Timechret, l’autre sacrifice

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Le mouton est devenu inaccessible aux citoyens aux revenus moyens, à l’occasion de l’Aïd El Kebir, ce qui a fait revivre certaines traditions propres à la région de la Kabylie. Notamment celle de Timechret, sacrifice collectif auquel participent tous les membres du village.

L’Aïd est-il en phase de perdre ses repères ? La fête du mouton commence-t-elle à perdre de son authenticité et de sa spiritualité faute justement de ce mouton ?

Une réalité qui n’est pas à nier, le sacrifice du mouton étant devenu un luxe que ne peut se permettre le simple citoyen. Et pour cause, les prix affichés par les propriétaires et autres maquignons, pour la vente d’un mouton, sont loin de la portée des citoyens. C’est justement le cas, cette année où il n’est acquis qu’à partir de 30 mille dinars, soit deux fois le SNMG actuel.

Ceci, en plus des fruits et légumes qui subissent, eux aussi, les aléas des spéculateurs en ces occasions. Pour un père de famille, pour qui s’impose aussi l’achat d’habits pour les enfants et quelques autres dépenses et nécessités en de pareilles occasions, ce n’est guère la joie.

La fête se voit, ainsi, transformée en une opportunité pour  » subtiliser  » aux citoyens leurs maigres revenus mensuels. Pour en revenir au marché à bestiaux, les tarifs affichés ne sont que pour dissuader les gens à venir acquérir une de ces bêtes. Une hausse des prix qui devient, d’année en année, de plus en plus importante, que le citoyen à la petite bourse notamment, n’est pas en mesure d’accepter, préférant, ainsi, sacrifier le rituel en lui-même que de sacrifier la bête qui revient trop chère.

Ainsi, le nombre de citoyens qui s’accrochent à la tradition du sacrifice du mouton lors de l’Aïd El Kebir, coutume dictée par l’Islam, connaît un déclin de plus en plus apparent. La problématique qui se posait avant au niveau du choix d’un mouton, avec ou sans cornes, s’est transformé en l’acquisition ou non de la bête en ce jour saint. Mais pour ne pas faire l’impasse sur le sacrifice de la bête, qui est la symbolique de l’Aïd El Kebir, certaines régions, pour ne pas dire beaucoup d’entres elles au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, ont opté pour Timechret, sacrifice collectif des bêtes.

C’est le cas, notamment, dans certaines régions de la daïra de Mekla. Au niveau du village Mesloub, à quelques kilomètres du chef-lieu de la daïra, pas moins de huit veaux ont été sacrifiés, jeudi dernier, et répartis entres les villageois, dans une ambiance où régnaient la joie et le plaisir de se retrouver autour d’une bonne action. Cette tradition, qui a perdu de son authenticité ces dernières années, semble bien partie pour être ravivée.

Le sacrifice collectif est de plus en plus ressuscité étant donné que c’est la seule solution qui permet aux citoyens de ne pas déroger à la règle du sacrifice de l’Aïd, tout en s’épargnant des dépenses énormes. Et ce à cause (ou grâce) à l’inaccessibilité du mouton. Cette option est au goût de tous, d’autant plus que le sacrifice collectif n’est pas interdit par la Chariaa. Au contraire, cela devient l’occasion de renforcer les liens, déjà existant, entres les citoyens. Ainsi, et selon les propos de directeur des affaires religieuses de la wilaya, M. Saïb, rapportés dans ces mêmes colonnes,  » la religion musulmane autorise le sacrifice collectif, le jour de l’Aïd El Adha. Cette action participe même au renforcement des relations au sein de la société « . Cela va sûrement pousser d’autres régions à se rabattre sur cette tradition.

T. Ch.

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