Les abstentionnistes ne répondent pas

Partager

Le sondage des électeurs lancé par le ministère de l’Intérieur ne s’étant pas déplacés en mai dernier aux urnes, lors des élections législatives n’intéresse décidément pas énormément de monde. En effet, après l’analyse des taux de participation, lesquels n’ont pas atteint les 30% dans certaines wilayas, les bureaux chargés de l’organisation des élections ont transmis à tous les électeurs ayant boudé les urnes, un questionnaire axé notamment sur le motif de cette abstention. Même dans les plus petites communes, pas moins de trois mille lettres recommandées ont été envoyées aux citoyens. “Avez-vous changé de domicile ?” telle est la question posée accompagnée d’un texte explicatif, dans lequel est expliqué l’acte de vote qui n’est autre qu’un droit, même plus un devoir, d’exercer sa citoyenneté. Malheureusement, nous dira un chef de service de la réglementation au niveau d’une municipalité de la daïra de Draâ El Mizan, sous couvert de l’anonymat, à ce jour, le nombre de personnes qui se sont manifestées à son bureau reste insignifiant. “Les autorités savent pourquoi les citoyens ne votent pas. Il ne faut pas chercher la réponse comme une aiguille dans une botte de foin” dira cet animateur de la société civile en ajoutant : “Il y a une démobilisation totale de l’électorat qui sait pertinemment bien que les élections ne changent rien. Surtout quand il s’agit des députés”.

De notre côté, nous avons approché des jeunes n’ayant pas voté. “Est-ce que les élections vont changer quelque chose dans notre quotidien ?”, nous demande, Hamid, ingénieur au chômage. Et de donner son avis : “La réponse à la question posée dans ce sondage est claire. Il suffit aux hommes qui nous gouvernent de voir le nombre de harraga repêchés en Méditerranée pour déduire que rien ne va dans ce bled. Voter ou ne pas voter, c’est du pareil au même, c’est kif kif”. A en croire les chefs de bureaux des élections au niveau de nombreuses municipalités de la wilaya, rares sont les personnes ayant changé de lieu de résidence. Donc, la solution est à chercher ailleurs. D’ailleurs, la révision exceptionnelle des listes électorales sera lancée dès ce lundi. Dix jours après, nous saurons exactement le nombre de nouveau inscrits ainsi que celui des radiés. Pour les acteurs de la scène politique, si le Code communal changeait comme le souhaiteraient les partis de la Coalition gouvernementale, le taux de participation aux Locales du 20 novembre prochain risquerait d’être encore revu à la baisse. Ce sera ainsi un autre discrédit de toutes les élections organisées en Algérie.

Amar Ouramdane

Partager