Les habitants de Mahbouba ne lâchent pas prise

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Comme signalé dans notre édition précédente, les habitants du village Mahbouba (village socialiste agricole) semblent ne pas vouloir lâcher prise et déterminés à aller jusqu’au bout de leurs revendications.

En effet, les contestataires ont maintenu pour la seconde journée (celle de jeudi) le siège de l’APC fermé au grand dam des habitants de la commune de Timizart. «Assurément, cela nous cause un énorme préjudice. Pour pouvoir régler l’acte de mariage de mon fils, j’ai dû me déplacer vers la mairie de Freha avec tout ce que cela suppose comme dérangement pour ma famille et celle de la fiancée de mon fils. C’est tout simplement intolérable !», nous dira ce père furieux de reporter le rendez-vous pris pour l’officialisation de l’acte de mariage de son fils pour une autre journée et ailleurs. Mais, dans ce dialogue de sourds où chacune des deux parties, à savoir les représentants de l’administration et les représentants du comité du village Mahbouba, est convaincue d’être dans ses droits, tout semble être présent sauf la raison. «On aurait pu dégager un compromis dès les premières heures qui ont suivi la fermeture du siège de l’APC, à travers un dialogue de fond à même de tracer une stratégie commune entre les deux parties qui permettra de régler les problèmes du village à terme, et rouvrir la mairie aux citoyens dans de brefs délais», nous confiera un autre citoyen, lui aussi affligé par ces fermetures à répétition de la mairie de la commune de Timizart. Mais pour I. Rachid qui connait bien la situation puisqu’il est militant dans le parti du rassemblement pour la culture et la démocratie et plusieurs fois élu, ce pourrissement est dû au manque d’anticipation de la part des différentes équipes qui ont pris en charge les destinées de la commune de Timizart, depuis les années 70 à ce jour. Selon notre interlocuteur, Mahbouba est l’image même d’une gestion ratée des possibilités qu’offrait à l’époque sa construction. En effet, le village Mahbouba peut se targuer de posséder des potentialités énormes qui plaident pour son essor sur tous les plans (économique, social et culturel), d’abord par le choix de son implantation ô combien stratégique. Mahbouba, en effet, est à équidistance entre Tikobaine, chef-lieu de la daïra d’Ouaguenoun, et Souk El Hed, chef-lieu de la commune de Timizart. Le village est à proximité de la route nationale 174 qui relie les deux pôles (Timizart et Tikobaine) et à quelques encablures du barrage qui alimente les terres agricoles des riches plaines juxtaposant le village. C’est dire tous les atouts dont jouit Mahbouba en plus du fait d’être implanté dans une zone au relief peu accidenté donc propice aux grands travaux de croissances. À cela s’ajoute qu’il est le seul village conçu selon une topographie moderne (routes, bordures de routes bien tracées selon un plan bien établi au préalable) et doté d’infrastructures de base comme la salle de soins, la salle de spectacle, l’électrification, école primaire, etc. Autant d’acquis qui auraient dû inciter les différentes équipes ayant dirigé la commune d’exploiter ces avantages pour une émancipation tout azimut de Mahbouba et en faire un pole à la fois économique et culturel capable de tirer vers le haut le reste des villages de toute la commune. Avec ce recul, on ne peut que regretter, au vu de toutes ces potentialités que recèle le village, de ne pas l’avoir choisi comme chef-lieu de commune et comme axe autour duquel graviteront toutes les actions tendant à la modernisation future de la municipalité de Timizart. Quoi qu’il en soit, avec le temps, le village Mahbouba n’a pas cessé de mourir de sa petite mort. À la périphérie de la commune, il croule sous l’effet de l’abandon. Les belles ruelles d’antan et les trottoirs ne sont plus qu’un souvenir éteint. Les façades des maisons lézardées gémissent sous l’indifférence des passants. Ici et là sont éparpillés des amas des gravats de certaines battisses détruites. Les infrastructures ternes donnent la sinistrose. Ce qui fera dire à un citoyen : «Le fatalisme y trouve son vissage au niveau de Mahbouba. C’est une agonie qui ne dit pas son nom. Et la misère tant sociale que culturelle y trouve son gite en son sein». Toujours est-il que pour le moment, aucune solution ne semble se dessiner pour débloquer la crise entre les représentants du village et l’administration locale. Chose qui risque de faire durer la fermeture de la mairie et pénaliser ainsi toute une population pendant des jours et des jours encore.

A.S. Amazigh

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