L’héliciculture, parlons-en !

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Parfois, il suffit d’une discussion pour faire germer l’idée d’un projet qui n’a jamais traversé l’esprit auparavant.

Abdelouhab a eu cette expérience à travers un documentaire sur l’élevage des escargots comestibles. L’héliciculture, une activité pas très connue dans notre pays, surtout dans notre région.

Ce jeune agronome, qui travaille pour son compte dans la fabrication de l’aliment pour le bétail, qui ne veut plus subir l’engrenage et les tracasseries de cette activité, vient de se découvrir une autre passion, celle de la collecte des gastéropodes, ou des escargots des champs, et de leur élevage. «Ma formation dans le domaine de l’agronomie me pousse toujours à créer, découvrir des passions liées à l’agriculture et à la culture de la terre et des animaux. En suivant un documentaire sur l’héliciculture, je me suis dit que cela pourrait se faire dans ma commune, car les paramètres et les conditions de vie de ce petit animal existent et conviennent parfaitement à la région d’Amizour. Cette dernière n’est d’ailleurs pas loin de la côte et se trouve sur la berge de l’Oued Soummam», dit-il.

Le jeune agronome d’El Hamma, un village perché sur les collines est d’Amizour, entame d’abord une recherche et réunit toutes les données nécessaires. Puis, il a commencé à réfléchir à la façon de concrétiser ce projet qui lui tient à cœur. Il ira d’abord former un petit noyau avec ses frères pour débuter discrètement cette activité. «C’était juste une passion à travers laquelle je voulais satisfaire r ma curiosité à percer ce monde que je trouve fascinant», explique Abdelouahab. Ce nouvel héliciculteur a vraiment raison, car la vie d’escargot est complexe et sa place dans la gastronomie est importante, car il constitue une source de protéines irremplaçable. En plus de son apport dans le domaine des soins et de la cosmétique, grâce à sa bave et sa coquille, il pourrait être une valeur ajoutée sur le plan économique.

Le mollusque dans les orangers !

Ce n’est pas dans son petit patelin rocheux et sec qu’Abdelouahab est allé à la recherche de ces mollusques, mais dans les plaines et champs des plantations d’orangers, de néfliers et autres arbres fruitiers qui longent l’Oued. «Je devais d’abord prendre attache avec les propriétaires de ces fermes, lesquels m’ont facilité la tâche. Ce que je leur ai proposé fait partie de l’une de leurs tâches qui leur coûte cher et qui consiste à nettoyer leurs arbres de ce mollusque. Cela leur évitera d’utiliser des produits chimiques pour les tuer, car ils attirent d’autres insectes et micro-organismes néfastes à leurs cultures», expliquera notre interlocuteur.

Comme un véritable un expert, le jeune agronome et ses camarades passent au peigne fin ces vastes orangers. Un milieu idéal pour le développement de l’escargot. Cette opération touchera tous les champs de la vallée de la Soummam et même au-delà. Voyant que la production est fructueuse, Abdelouahab songe d’ores et déjà à augmenter son effectif. «Nous sommes actuellement 15 personnes dont des jeunes que j’ai recrutés de mon village. La première étape se limite à la collecte qui nous permettra de nous initier à cette nouvelle activité. Nous passerons après à l’élevage, ce qui nécessite beaucoup de moyens, de connaissances et de professionnalisme, car l’escargot est un animal très exigeant surtout en matière de protection et d’entretien», précisera-t-il.

Les héliciculteurs d’Amizour commencent la collecte de ces mollusques, prêts à la consommation, au mois de mai. Ces derniers sont conditionnés et stockés. Il n’est pas donné à tout le monde de s’adonner à cette activité, car elle n’est pas si simple que cela. Elle exige une certaine connaissance en la matière, et pour Abdelouahab, ses études universitaires en agronomie lui sont d’un apport de taille pour sa toute nouvelle passion. «Nous avons pu ramasser jusque là quelques 400 quintaux d’escargots comestibles, et grâce à quelques une de mes connaissances à l’Est du pays, j’ai pu trouver un preneur de mon produit qui sera commercialisé vers un pays Européen», se félicite notre interlocuteur.

Et voilà, que dans la «clandestinité», la passion de s’adonner à l’héliciculture devient un partenariat à part entière. Et vu le prix du Kg d’escargots en Europe, et la qualité du mollusque bien recherché de l’autre coté du bassin, peuvent constituer un véritable pactole. Il reste, selon cet héliciculteur, que l’objectif de cette activité reste la promotion de ce créneau pour ouvrir des voies à l’investissement pour nos jeunes. « L’Héliciculture est un créneau très fructueux et promoteur pour notre économie et notre développement local, qui ne demande pas de gros moyens, mais juste des gens connaisseurs, et surtout une réglementation et un accompagnement. Dans l’Est du pays, ce créneau a déjà tracé son chemin», soulignera Abdelouahab.

L’affaire est à saisir par les pouvoirs publics, car il y va d’abord de la création des richesses et de l’emploi, puis s’agit il d’une méthode de lutte écologique contre les insectes ravageant les arbres fruitiers. A cela s’ajoute ce que va apporter l’escargot comme élément gastronomique et une valeur protéique, sans négliger son utilisation dans le domaine de la cosmétique et des soins de beauté.

Nadir Touati

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