Création en vue d’une association de fils de chouhada

Partager

Les fils de chouhada se sont réunis, mercredi passé, à la bibliothèque communale d’Iferhounène, en vue de la création d’une association sociale des fils de chouhada de la daïra d’Iferhounène, issus des trois municipalités la constituant, à savoir Illiltène, Iferhounène et Imsouhal.

Selon les organiseurs, c’est une association à caractère sociale, indépendante de tout esprit régional, partisan, religieux ou racial qui activera sous l’égide de la Fédération nationale des fils de chouhada (FFC), mais qui restera à l’écoute de leurs frères activant dans les autres associations. Cette association a pour seul et unique intérêt la défense des droits de cette catégorie de la famille révolutionnaire délaissée par les pouvoirs publics, notamment la tutelle. Leurs mères n’avaient-elles pas sacrifié leur jeunesse en occupant des postes de boniches dans les administrations d’une Algérie indépendante, soumises parfois à des harcèlements de la part même des frères d’armes de leurs maris avec lesquels ils avaient partagé le pain froid des maquis pour élever leurs enfants ? Et ce après tous les sévices que ces malheureuses avaient subies, comme exactions sommaires et tortures pour dénoncer leurs maris ou leurs compagnons de lutte à l’armée coloniale, pour se retrouver aujourd’hui, elles et leurs enfants, comme des laissés pour comptes, pendant que les autres jouissaient des acquis de la révolution en toute impunité. Par conséquent, ces fils de chouhada déplorent leur exclusion des commissions locales, à priori celle chargée de la baptisation des sites à la mémoire des martyrs de la guerre de libération nationale, dont pourtant ils s’estiment les premiers concernés par ces programmes, ainsi leur écart des commissions de répartitions des logements à caractères sociaux et des lots de terrains à bâtir…etc.» Ces fils de chouhada exigent également que les hommages soient rendus à tous les martyrs tombés au champ d’honneur et non seulement aux officiers et aux responsables, étant donné «qu’ils se sont tous sacrifiés pour la libération du pays», ont-ils notifié. Par ailleurs, ils rejettent la loi du chahid et du moudjahid que certains qualifient de loi à semer la discorde entre les fils d’une même famille, privilégiant les uns au détriment des autres. Car, argumentèrent-ils, «le sang versé par l’un ne vaut pas plus que celui versé par l’autre». À cet effet, ils exigent l’instauration d’une pension mensuelle à tous les enfants de chouhada, comme ils demandent aussi l’octroi de statut de moudjahida à toutes les veuves de chouhada, car il ne put y avoir de moudjahid sans l’aide de son épouse, ainsi que l’attribution de licences d’importations de véhicules de tourisme à tous les ayants droits de chouhada. D’ailleurs, certains n’ont pas hésité à fustiger ceux qui avaient exclu cette partie de la famille révolutionnaire de bénéficier de ces droits qui ne sont pas à leurs yeux des privilèges. D’autres parts, ils exigent des pouvoirs publics, notamment du ministère des moudjahidine, la comptabilisation des sept ans et demi de guerre comme années de travail ainsi que l’élargissement de l’indemnité des deux catégories à tous ceux qui ne les avaient pas reçues à ce jour, et ce à partir de la promulgation de cette loi en 1999. Dans le cas contraire, diront-ils, «chacun de nous constituera un dossier à titre individuel pour ester le ministère des Moudjahidine en justice, car réellement nous n’avons rien gagné du sacrifice de nos parents, à l’exception de l’étiquette de dévoreur de l’argent du trésor public que certains harkis et leurs fils voudraient nous coller au dos», s’insurgea-t-on. Cependant, ces fils de chouhada accordent une importance particulière au côté immatériel, notamment l’écriture de l’histoire. D’ailleurs et à ce sujet, l’un d’eux dira : «C’est malheureux qu’une région comme la nôtre, qui a donné plus de 1600 martyrs reconnus en plus de 600 autres tombés en dehors de la région, dont nous avons retrouvé les traces à travers l’ensemble du territoire national, n’est pas représentée au musée régional du moudjahid. Cela est une atteinte à la mémoire de ces derniers et l’histoire nous jugera un jour, car nous sommes leurs dignes héritiers. Ils nous apparient à nous et à nous seuls d’écrire l’histoire de nos glorieux martyrs et personne ne viendra l’écrire à notre place. Et pour cela, nous devons nous mobiliser dès maintenant à collecter des témoignages auprès de ceux qui ont vécu la guerre, des photos, des armes, des habits ou tout autre objet ayant servi dans la révolution pour l’exposer au musée du chahid de la wilaya de Tizi-Ouzou qui serviront à l’écriture de la véritable histoire de notre région, telle qu’elle a été faite et non comme la voulaient certains ‘falsificateurs’». Pour conclure, les congressistes dénoncent ceux qui s’en prennent à l’emblème national, aux monuments des martyrs, mais aussi à ceux qui insultent les membres de la famille révolutionnaire, notamment en prenant la défense des malheureux moudjahidine usés par la maladie et l’âge que certains n’hésitaient pas à qualifier de moudjahidine de la poste. En revanche, ils appellent à l’unité des rangs et à la préservation des symboles et les acquis de la révolution, tout en appelant à la vigilance et à l’éveil de tout un chacun afin de déjouer toute tentative quant à l’image de ces acquis.

A.M.

Partager