«L’Algérie est devenue une grande salle d’attente»

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Karim Tabbou, porte-parole de l’UDS, a animé une conférence-débat, jeudi dernier, au niveau de la localité de la Crête-Rouge. Devant une assistance nombreuse, l’orateur a, d’emblée, enclenché son discours par rendre hommage d’abord à la frange juvénile qui a intercédé à la dérive d’un cinquième mandat et continue à le faire par réclamer le départ du système politique en place.

Puis, aborde la question de l’heure en survolant pratiquement tous les événements ayant trait à cette révolution qui est à son quatorzième vendredi. «Depuis le 16 février dernier, notre pays est entré dans une phase exceptionnelle, celle d’un mouvement populaire où des millions d’Algériens réclament un changement radical du mode de gouvernance, et de plus d’une manière pacifique inégalée.» Pour l’orateur, «les causes essentielles ayant provoqué ce sursaut résident dans l’entêtement du Pouvoir à se maintenir en place contre la volonté populaire.

On nous a préparé un cinquième mandat d’un président malade.» Et c’est justement, enchaîne le conférencier, «la goutte qui a fait déborder le vase pour que des marches et autres manifestations soient organisées d’une manière systématique pour réclamer le passage vers une étape de transition à l’effet de garantir et d’asseoir les institutions de l’État sur des bases solides fondées sur une loi fondamentale consensuelle qui garantira les libertés individuelles et collectives des Algériens.»

Connu pour son franc-parler, Tabbou n’a pas ménagé le pouvoir en place auquel il endosse l’entière responsabilité de l’état dont se retrouve l’Algérie en disant : «Nous sommes la quatrième puissance en matière de ressources énergétiques, un vaste pays et une côte de plus de 1200 km, mais la mauvaise gestion fait que nous occupons le bas de l’échelle derrière des pays pourtant pauvres.» Tout cela, selon Karim Tabbou, «est du ressort de ceux qui nous gouvernent depuis 1962 où l’indépendance a été confisquée par le clan de Oujda dont l’âge dépasse pour beaucoup d’entre eux les quatre-vingts ans.»

Durant son allocution, le porte-parole de l’UDS, non agréé a évoqué les stratégies adoptées par ce pouvoir pour pérenniser son règne en se basant, en premier lieu, sur la légitimité révolutionnaire à l’effet de faire barrage aux jeunes compétences de faire valoir leurs talents dans les différents domaines. D’ailleurs, souligne-t-il, «même en ces temps des grands changements basés sur l’informatique, nos dirigeants continuent à user de leurs pratiques usuelles que l’état actuel range dans les calendes grecques.»

Puis, pour contenir la rue et avoir le contrôle sur la société, ces mêmes responsables, ajoute Tabbou, renforcent les institutions sécuritaires. Le chantage interviendra par la suite selon des pratiques qui font de l’Algérie «une grande salle d’attente». L’orateur motivera son parallèle par le fait que le citoyen se trouve malgré lui en train d’attendre tout ce qu’il demande : le logement, le poste d’emploi, un rendez-vous médical… Enfin, ces trois modèles de gestion finiront, selon Tabbou, par engendrer la corruption qui a gangrené la société tout en prenant soin de mieux «gérer» le dossier du régionalisme à l’effet de créer un fossé entre les Algériens.

Dans un autre registre, le conférencier a abordé l’épineux problème évoqué par le vice-ministre de la Défense nationale, à savoir, le vide constitutionnel que pourrait provoquer le report de l’élection présidentielle du 04 juillet prochain. Sur ce, il dit : «Nous vivons le vide constitutionnel depuis la maladie du président Bouteflika. Cette constitution a subi un nombre de violations supérieur à celui de ses articles.» Néanmoins, enchaîne l’orateur, «ce maintien de l’élection présidentielle ne fait que pérenniser le pouvoir qui a ruiné le pays et l’a vidé de ses substances. Je lance un appel pour une grève générale le 4 juillet prochain et des manifestations à travers toutes les régions du pays.»

Smail M.

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