La contestation populaire s’est poursuivie, hier, pour le 14e vendredi de suite à Tizi-Ouzou. Au cœur des revendications, le départ de tous les symboles du système et un niet catégorique aux élections du 4 juillet prochain. Animé par un engagement sans faille depuis le 22 février, pour un changement radical et un avenir meilleur pour le pays, le peuple résiste et marche malgré la chaleur et le jeûne. La voix du peuple a retenti encore une fois à Tizi-Ouzou, pour dire «Ulaç L’Vote Ulaç», «Système dégage», «Oui à une transition démocratique», «La voix du peuple finira par triompher»,… pouvait-on lire sur les pancartes, «Peut-il y avoir des élections sans le peuple ?» ou encore «Gaid dégage».
Les événements se sont précipités sur la scène politique durant la semaine écoulée et comme à l’accoutumée, les manifestants réagissent les vendredis et s’expriment à propos de différentes questions évoquées notamment par le chef des armées à travers sa dernière sortie. Cette fois, le message de réponse fut directement tiré de l’esprit du congrès de la Soummam : «Primauté du civile sur le militaire», lisait-on sur plusieurs banderoles, «L’Algérie est une république et non une caserne» ou encore «Oui pour un Etat civil». Les manifestants n’ont pas manqué aussi d’exprimer leurs revendications clairement en évoquant le concept de la transition démocratique.
«On veut une transition guidée par le peuple», «Pour une assemblée constituante», «Le peuple veut reprendre sa souveraineté», «Redonnez la légitimité au peuple», «Pour une deuxième République», «Pour un Etat de droit», pouvait-on encore lire sur les pancartes. A signaler, par ailleurs, que depuis l’entame du processus constitutionnel via l’article 102, la revendication «Ben Salah, Bedoui dégage» persiste. Elle fut chantonnée en boucle par les jeunes du mouvement. Des femmes, regroupées dans un carré, entonnaient des chants patriotiques et révolutionnaires, ainsi que des chansons des années de luttes composées par des chanteurs kabyles engagés qui ont marqué la région.
Les drapeaux géants, des couleurs nationales et amazighes flottaient au-dessus des têtes ou couvraient les épaules des marcheurs tout au long du périple qui a démarré du portail du campus Hasnaoua de l’université Mouloud Mammeri, jusqu’à la place de la bougie. «L’Algérie libre et démocratique», «Y en a marre de ce pouvoir», «Serraquine, Serraquine, wayqolo watanyine», «La li El intikhabat yal issabat», n’ont cessé de crier les marcheurs. Des airs devenus des classiques de la révolte depuis le 22 février. La marche, empreinte de pacifisme et de civisme, s’est poursuivie dans le calme avant que les manifestants ne se dispersent sans le moindre couac.
Kamela Haddoum.