Plaidoyer pour une Conférence nationale

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Le coordinateur national du MDS, M. Fethi Ghares, a plaidé, hier, à Tizi-Ouzou pour une Conférence nationale afin de définir les contours de la transition démocratique à laquelle aspire le peuple algérien. L’ex-candidat à la candidature pour la présidentielle annulée du 28 avril dernier, intervenant lors d’une conférence-débat initiée par le comité de la faculté de médecine, s’est exprimé en faveur de l’organisation d’une Conférence nationale «qui regroupera acteurs politiques et société civile».

La solution constitutionnelle pour laquelle semble opter les tenants du pouvoir «ne tient pas la route», dira-t-il, car «cette constitution est caduque», note-t-il, optant plutôt pour une solution politique. «Il ne va pas y avoir d’élections le 4 juillet prochain et le pouvoir le sait bien. Il s’entête parce qu’il veut gagner du temps, essouffler le mouvement et aller à une transition avec un peuple fatigué et moins vigilant. Une transition dont les contours seront définis par le pouvoir, avec les partis qui sont en connivence avec lui», a-t-il averti.

La transition, selon le conférencier, «ne peut pas se faire seulement avec les partis politiques, elle doit aussi impliquer la société civile issue du mouvement populaire». «Il faut donner le temps à la société de s’organiser pour aller vers une conférence nationale qui déterminera l’agenda de la transition», explique-t-il. Mais pour parvenir à cette étape, la première condition est «le départ du système», souligne-t-il. Ladite conférence, poursuit-il, «aura entre autres à dégager une commission d’enquête indépendante, qui traitera toutes les affaires et dossiers, non seulement de corruption, mais de sang aussi, de 1988 à aujourd’hui».

C’est ce que le conférencier appelle «une justice de transition» qui va préserver la période de transition pour aller à «une rupture réelle avec le système». Pour ce qui est de l’encadrement du mouvement, le coordinateur du mouvement démocratique et social (MDS) estime qu’«il est déjà très bien encadré par le niveau de conscience exprimé par la société depuis le début du mouvement populaire. Cette conscience doit déboucher sur une organisation». Le cadre du MDS dira par ailleurs refuser de qualifier cette dynamique populaire de «Hirak», estimant que «ce mot est mitigé» comparé à l’ampleur de ce qu’il considère comme «une révolution».

«On est en train de découvrir la pratique démocratique et il ne faut pas s’inquiéter», ajoute-t-il, «à condition de rester dans la lutte pacifique et de bannir la violence». Le conférencier a expliqué en outre que «les débats qui nous divisent doivent être mis de côté, ils seront pris en charge dans le cadre d’un Etat de droit». Expliquant l’origine de ce mouvement, Fethi Ghares n’a pas hésité à faire le lien entre les événements de 1988 et ceux de 2001 : «La révolution de 2019 est à la fois la consécration des acquis de 1988 et 2001 et la correction des erreurs de ces deux mouvements.

C’est une situation inédite où le peuple joue le rôle de l’avant-garde. Il a libéré l’élite et dicte et impose sa vision de l’Algérie de demain». En réponse à la question attenant à une probable menace islamiste sur l’Algérie de demain, le responsable du MDS a tranché, en plaidant pour la séparation du religieux de l’Etat, tout en niant l’existence de cette menace : «En 1988, le FIS était l’expression d’une radicalité exprimée dans la société. Le FIS lui a donné une couverture idéologique. Dans le rapport de force de l’époque, la démocratie n’était pas mise au devant de la scène. Les revendications étaient plus sociales, contre la Hogra», explique-t-il.

Et d’enchaîner : «On n’est pas dans le même cas de figure aujourd’hui, le peuple est unanime sur la démocratie et sur les élections comme unique voie pour exprimer cette démocratie. Je n’entends plus les slogans d’antan». Toujours dans le même sillage et s’exprimant sur la dernière polémique des réseaux sociaux à propos du leader du FIS enterré avant-hier, le coordinateur du MDS n’a pas hésité à le désigner «d’un des architectes de la décennie noire».

Kamela Haddoum.

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