La démarche politique commence mal pour le panel devant mener le dialogue national inclusif. Trois personnalités, parmi les 23 citées avant-hier pour être associées au panel, ont refusé de participer.
«L’appel de la patrie» lancé avant-hier au terme de la réunion du panel, présidé par Karim Younes, a enregistré, hier, les premiers refus d’adhésion. L’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche a renvoyé le groupe vers sa déclaration d’avril dernier dans laquelle il a clarifié sa position vis-à-vis de la scène politique. «Je souhaite rappeler aux honorables membres du panel et des forums, ma déclaration du 18 avril dernier où j’indiquais que je ne serais pas candidat à d’éventuelles instances de transition ou élection», a rappelé l’ancien chef du gouvernement dans un communiqué rendu public hier.
Il considère que «le mouvement unitaire et pacifique du peuple a, depuis le 22 février dernier, neutralisé, momentanément, une série de facteurs de déstabilisation et stoppé d’imminentes menaces». Néanmoins, Mouloud Hamrouche reste alarmiste et rappel les menaces qui guettent l’Algérie dans sa stabilité : «Ces menaces n’ont pas disparu pour autant et sont toujours en gestation», avertit-il.
Pour Hamrouche, «il revient à ceux qui sont aux commandes d’agir, de répondre au «Hirak» et de mobiliser le pays pour lui éviter les pièges d’un chaos». La seconde personnalité nationale à refuser de répondre à l’appel des six, est l’avocat Me Mokrane Aït Larbi. Dans un communiqué rendu public, l’avocat précise: «Sur le principe, le dialogue est un moyen de rapprocher des opinions dans le but de régler des crises. Mais le seul objectif de ce dialogue tracé par le pouvoir ne dépasse pas la préparation de l’élection présidentielle», a-t-il écrit.
Posant des préalables à la réussite de toute démarche de dialogue, Mokrane Aït Larbi considère qu’ «aucun dialogue, quels que soient ses objectifs et sa composante, ne peut aboutir avant la prise par le pouvoir de mesures d’apaisement tangibles et des garanties suffisantes de respect des droits et des libertés». C’est ainsi que Me Aït Larbi revient, dans son communiqué, sur des préalables qui ne diffèrent pas pour autant de celles posées par le panel au chef de l’État lors de la rencontre de jeudi dernier. Il s’agit notamment pour Me Aït Larbi de la «libération inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion, la cessation du bâillonnement des libertés publiques individuelles et collectives et de la violation des droits de l’Homme, prévus dans le pacte international ratifié par l’Algérie et inséré dans son droit positif». «Interdire l’usage de la violence par les organes de sécurité contre les manifestants pacifiques et la prise de mesures disciplinaires et pénales contre les agents et leurs officiers qui recourent à la violence sans motif légal et le respect de la libre circulation et la levée du quadrillage injustifié de la ville d’Alger tous les mardis et vendredis», sont également parmi les conditions que pose Aït Larbi.
Aussi, ce dernier revendique «l’exclusion de tous les symboles de la corruption issus du système», «la levée de l’interdiction de l’emblème berbère», et «l’ouverture des médias au débat libre et contradictoire». En fin, l’ancien sénateur démissionnaire du tiers présidentiel est convaincu de l’impossibilité d’envisager un dialogue «dont les règles sont dictées par le pouvoir».
La troisième personnalité nationale à rejeter «l’appel de la patrie» lancé le panel, est Drifa Ben M’hidi, sœur du chahid Larbi Ben M’hidi. «Je ne suis pas concernée par cet appel car je n’ai aucune ambition politique», a-t-elle déclaré au site Sabq-Press. «Je refuse catégoriquement de répondre à cette invitation et je n’accepte aucune invitation de quelques parties qu’elles soient», a tranché la sœur de Larbi Ben M’hidi, suggérant de donner la chance et l’occasion aux jeunes qui aspirent au changement pour lequel ils se sont levés.
M. A. T.