«L’importation de véhicules d’occasion risque de créer une flambée des devises étrangères»

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Le directeur général de la bourse d’Alger, Yacine Benmouhoub, a alerté hier sur les conséquences néfastes pour l’économie nationale de la levée de l’interdiction des véhicules d’occasions annoncés récemment par le ministre du Commerce. Commentant la décision du ministre, dans laquelle il a annoncé la possibilité laissée aux Algériens peu fortunés, d’importer un véhicule de moins de 3 ans d’âge, M. Benmouhoub estime que cette mesure va contraindre les « constructeurs » automobiles à baisser leurs tarifs et réduire leur marge bénéficiaire.

«Cette mesure, qui n’est pas encore officialisée, peut donner l’occasion à beaucoup d’Algériens d’avoir un véhicule à moindre coût, puisque le marché national des véhicules a flambé, notamment depuis l’interdiction, en 2005, d’importer les voitures de moins de 3 ans», a-t-il indiqué, lors de son passage hier sur les ondes de la chaine III de la radio nationale.

Cette même mesure, poursuit l’intervenant, va tout naturellement amener les personnes intéressées à s’adresser au marché parallèle pour pouvoir acquérir des devises qu’elles déposeraient dans les banques et solder ainsi le prix de l’objet de leur désir, avec, dit-il, «le risque de créer une flambée des devises étrangères par rapport au dinar déjà mal en point». Dans ce cadre, le responsable a tenu à relever l’importante marge bénéficiaire prélevée par les entreprises pratiquant le montage de véhicules en Algérie, à l’origine, ajoute-t-il, d’un écart significatif de coût par rapport à ceux ramenés de l’étranger.

A la question de savoir si le marché parallèle de la devise reflétait la vraie valeur du dinar, qui est différemment coté par la Banque d’Algérie et les banques commerciales, M. Benmouhoub a indiqué : «Au niveau du taux officiel, ce n’est pas la vraie valeur». Pour établir la réelle valeur du dinar, explique-t-il, il faudrait que le pays «en arrive à sa convertibilité totale», mais pour cela, poursuit-il, il devrait au préalable diversifier ses ressources, en plus de celles générées jusqu’alors par les hydrocarbures.

Il a rappelé que l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie avait estimé la masse monétaire en circulation dans le marché informel à 50 milliards de dollars, en expliquant que «quand vous avez un si gros montant qui échappe à tout contrôle, cela constitue un danger pour l’économie», compte tenu du caractère opaque du marché informel et l’absence total de traçabilité. Pour pouvoir résorber le marché parallèle, M. Benmouhoub préconise de «suivre une feuille de route qui s’étalerait sur une période de 10 ans ou plus», afin de réduire l’impact sur le marché formel.

L. O. CH.

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