« Un fauteuil roulant électrique 18 volts SVP ! »

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«Que peut faire un handicapé-moteur sans un fauteuil roulant électrique performant ? Peu de choses», nous dira monsieur Ould Matouk, un paraplégique cloué dans son fauteuil roulant de faible puissance que des proches l’ont aidé à payer, il y a quelques années. «Ma vie a basculé le jour où je suis tombé d’un cerisier», ajoutera-t-il. Malgré son handicap, il continue de vivre comme il peut, avec un fauteuil qui ne peut le mener très loin, étant donné que ses batteries ne sont pas assez puissantes. Heureusement que des âmes charitables consentent à les lui recharger quand il passe chez elles. Habitant le village de Baqalem, il lui est indispensable de sortir chaque matin, «pour éviter de mourir d’ennui entre quatre murs», nous explique-t-il. «L’autonomie de mon fauteuil, muni de batteries de douze volts, ne me permet pas d’aller plus loin qu’à Aïn El Hammam ville, soit moins de quatre kilomètres». Il nous montrera un paquet dans lequel il a mis un chargeur de batterie qui ne le quitte jamais. «Si le courant est coupé à mon arrivée, je suis obligé de chercher quelqu’un qui aurait l’amabilité de m’aider à rentrer chez moi par d’autres moyens», nous expliquera-t-il encore. Il semblerait, d’après notre interlocuteur, qu’on ne fournit des fauteuils de la puissance de dix-huit (18) volts qu’aux tétraplégiques. «Or, même si leur handicap est plus accentué que le mien, j’ai le droit, moi aussi à un minimum de confort et de réconfort pour m’aider à supporter mon isolement. Je suis souvent seul sur les routes mais je ne change pas d’itinéraire comme je le voudrais de peur que ma batterie ne se décharge», nous confiera-t-il. Avec une batterie plus puissante, il pourrait en effet se permettre des virées au-delà de la ville. Sans autonomie, il ne peut prendre ni un fourgon de transport ni un taxi. «Je suis condamné à regarder chaque jour le même paysage, dont je connais les moindres détails. Je voudrais en découvrir d’autres, m’éloigner un peu de ces sentiers battus», ajoutera-t-il. Pour le moment son horizon ne dépasse pas les quelques centaines de mètres qu’il arpente chaque jour, entre le domicile de ses parents et le lieu dit «Ahechad». S’en remettant à nous, il espère que son cri sera entendu et qu’il pourra enfin bénéficier d’un fauteuil roulant de dix-huit volts, son rêve.

A.O.T

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