Dehsa, une localité qui renaît

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En contrebas de la forêt de Beggas, connue pendant la dernière décennie pour l’insécurité qui y règne, le douar Krarib domine par son plateau l’agglomération de Aomar située à quelque six kilomètres au sud-est. La route qui y mène, serpente sur les flancs de collines incurvées cultivées en céréales. Etroit, parfois cahoteux, le chemin semble s’allonger indéfiniment jusqu’au piémont verdoyant composé de maquis et de forêts en voie de régénération. Lorsqu’on dépasse le collège d’enseignement moyen, une belle infrastructure qui donne vie à ces mornes champs alentour, les premières maisons de Dehsa apparaissent le long d’un chemin fluet qui, après quelques centaines de mètres, va se poursuivre par une piste à forte pente. Les demeures implantées dans cette bourgade de quelque trente foyers sont un mélange de vieilles bâtisses rattrapées par la patine du temps et de maisons modernes où le béton est roi.L’économie locale orientée principalement vers l’agriculture a commencé à connaître ses limites au début des années 1990 lorsque les rendements céréaliers ont dramatiquement baissé suite à la sécheresse. Les quelques îlots d’oliveraies ne pouvaient pas peser grand-chose dans la balance. Le chômage qui a frappé les foyers de Dehsa a envoyé ses enfants chercher le travail ailleurs, à commencer par le chef-lieu de commune, Aomar. Une retenue collinaire d’une capacité d’environ 20.000 m3 installée au début des années 1980 au nord-ouest du hameau ne semble pas jouer totalement son rôle du fait que les propriétaires des terres situées en aval ont déserté les lieux suite à l’insécurité qui y a fait son apparition à partir de 1995. C’est sur la base de renseignements et statistiques fort préoccupants que les services de l’agriculture et des forêts ont conçu un projet de développement de proximité rural dans cette région, à partir de 2003. Ce projet, composé de plusieurs actions agricoles, hydrauliques et de protection des sols, a pour objectif d’aider les populations locales à ameliorer leur niveau de vie par la création d’emplois permanents et temporaires,d’encourager les habitants qui ont fui leurs foyers à revenir au bercail, de désenclaver le territoire par l’ouverture des voies de desserte et de lutter contre l’érosion des sols.Les premières actions réalisées ont donné des résultats probants : la plantation de 11 hectares d’oliviers a créé une activité dont les dividendes ne tarderont pas à être perceptibles. Les bénéficiaires de cette plantation s’adonnent actuellement aux travaux d’entretien (binage et arrosage) pour donner toutes leurs chances aux arbres de prospérer. De même l’aménagement d’un point d’eau (captage de source et construction de bassin) a été d’un apport certain pour l’alimentation des foyers en eau potable. Muni des commodités nécessaires (bassin de stockage, robinets, déversoir le trop-plein, dalle de couverture et trappe de visite); cet ouvrage remplace l’ancienne source sauvage dont les eaux étaient disséminées dans la nature.Le projet a aussi fourni aux populations de Dehsa des modules d’apiculture pour lancer la production de miel dans la région. Les opérations en cours sont relatives à la construction de demeures rurales avec un soutien de l’Etat évalué à 500.000 DA l’unité. De même, une piste agricole est prévue pour désenclaver les quartiers et les lopins de terre disséminés ça et là. Les travaux de corrections torrentielles ont ciblé les terres agricoles menacées par l’érosion. Pour cela, des seuils en pierres sèches ont été bâtis sur les petits affluents dont les berges ont commencé à être rongées par les pluies, phénomène accentué par la pente et la texture argileuse du sol.Vu le caractère intégré du projet de proximité de Dehsa et sa cogestion efficiente menée par les services de l’agriculture et des forêts en coordination avec le représentant de la population (appelé dans les textes fondateurs du projet Animateur), il constitue un exemple d’intervention en milieu rural permettant d’asseoir une dynamique de développement basée sur les potentialités locales, le savoir-faire des populations et la gestion décentralisée des programmes.

Amar Naït Messaoud

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