«Nos manques sont innombrables»

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La commune de Béni Aïssi, dans la daïra de Béni Douala, à 10 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, totalise 12 000 habitants répartis sur sept villages et le chef-lieu communal. Le maire de cette commune, qui a vu le jour au dernier découpage administratif de 2004, expose les manques de la localité.

La Dépêche de Kabylie : La pénurie d’eau se fait sentir à travers plusieurs villages de votre commune, qu’en est-il exactement ?

Berchiche El Hayouni : C’est vrai que nous enregistrons une perturbation dans l’alimentation en eau potable à travers plusieurs villages de notre commune, mais elle est due au manque de pompage et à l’absence d’un véritable programme. Les points hauts sont privés d’eau pendant plusieurs jours malgré la mise en place d’un programme de distribution d’un jour sur deux. Les volumes pompés sont insuffisants. Nos citoyens sont contraints d’acheter des citernes tractables au prix fort de 2 200 DA l’unité. Nous demandons le passage immédiat au programme d’été et l’augmentation des quantités d’eaux pompées. Les directions et les services concernés ont été saisis à cet effet. Il faut aussi savoir que notre réseau de distribution est dans sa globalité en acier, sa vétusté n’est pas à démontrer d’où le problème des fuites et de la perte de quantités énormes de ce liquide précieux. Nous demandons sa rénovation en PEHD non seulement pour éviter les pertes mais aussi pour préserver la santé publique.

Qu’en est-il du réseau routier ?

Plusieurs chemins sont dans un état de dégradation avancé. Les exemples ne manquent pas, il s’agit des chemins allant de Tala Bounane vers Tabarquqt, un chemin qui devait être revêtu il y a deux ans déjà. D’ailleurs une entreprise a été retenue, mais les travaux de bitumage n’ont toujours pas commencé. Il y a aussi l’ex-chemin de wilaya allant vers Tighzart, Aguemoune et Ighil Bouzrou qui sont devenus impraticables surtout depuis les travaux du gaz naturel. Le chemin reliant Taazibt à Tamaright et celui de Tala Aziza sont également en piteux état. Les entreprises sont retenues pour leurs revêtements, mais le début des travaux tarde à se faire. Aux dernières intempéries, nous avons enregistré des affaissements ayant mis à mal plusieurs routes. Les fiches techniques sont transmises à la wilaya mais leur prise en charge est en attente. C’est dire qu’il ya beaucoup de choses à faire pour améliorer l’état de notre réseau de communication.

Les réseaux de gaz, d’électricité et d’assainissement sont-ils généralisés ?

On n’en est malheureusement pas encore là. Mais il faut reconnaitre que le taux de pénétration du gaz frôle les 90%. Il nous reste juste deux localités (Tala Aziza et Ighil Ivayene) et quelques autres foyers pour atteindre le taux de 100%. D’ailleurs, pour les deux villages cités, les travaux sont en cours mais leur rythme est au ralenti. Pour les foyers omis, la liste a été établie et déposée au niveau de la direction de l’énergie pour sa prise en charge. S’agissant du réseau de l’électricité, il nous faut absolument un projet d’extension, car à travers nos 7 villages et le chef-lieu, nous comptons des quartiers toujours pas raccordés. Au moins 200 Foyers attendent d’être branchés au réseau de l’électricité. La direction de l’énergie a été interpellée, mais on nous sort toujours le problème de l’absence de programme. Pour ce qui est de l’assainissement, nous avons malheureusement des quartiers non assainis à ce jour, la direction des ressources en eau a été saisie, mais jusqu’à présent nous ne voyons rien venir. Bien entendu, l’APC essaie de prendre quelques tronçons dans le cadre des PCD, mais cela reste très insuffisant. Il nous faut un programme sectoriel pour généraliser le réseau de l’assainissement à travers tous les villages et les quartiers d’Aït Aïssi.

Et le secteur de la santé ?

Ce secteur est à l’agonie. Nous disposons d’une polyclinique, mais que de nom. Elle ne fonctionne que pendant la journée, sans grands moyens et sans personnel spécialisé. Sans ambulance et sans plateau technique et bien sûr sans maternité, ni service gynécologique. Pourtant son extension a été inscrite depuis 2012 mais, à ce jour rien n’est fait. Nous demandons le dégel de cette opération. Nous avons également deux unités de soins à Tighzart et Tala Bounane mais leur fonctionnement est élémentaire.

Parlez-nous de la jeunesse et du sport…

Nous venons de bénéficier d’un projet portant transformation de notre aire de jeux en stade communal. L’entreprise a été désignée pour entamer les travaux. Nous demandons justement l’accélération des procédures pour démarrer ce chantier qui permettra à nos sportifs d’avoir un espace où ils pourront s’adonner à leur sport favori. Nos jeunes attendent d’ailleurs le début des travaux avec impatience. Pour ce qui est du secteur de la culture, nous disposons d’une maison des jeunes communale sans personnel ni équipement. Nous profitons de cette occasion pour interpeller la DJS, afin d’y affecter du personnel et du matériel. Notre assemblée est prête à délibérer pour la mettre sous sa tutelle. Nous avions aussi interpellé l’ex-wali en vue de nous affecter l’ancien siège de la garde communale qui est à l’abandon, pour en faire soit une maison de la culture soit une crèche communale, mais nous n’avons reçu aucune suite. Il nous faut aussi une salle omnisport dont l’assiette est disponible.

Le CEM de la commune est, semble-t-il, aussi en état de dégradation dans tous ses compartiments…

C’est en effet le cas. Son étanchéité est à refaire, car en hiver les salles de classe enregistrent des infiltrations énormes. La cantine scolaire est aussi à réhabiliter que ce soit au niveau de la cuisine ou dans le réfectoire. La cour du collège est en piteux état et constitue un danger certains pour les collégiens notamment lors des séances de sport. La cour est en béton mais avec le temps le béton a été presque arraché et les trous et crevasses sont innombrables. La direction de l’éducation est appelée à réhabiliter cet établissement ou alors à en réaliser un autre aux normes. Pour ce qui est des quatre écoles primaires, leur état est acceptable puisqu’elles sont réhabilitées régulièrement. Les élevés éloignés du primaire ou du collège bénéficient du ramassage scolaire.

Pour terminer, parlons du logement et de l’habitat rural…

Pour ce qui est du logement, notre commune n’a jamais bénéficié d’un programme de logement dans aucune formule. Même celui qui nous avait été inscrit en 2013 n’a pas vu le jour. La direction du logement l’a complètement ignoré. Pour ce qui est de l’aide à l’habitat rural, c’est l’unique formule dont disposent nos concitoyens pour construire leur logement. Mais les quotas que l’on nous attribue sont insignifiants. Notre commune totalise actuellement plus de 400 dossiers ficelés, alors que le quota qui nous été attribué dernièrement n’était que de 30 unités. Ce fut un véritable casse-tête de les répartir. Nous avons en effet pu les distribuer, mais au prix d’une gymnastique infernale. Nous estimons que notre commune mérite un programme de compensation pour absorber la crise de logement.

Entretien réalisé par Hocine Taïb

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