Spéculation autour du ciment

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La crise qui affecte les matériaux de construction, particulièrement le ciment, persiste en dépit d’une batterie de mesures prises par les autorités à l’effet de battre en brèche la pratique spéculative qui, faut-il le souligner, est devenu un sport national par excellence.

La flambée des prix du ciment a été constatée chez tous les revendeurs de détail installés dans la région d’Ouzellaguen.

Une hausse que d’aucuns imputent en partie à une forte demande saisonnière observée cycliquement à l’approche de chaque été chez les autoconstructeurs.

“C’est hallucinant, ces vagues successives d’augmentation qui ont fait bondir le sac de ciment de 380 DA à 650 DA en quelques mois seulement”, fulmine Hamid H., un autoconstructeur du village Laâzib qui a été, avoue-t-il, contraint de mettre son chantier à l’arrêt en attendant des jours meilleurs.

“A l’inverse des entrepreneurs qui ont la possibilité de s’approvisionner au niveau des cimenteries au prix sorti d’usine, nous les autoconstructeurs, sommes réduits à subir le diktat des revendeurs qui affichent des prix dépassant tout entendement”, tonne un autre citoyen de Boutagout, un hameau situé à la sortie de la ville d’Ighzer-Amokrane. Interrogé sur ce sujet, un revendeur de matériaux de construction installé au village Chikhoune, s’est voulu évasif : “On suit la tendance”, s’est-il contenté de nous répondre. Son collègue établi à quelques centaines de mètres plus loin ne sera pas plus discret : “La loi du marché”, assène-t-il, laconique, comme pour ne pas briser la loi de l’omerta qui semble régenter une activité sur laquelle pèsent de forts soupçons d’irrégularités. “Je suis allé, il y a une dizaine de jours, acheter des sacs de ciments et quelle ne fut ma surprise quand, au moment d’embarquer la marchandise, le commerçant m’a conduit vers un dépôt, une espèce de cachette, située à quelques centaines de mètres de son lieu de commerce”, rapporte attéré, un citoyen d’Ouzellaguen. Les échos de la vox populi font état, en effet, d’une somme d’entorses et de pratiques commerciales frauduleuses : spéculations, vente sans factures, impostures…

Un trafic de grande échelle qui a mis la puce à l’oreille aux services de la répression des fraudes dont une récente descente inopinée a conduit, nous informe-t-on, à la sanction de quelques contrevenants.

Les fortes amendes impliquées sont-elles pour autant suffisantes pour venir à bout de tout un réseau maffieux, une pieuvre aux milles tentacules ? Rien n’est moins sûr !

N. Maouche

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