Le gouvernement Bedoui décrié !

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Pour le 11ème vendredi de marches populaires et le dernier avant le mois de Ramadhan, des milliers de manifestants ont poursuivi leur mobilisation pacifique pour exiger le départ du système. Ni les dernières déclarations du chef d’état-major, Gaïd Salah, ni l’audition par la justice de l’ex-Premier ministre et de l’ancien DGSN n’ont absorbé la volonté populaire d’exprimer, à gorges déployées, le désir d’en finir avec le système mis en place depuis 1962.

C’est de toutes les communes de la wilaya que les citoyens sont venus scander à Bouira-centre des slogans hostiles au pouvoir. Peu après la fin de la prière du vendredi, des centaines de fidèles, brandissant pancartes, banderoles et drapeaux, ont rejoint la marche qui s’était mise en branle quelques minutes plus tôt.

Aussi bien devant l’espace de l’ancienne cité évolutive que devant la maison de la culture et sur la place du centre-ville, des manifestants s’étaient regroupés bien avant l’heure de l’entame de la marche, revendiquant une transition démocratique pacifique sans les responsables actuels à la tête du gouvernement : «Ce sont tous des membres de la bande que Gaïd Salah qualifie de forces occultes. Pourquoi donc les laisser organiser une présidentielle en sachant que les dés sont déjà pipés ?

Il faut que Ytnahew gaâ», s’écrie un nouveau retraité de l’éducation. Les marcheurs, rassemblés devant le siège de la wilaya, se sont ensuite dirigés par milliers vers la place publique, en remontant vers le square jusqu’au quartier Cadat, avant de redescendre vers l’espace aménagé au niveau du quartier ex-évolutif. Malgré les appels lancés la veille sur les réseaux sociaux, pour interdire la circulation des voitures et motos et cesser d’entonner les refrains des stades, certains se sont permis de perturber quelque peu la marée humaine déferlant sur la ville.

Les slogans repris en chœur par les marcheurs ciblaient essentiellement le gouvernement, les «B», appelés à démissionner, et la justice, dont il est exigé l’autonomie et l’indépendance pour se saisir de manière transparente et impartiale des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics. Une dame, arborant une pancarte sur laquelle était écrit : «Jeuneurs ou pas, nous n’arrêterons pas nos marches, Saha Ramdankoum», a forcé l’admiration des manifestants. D’autres brandissaient les portraits de martyrs de la Révolution et de la démocratie, comme ceux du Colonel Amirouche et de Matoub.

«Djich, Chaâb, khawa khawa» (Armée et peuple sont frères) et tous contre la mafia», pouvait-on lire sur d’autres banderoles. Il y a eu aussi les «FLN, RND, dégagez ! Klitou leblad ya serraqine» (Vous avez pillé le pays, bande de voleurs) et «Ça y est, c’est bon, echaâb Président». A l’aide de mégaphones, des manifestants scandaient également «Où es-tu Justice ? La corruption fait fureur».

Parmi les milliers de contestataires, une dame de 93 ans, très probablement la doyenne des marcheuses, s’égosillait : «Ilaq ad rouhen, atass i oukren di tmurt!’’ (Ils doivent partir, ils ont trop spolié le pays). Lors de la marche d’hier, l’accent a été également mis sur la fraternité, en dénonçant les tentatives de cercles occultes de casser le mouvement, en jouant sur la discrimination régionaliste : «Nous sommes tous unis, et vos complots ne nous diviseront pas», répétait-on.

Peu avant la fin de la marche, deux immenses banderoles, une au niveau de l’ex-Évolutif et une autre au Château d’eau, ont été dévoilées sous les applaudissements et les «dégage» de la foule. La marche s’est poursuivie dans le calme sans qu’aucun incident ne soit déploré, comme il est désormais de coutume. Et c’est par la collecte des détritus le long de l’itinéraire des marcheurs que s’est achevée la manifestation de cet énième vendredi de protestation, à l’initiative «Gilets verts» qui ont nettoyé toute trace du passage de la marée humaine à travers les artères de la ville de Bouira.

Hafidh Bessaoudi

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