Yahiaoui Hamiche, plus connu sous le nom de Hamiche Ouyahia, fut l’un des premiers maquisards de son village à rejoindre le maquis et à intégrer les rangs de l’ALN en mars 1955. Ce martyr de la Révolution est originaire du plus ancien et plus important village de la tribu Imchedallah, « Ath Yevrahim ». Durant les années de la guerre de libération nationale, il a tenu la dragée haute aux militaires du colonialisme et les brigades des goumiers de l’ex commune mixte de Maillot.
Natif donc du village Ath Yevrahim le 08 décembre 1923, il fréquenta l’école indigène de Vadhis jusqu’au niveau de cours fin d’études, équivalent du certificat d’étude primaire à la fin des années 1930. Il émigra en France en 1947 où il commença à militer au sein du PPA/MTLD et revient au pays en 1950 pour continuer son militantisme auprès de son oncle maternel HADDAD Akli, dit « Chapeau » du village Ath Ali Outhemim.
Ce dernier avait déjà installé plusieurs cellules du FLN à travers la région. Hamiche joua le rôle de secrétaire de son oncle et participa activement à la préparation du déclenchement de la guerre de libération du 1er Novembre 1954 en repérant et recensant les cibles sur lesquelles seront dirigées les premières actions armées de l’ALN et en collectant les armes et les cotisations. Il fut l’un des premiers maquisards de son village à rejoindre le maquis et à intégrer les rangs de l’ALN en mars 1955.
Avant cette date, il a pris part aux réunions tenues en septembre 1954 qui ont regroupé des citoyens de tous les villages de la tribu Imchedallen. Ces réunions étaient organisées par Chapeau alors responsable organique du FLN au lieu dit Taydha Lemsara, actuel chef-lieu de commune de Saharidj qui était à l’époque le lieu traditionnel des assemblées générales de la tribu au niveau duquel fut aménagé le cimetière d’Imchedallen. Le responsable organique a durant cette réunion procédé au recrutement de futurs maquisards dont fait partie Hamiche qui s’est porté volontaire comme plusieurs dizaines de jeunes de la région.
Le prix d’un engagement
Aussi, les responsables de l’ALN commencèrent à lui confier des missions de reconnaissance du terrain et la préparation des actions armées, attentats contre les forces coloniales et aussi organiser des actes de sabotages contre les infrastructures dont se servaient les forces coloniales tels que les routes goudronnées, les lignes électriques et téléphoniques, la destruction et saccage des fermes d’Oughazi appartenant aux colons.
Rien que l’évocation de son nom faisait trembler. Ces actions étaient encadrées par plusieurs officiers de l’ALN tels que Abderrahmane Mira, le lieutenant Si Lahlou, et l’officier Afdhis. La maison familiale située à Mekhchem au village Ivelvaren qu’il utilisa comme refuge avec ses groupes de volontaires fut incendiée en septembre 1956 sur dénonciation d’un collaborateur.
Son père fut arrêté et incarcéré à la prison de Beni Mansour durant 09 mois sachant que lui aussi a été donné par ce collaborateur qui signala aux services de renseignements du 2eme bureau tenu par le sinistre lieutenant Gorge qu’il réparait les armes des maquisards dans sa forge située dans la ville de Maillot, actuel chef-lieu de commune de M’chedallah. Sa mère aussi fut atrocement torturée pour lui arracher des renseignements.
Hamiche Ouyahia loin de céder à la pression exercée sur sa famille redoubla d’activités à tel point que son nom était évoqué dans toute action armée menée par les valeureux maquisards contre les forces coloniales de la région; ce qui amena l’armée française à incendier leur 2eme maison au village Ath Yevrahim en mars 1957 à titre de représailles. Immédiatement après le congrès de la Soummam, il fut promu au grade de sergent chef.
Libéré, son père fut arrêté une seconde fois durant l’opération Bigeard le 20 juin 1957. Il décéda sous la torture avec 58 autres martyrs victimes d’une exécution sommaire au PC du sinistre Bigeard implanté à Saharidj pour la circonstance. Les cadavres furent enterrés dans une fosse commune au cimetière Taydha Lemsara. C’est durant l’opération Challe que Hamiche Ouyahia tomba au champ d’honneur le 12 mars 1960 au lieu dit Ichiker à proximité de Amara avec trois de ses compagnons : AHMANACHE Amar, HOCINE Ahcene, et ABBAS Hamiche.
Ce sont les quatre derniers maquisards du village Ath Yevrahim. La mort retentissante de Hamiche Ouyahia bruyamment fêtée par les militaires et colons français de la région a été rapportée par le journal «la Dépêche d’Alger» du 15 mars 1960. Notons enfin que la piscine semi-olympique de M’chedallah a été baptisée au nom de ce valeureux martyr.
Oulaid Soualah