Le gland, un fruit à valoriser

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Contrairement à la récolte des cerises qui a été quasi nulle, cette année, celle des olives s’annonce des plus prolifiques, au grand bonheur des oléiculteurs. Les paysans, qui se rendent dans leurs champs ignorent, cependant, un autre fruit, un don de la nature, auquel on n’accorde aucune importance. C’est à peine, en effet, si l’on remarque «ces tapis» de glands sur les champs et les routes des régions montagneuses.

A Aïn El Hammam, la nature a été généreuse avec le chêne, lequel occupe des espaces beaucoup plus importants que les oliveraies. «Si l’on devait récolter tous ces glands, ce serait par camions entiers qu’on les ramènerait des champs», a souligné un paysan qui en ramasse chaque jour pour nourrir ses bêtes. Vendus dans les rues de la ville, les glands se ramassent gratuitement dans les régions d’Aïn El Hammam, où des forêts de chênes occupent une grande superficie. Mais la plus grande partie de cette production, qui nourrit les bêtes sauvages, est vouée au pourrissement avant la fin de l’hiver.

Et pour cause. Peu d’agriculteurs se donnent la peine de ramasser les glands pour nourrir leurs bêtes. «Le gland est de loin, le meilleur aliment du bétail. La chair des bêtes qui s’en nourrissent est de qualité supérieure. D’ailleurs, il est bien connu que les habitants de la région aiment acheter pour l’Aïd des moutons ayant mangé du gland», ont tenu à préciser les paysans. A cet effet, les éleveurs de bovins et d’ovins de la région ne devraient pas négliger ce produit mis gracieusement à leur disposition par la nature et qu’ils peuvent substituer à l’aliment truffé de produits chimiques qu’ils paient au prix fort.

Quant aux habitants d’Aïn El Hammam, ils mettent ces fruits succulents qu’ils ramassent sur les bords de la route dans les poches et les grignotent comme des cacahuètes. En tout cas, même s’il ne rivalise pas avec les olives, les figues ou les cerises, le gland du chêne peut s’avérer une richesse insoupçonnée s’il est valorisé. Riche en minéraux et en vitamine C, d’index glycémique bas, il faut savoir que ce fruit, largement consommé par nos ancêtres, commence à reprendre sa place dans l’alimentation des habitants de la région. Dans certaines familles, le couscous ou la galette de gland redevient à la mode.

A noter qu’un restaurant de la ville servait, il y a quelques temps encore, du couscous de gland chaque vendredi. «Pour répondre aux besoins alimentaires de la population mondiale croissante, qui s’élève à plus de 7 milliards de personnes, utiliser de nouvelles sources alimentaires nutritives et écologiques pourrait s’avérer indispensable. Le gland – fruit du chêne – commence à susciter de l’intérêt, en tant que source alimentaire alternative, et pourrait faire son retour dans notre cuisine», selon un article publié sur le site Scientific American.

Ainsi, le gland remplit un certain nombre de critères, qui correspondent aux nouvelles exigences alimentaires du monde occidental : la recherche de nourriture provenant d’une source locale, de plantes sauvages comestibles, l’envie de consommer des produits nouveaux et exotiques, le besoin d’aliments sans gluten… Il peut également être considéré comme un produit alimentaire «écologique». «Le chêne n’a pas besoin de contribution massive en eau, ni engrais, ni pesticide, ni pratique agricole», d’après le magazine «La Nutrition».

A. O. T.

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