Les techniques de greffage en perdition

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Depuis quelques semaines, c’est le temps des greffages des arbres fruitiers. Après Yennayer qui coïncide avec la mi-janvier, les populations vont dans leurs champs à la recherche de greffes pour multiplier leurs vergers. Jadis, tout le monde maîtrisait les techniques mais de nos jours, il semblerait que ce n’est plus le cas.

Pour vérifier cela, une tournée à travers plusieurs villages met en évidence ce déclin du greffage. En effet, interrogés, les jeunes ont des connaissances rudimentaires sur cette technique nécessaire pour le maintien de l’arboriculture. Beaucoup d’entre eux nous répondront qu’en théorie, l’opération est facile à réaliser mais dans la pratique, ce n’est pas du tout le cas. «J’ai essayé d’effectuer quelques greffes d’oliviers mais ça n’a pas donné de résultats.

Je pense qu’entre théorie et pratique, il y a un grand écart», reconnaît un jeune dans la commune de Boudjima. D’autres considèrent que les techniques ont évolué et se sont modernisé d’où le désintérêt des jeunes. Aussi, ces derniers temps, une autre manière de procéder à la multiplication des arbres s’installe peu à peu. Les plants ne sont plus tirés des variétés sauvages qui se trouvent dans les champs.

L’oléastre n’est plus greffé avec des plants d’oliviers comme faisaient les anciens. Aujourd’hui, les gens achètent des marchés et des pépinières. Une méthode que les vieux refusent d’accepter pour plusieurs raisons. «L’olivier greffé sur un oléastre peut vivre plusieurs siècles contrairement aux plants achetés dans les pépinières et les marchés», explique un vieil homme rencontré au marché de Tigzirt qui a également donné d’autres arguments pour nous convaincre.

Un autre argument est avancé par l’ancienne génération. Cette dernière considère que les oliviers achetés sont fragiles devant les maladies. «Un plant acheté ne peut pas résister aux maladies et à la sécheresse comme un olivier greffé sur un oléastre.

Cet olivier sauvage qui a poussé naturellement est adapté au climat et à la nature du sol d’où il tire tout ce dont il a besoin pour vivre», explique un autre vieil homme connu pour sa maîtrise parfaite des techniques du greffage. D’ailleurs, de nos jours, les rares personnes qui savent faire ce métier sont très sollicitées par des gens qui veulent greffer des oliviers.

Enfin, l’olivier n’est pas le seul qui est greffé d’un arbre sauvage mais la technique est utilisée pour toutes les variétés de fruits. Nos ancêtres tiraient les fruits de la forêt où poussent des variétés sauvages et qu’ils savent rendre comestibles grâce au greffage. Jadis, la vie se déroulait au rythme des saisons et en harmonie avec la nature.

Akli N.

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