Les explications de Tebboune

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Révision de la Constitution, relance de l’économie, la valeur du dinar et le gaz de schiste sont, entre autres, les questions qui «engagent le présent et l’avenir du pays» qui ont été abordées par le président de la République, mercredi, face à des journalistes.

Les consultations engagées avec des personnalités nationales, dont la dernière en date fut la rencontre avec le chef du parti Jil Jadid, Sofiane Djilali, vont se poursuivre, a affirmé Abdelmadjid Tebboune face aux médias conviés chez lui, mercredi. «Les consultations se poursuivent mais la date de leur clôture n’est pas arrêtée», a affirmé le Président, soulignant que «l’avis de tous sera pris en compte». Pour le chef de l’État, «ces avis pourront entrer dans l’élaboration de la mouture finale de la Constitution». Considérant que la révision de la Constitution est «impérative pour éloigner le spectre des crises à l’avenir», Tebboune affirme qu’il a, «personnellement, défini les cadres sous-tendant ce changement, revendiqué par l’ensemble des Algériens, qu’ils soient du Hirak ou non». Et de détailler le cheminement que prendra la révision de la Constitution, à commencer par l’installation d’un comité technique qui «se penchera sur la cristallisation de toutes les propositions».

«Lorsque la première mouture de la Constitution révisée sera prête, elle sera distribuée à toutes les catégories de la société pour être enrichie. Il n’y aura pas de débats anarchiques», promet-il. «Par la suite, la Commission se réunira, une nouvelle fois, pour étudier toutes les observations, enrichir ou apporter des changements aux propositions initiales. Elle peut introduire 10, 15, voire 20 clauses, comme elle peut reformuler un article donné en réponse à des revendications de citoyens souhaitant voir le pays immunisé contre certains comportements. Une fois la mouture finale prête, elle sera présentée aux deux chambres du Parlement pour débat et adoption avant d’être soumise au référendum populaire», ajoute-t-il. Pour le chef de l’État, son choix de faire passer le débat sur la Constitution d’abord par le Parlement s’inscrit dans le souci de permettre que «toutes les explications soient données aux citoyens afin qu’ils puissent avoir une idée claire et que le référendum soit supervisé par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).

Que le peuple cautionne ou pas ne sera nullement un problème, nous opérerons d’autres amendements et changements jusqu’à ce que nous parvenions à une Constitution consensuelle». Après toutes ces étapes, poursuit Tebboune, «la Constitution sera soumise au référendum». Quant à la révision de la Loi électorale, Tebboune affirme que celle-ci «interviendra dans une seconde étape. Elle sera une loi rigoureuse qui criminalise l’utilisation de moyens illégaux qui empêche les citoyens d’être sur un pied d’égalité devant les urnes et qui criminalise également l’utilisation de l’argent sale et d’autres formes de luttes d’influence».

Pas de réévaluation du dinar sans croissance économique

Sur le plan économique, le président de la République, qui s’est livré à son premier exercice de questions-réponses, a réitéré sa stratégie promise lors de la campagne électorale qui s’articule sur l’industrie et les start-up. «Nous devons mettre en place de solides fondements à notre économie nationale grâce aux potentialités disponibles en industrie et à travers les start-up. Nous avons les énergies créatives de jeunes diplômés d’universités algériennes qui ont fait leurs preuves à l’étranger. J’ai discuté récemment avec les professeurs Habba et Melikechi qui se sont dits disposés à aider les jeunes dans l’édification de ce secteur sur de solides bases», souligne le chef de l’État pour qui «l’exonération fiscale n’entraîne pas une inflation ou une érosion supplémentaire du budget de l’État.

Et d’affirmer que «les réformes économiques ne sont pas ajournées», expliquant à ce sujet que lui et le staff gouvernemental travaillent sur ces réformes : «J’ai demandé aux ministres de l’Industrie et du Commerce d’organiser une rencontre nationale sur la nouvelle économie pour un changement de mentalités dans la gestion des banques, en vue de parvenir à une économie fondée sur des bases solides». Tebboune avoue que la monnaie nationale a été affectée par le recours au financement non conventionnel (planche à billets), mais le meilleur moyen, pour lui, de le stabiliser, voire de le raffermir, est de «développer l’économie nationale». «Le dinar a été affecté par le recours au financement non conventionnel (…) La meilleure mesure pour réévaluer le dinar est la croissance économique et la production locale», a-t-il expliqué.

SNMG et pouvoir d’achat

Abdelmadjid Tebboune a également évoqué sa promesse électorale concernant la révision à la hausse du SNMG et du pouvoir d’achat des Algériens, à travers notamment, rappelle-t-il, une «révision minutieuse et réfléchie» : «Je m’y suis engagé, et dès qu’on arrivera à la loi de Finances complémentaire (LFC), il y aura exonération de tous les salaires de moins de 30 000 DA, dans le but d’augmenter le pouvoir d’achat, tout en contrôlant les prix des produits essentiels». Et d’indiquer à propos du Smic qu’«il pourrait même y avoir une révision minutieuse et réfléchie du salaire minimum garanti (SMIG), car nous rejetons par principe (…) la pauvreté extrême en Algérie». Pour le chef de l’État, «le principe d’augmentation du pouvoir d’achat est irréversible, et cette démarche se fera à travers l’exonération des faibles salaires et le contrôle des prix du marché. L’augmentation du prix du lait à 45 DA relève de la trahison nationale».

Au sujet du très controversé projet d’exploitation du gaz de schiste dans le Sud du pays, Abdelmadjid Tebboune a semblé mal à l’aise sur cette question tant elle suscite de très fortes réactions hostiles au recours à cette énergie fossile. «Le débat sur cette question doit se faire dans la sérénité et par les experts, loin de toutes les crispations et de toute instrumentalisation politique». Et d’indiquer que «l’exploitation du gaz de schiste nécessite d’abord un débat national et pas une opinion unilatérale», car pour lui, cette ressource est «une richesse». Quant à la situation des médias qui, pour la plupart battent de l’aile ces derniers mois, le président de la République a été évasif se contenant de promettre une «liberté absolue» à la presse ! «J’ai promis la liberté absolue de la presse à la condition du respect des lois de la République et de l’éthique professionnelle, nous combattrons fermement le mensonge et la diffamation», a-t-il dit, suggérant aux journalistes de se constituer en «club» dans chaque wilaya du pays.

M. A. T.

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