Les ouvriers travaillant pour le compte du groupe ONE (Ozgun, Nurol, Engeoa), chargé de la réalisation de la pénétrante devant relier la wilaya de Tizi Ouzou à l’autoroute Est-Ouest, sur une distance de 46 kilomètres, exigent le paiement de leurs arriérés de salaires de quatre mois. Ils sont revenus à la charge hier, en fermant la base de vie de Draâ El-Mizan. «Notre préavis de grève de huit jours a débuté hier. Nous ne quitterons pas les lieux tant que nos problèmes ne sont pas réglés. Tout d’abord, nous exigeons le paiement immédiat de nos arriérés de salaires de quatre mois.
Puis, nous ne signerons pas la fin de nos contrats de travail expirés à la fin du mois de février si nous ne recevons pas la prime de départ au chômage à raison d’un mois de salaire par année travaillée au sein du groupe, comme il en a été convenu avec le groupe en mars 2019 quand nous avions observé une grève d’un mois où d’autres revendications socioprofessionnelles avaient aussi été discutées», nous expliquera un représentant du collectif des travailleurs. Ces derniers disent avoir l’intention de «radicaliser» leur mouvement, dès aujourd’hui mercredi, «si nos salaires ne sont pas immédiatement versés dans nos comptes». «Nous refusons aussi d’attendre jusqu’au 15 mars comme annoncé par les responsables du groupe», poursuivra le même représentant.
Les protestataires n’ont néanmoins pas dévoilé le genre d’action à laquelle ils recourront. En principe, selon nos sources, c’est aujourd’hui mercredi que seront affichées les listes des licenciés définitivement des effectifs du groupe et des travailleurs auxquels un autre contrat sera accordé. On parle de plus de 800 travailleurs qui ne feront plus partie du groupe. Hier encore, les travaux étaient à l’arrêt dans la plupart des chantiers, hormis quelques Turcs qui étaient en poste. En tous les cas, le licenciement d’un aussi grand nombre d’ouvriers ne peut que sévèrement impacter l’avancement des travaux de ce projet tant attendu par les usagers et les autorités au niveau de toute la wilaya de Tizi Ouzou. De nombreux ouvrages, notamment les échangeurs et les viaducs, ne sont toujours pas réalisés. Une grande menace pèse donc sur ce mégaprojet.
Il est à rappeler que le licenciement de ces travailleurs a été justifié par le manque d’argent dans les caisses du groupe pour lequel de nombreuses situations ne seraient pas encore réglées par les pouvoirs publics. Les travailleurs licenciés interpellent tous les responsables concernés au niveau de la hiérarchie de l’État pour intercéder en leur faveur, quand on sait qu’ils travaillent pour le groupe depuis le lancement du projet en 2014 et que ce sont des centaines de familles qui en dépendent : «Ce sont huit cents familles qui souffriront de ce licenciement injustifié, d’autant que le projet n’est pas encore livré. Nous nous demandons par ailleurs quel sort sera réservé à cette pénétrante. Pourront-ils livrer ce grand projet avec seulement deux cents ou trois cents travailleurs ?», s’interroge avec regrets un autre représentant des travailleurs.
Amar Ouramdane

