».

Dans sa dernière sortie publique sur le réseau social, avant de supprimer ses deux pages Facebook, Naïma Salhi estime que l’Algérie dispose déjà de «deux langues, en l’occurrence le français et l’arabe», ce qui est déjà «plus qu’il n’en faut pour les Algér iens », a-t-elle dit. Pour elle, «des parties occultes veulent imposer ce dialecte à tout un peuple, au détriment de sa volonté» et que leur but est de «gaspiller davantage de temps et d’argent», soulignant en outre que l’enseignement de cette langue dans les écoles constitue «une difficulté supplémentaire pour les jeunes écoliers algériens». À rappeler aussi que lors de ses premières vidéo haineuses contre l’enseignement de Tamazight dans les écoles algériennes, Naïma Salhi est allé jusqu’à menacer sa fille de mort si celle-ci venait à parler le kabyle, suscitant un tollé général parmi les internautes, et pas seulement kabyles, qui ont appelé la justice à s’autosaisir pour protéger la fille de la menace de mort.

M. A. T

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