Les Bouiris rappellent le 5 octobre 1988

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Hier, 33e vendredi consécutif de mobilisation populaire, des centaines de manifestants, qui s’étaient regroupés au niveau de la place des martyrs de la vieille ville de Bouira, trépignaient d’impatience avant la fin du prêche hebdomadaire. Banderoles, drapeau amazigh et emblème national dominaient déjà le premier carré des marcheurs : «Les élections ne sont pas du loto», «Élections, piège-à-cons», «Le peuple exige la destitution de Gaïd Salah»… étaient les principauxà messages portés sur les pancartes brandies.

Les quinquagénaires qui avaient participé aux marches du 5 octobre 1988, ce qui a été qualifié à l’époque de «chahut de gamins» par les militaires et le pouvoir, étaient, hier, nombreux a scander «Pouvoir assassin» ou encore «Rendez-nous notre indépendance confisquée en 1962». «Il y a 31 ans, Chadli Bendjedid et ses généraux nous ont tiré dessus à balles réelles. Aujourd’hui, le pouvoir et Gaïd Salah veulent nous ramener de nouveau à cette situation de chaos qui s’est résulté par la décennie noire avec plus de 200 000 morts et des milliards de dégâts. Nous sommes et resterons pacifiques, c’est l’essence même de notre mouvement populaire né le 22 février dernier», s’époumone Hamid d’El Esnam.

Comme lui, ils étaient plusieurs à se souvenir de ces douloureux souvenirs, en témoignaient les écriteaux exhibés et sur lesquels on pouvait lire : «Pour la mémoire et contre l’oubli : 5 octobre 1988-05 octobre 2019», «Nous marchons à votre mémoire, victimes d’octobre 88, assassinés pour avoir revendiqué une liberté interdite»… Un septuagénaire d’Ath Leqsar, fidèle comme chaque vendredi à la marche hebdomadaire antisystème, s’est rendu au centre-ville de Bouira à bord de son vélo qu’il a décoré de l’emblème national : «Nous n’aurons pas de répit tant que le gang et les généraux n’auront pas quitté le pouvoir.

En 1962, ils nous ont bernés, nous ne sommes pas dupes, leurs élections sont truquées d’avance, système dégage», criait le senior. Comme chaque vendredi, les dizaines de milliers de manifestants ont sillonné les artères de la ville, en passant par le pont Sayeh, l’esplanade de la maison de la culture et le siège de la sûreté de wilaya, avant de remonter vers le boulevard principal de l’ancienne ville. Tout au long de l’itinéraire, les revendications traditionnelles du Hirak ont été réitérées : «Bensalah, Bedoui dégagez !» «FLN, RND dégagez !», Encore une fois, la ville de Bouira n’a connu aucun incident lors de cette grandiose marche pacifique.

Hafidh Bessaoudi

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