à travers les grandes villes de Kabylie, que ce soit à Tizi Ouzou, Bouira ou Béjaïa, la rue s’est unie, hier, comme un seul homme pour rendre un hommage populaire à Abane Ramdane, à l’occasion du 45e vendredi de marches contre le système. à Tizi Ouzou, ce fut une forêt de portraits qui émergeaient au-dessus des têtes des marcheurs qui ont été fidèles au rendez-vous hebdomadaire du vendredi. Depuis le début de la manifestation, du Campus Hasnaoua de l’université Mouloud Mammeri jusqu’à la place de l’ancienne gare routière de la ville, Abane Ramdane était omniprésent, en portrait et en slogans, entonnés par les marcheurs.
Des portraits d’Aït Ahmed et de Matoub ont été également portés, comme d’habitude. L’ambiance était très joviale et la présence féminine a rajouté de l’animation à la rue qui a pris bien des couleurs avec la multitude de drapeaux brandis. Aucun incident n’a été signalé. Et la foule a fini par se disperser dans le calme et la sérénité en milieu d’après-midi. A Béjaïa, c’est une autre foule immense qui a aussi rendu hommage à Abane Ramdane, l’un des plus charismatiques chefs historiques de la Révolution algérienne.
Coïncidant avec la date de son assassinat, le 45e vendredi de marches contre le système a été dédié à la mémoire de l’architecte du Congrès de la Soummam. Écriteaux, banderoles, pancartes… Tous les supports étaient bons pour évoquer le combat du défunt. «La révolution du sourire est la continuité du Congrès de la Soummam», pouvait-on lire sur des centaines d’écriteaux, embellis du portrait d’Abane.
62 ans après son assassinat, Abane incarne toujours, aux yeux des générations présentes, le changement voulu par leurs aïeuls. Par ce clin d’œil, une passerelle vient d’être jetée entre le combat des véritables artisans de la libération du pays et celui des jeunes d’aujourd’hui, mobilisés depuis le 22 février pour un changement effectif du système. Hier, 45e vendredi de marches contre le système, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue à Béjaïa.
Aït Ahmed n’a pas été oublié !
La foule, déjà impressionnante avant même l’entame de la marche vers 13h30, a vite envahi la rue de la Liberté. Scandant des slogans hostiles au pouvoir, les manifestants ont appelé à la libération de tous les détenus d’opinion. Quelques détenus de la wilaya de Béjaïa, signalons-le, ont été libérés ces derniers jours après avoir purgé leurs peines. Ils ont été accueillis comme des héros par des habitants dans leurs localités respectives.
Arrivée au rond-point Matoub Lounès, la foule a observé une minute de silence à la mémoire d’Abane. Elle a ensuite repris sa marche, en arpentant le boulevard colonel Amirouche, un autre symbole de la révolution algérienne, dont le portrait est omniprésent dans toutes les marches. Deuxième plus importante ville de la wilaya de Béjaïa, Akbou a également renoué, hier, avec les manifestations de rue. Ils étaient, en effet, des milliers à avoir battu le pavé pour réclamer, encore, un changement réel et profond du système de gouvernance en Algérie. Dans les deux villes, les marches populaires se sont déroulées dans la sérénité et aucun dépassement n’a été signalé.
Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira perpétuent la tradition
La 45ème marche du mouvement populaire pour le changement était une occasion pour les citoyens de la wilaya de Bouira pour rendre un vibrant hommage à deux icônes de la guerre de libération, Abane Ramdane et Hocine Aït Ahmed en l’occurrence. En effet, pour la 45e marche du Hirak, qui s’est déroulée hier à Bouira, des photos des deux valeureux militants étaient mises en exergue, puisque la date du 27 décembre 2019 coïncidait avec le 61ème anniversaire du décès tragique de l’architecte de la révolution Abane Ramdane le 27 décembre 1957, mais aussi cette date intervenait quatre jours seulement après le quatrième anniversaire du décès de l’ancien chef de l’organisation secrète et défunt président du FFS, Hocine Aït Ahmed.
Ainsi, les marcheurs qui se sont regroupés dans un premier temps au niveau de la place des martyrs du centre-ville, ont entamé leur marche vers 13h30 en traversant les principales rues de la ville en arrivant à hauteur du siège de la wilaya, où une brève halte a été observée par les manifestants. Tout au long de cet itinéraire, les milliers de manifestants ont répété des slogans hostiles au pouvoir politique en place, tout en rappelant la nécessité d’un changement politique radical.
«Primauté du politique sur le militaire», «Système dégage», «État civil et non militaire», ou encore «Libérez les détenus politiques», étaient parmi les slogans répétés par les manifestants qui ont poursuivi leur marche jusqu’au siège de la cour de justice de Bouira : «Le mouvement populaire est la continuité du mouvement national de 54-62 et de toutes les luttes démocratiques depuis l’indépendance du pays. Le peuple ne lutte pas contre des personnes mais contre un système. Le peuple algérien reste déterminé à poursuivre sa lutte pour la dignité, la liberté et la démocratie.
Nous réclamerons toujours la libération de tous les détenus d’opinion, le départ de l’ensemble des visages du système de Bouteflika et le lancement d’un véritable processus de changement démocratique», dira l’un des manifestants. Arrivés à hauteur de l’esplanade de la Maison de la culture, les marcheurs se sont dispersés dans le calme et aucun incident n’a été enregistré.
Amar A/ F. A. B. et Oussama Khitouche.