Le gouvernement ne se fait pas de soucis

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La tripartite, qui doit se réunir le 10 octobre prochain, avec les représentants des travailleurs et le patronat, aura un caractère exclusivement économique.

Or, si l’UGTA reste fidèle à ses propositions et qui ne vont pas à contre courant de celles du gouvernement, les organisations patronales qui imposaient, jadis, leur point de vue, iront en rangs dispersés. En effet, le patronat a subi un rude coup cette semaine. Alors que les organisations patronales travaillaient en concertation pour aller à la tripartite avec une plateforme commune, des divergences sont apparues durant la dernière ligne droite. Abdelouahab Rahim, ambitieux président d’une nouvelle organisation patronale, a proposé d’en créer encore une nouvelle, la Coordination patronale, qui absorberait toutes les autres. Le Forum des chefs d’entreprises (FCE), l’organisation patronale considérée jusque-là comme la plus puissante, a refusé d’y adhérer mais il ne peut plus se présenter comme le principal interlocuteur des autorités, car sept organisations patronales ont rejoint cette coordination. « En principe, nous sommes tous mobilisés pour poser les problèmes que rencontrent les entreprises. On ne doit pas mettre en avant les questions de leadership, de suprématie d’une organisation sur une autre… », estime M. Hamiani. Mais, malheureusement, il y a une guerre de leadership qui ne dit pas son nom et  qui plombe depuis des années la construction d’un mouvement patronal capable de peser sur les décisions économiques. De son coté Sidi Saïd, le patron de la centrale syndicale n’est pas allé de main morte pour faire de cette rencontre du 10 octobre, l’occasion de promouvoir la production locale et lui adjoindre le crédit à la consommation. Lors d’une réunion qui a regroupé l’ensemble des fédérations pour mettre au point la stratégie de cette organisation syndicale, Sidi Saïd fortement engagé pour une « renaissance industrielle » et « une relance tonitruante » de la production nationale dans sa globalité a esquissé les grandes lignes de cette stratégie qui sera proposée au débat lors de cette rencontre avec les membres du gouvernement et le patronat. Pour Abdelmadjid Sidi Saïd, aucune politique économique ne peut réussir si elle ne tient pas compte de la dimension humaine. Le rôle et la place des travailleurs de cette politique sont donc, affirme-t-il, primordiaux. C’est la clé de la réussite ou de l’échec. Pour promouvoir la production nationale, il n’y a pas mille chemins que celui de passer par les travailleurs, a-t-il expliqué aux représentants des fédérations. Le SG de l’UGTA dit être conscient des enjeux de la réforme économique et aspire à travers l’UGTA apporter une forte contribution, pour faire sortir le pays de sa dépendance outrancière des hydrocarbures. Insistant sur le caractère économique de la prochaine tripartite, Sidi Saïd a précisé que l’avenir de l’économie nationale est l’affaire de tout le monde. Il a appelé dans ce sillage, les forces ouvrières, quelle que soit leur nature, d’œuvrer à développer l’économie et participer activement à la réussite des réformes envisagées. Sidi Saïd est longuement revenu sur les propositions de l’UGTA pour promouvoir et protéger l’économie nationale. Des propositions qui visent à apporter des solutions, notamment à des situations inextricables, dans lesquelles se retrouvent les entreprises publiques. Sidi Saïd s’est attardé sur l’acte de gestion et le fait que les dirigeants des entreprises publiques considèrent qu’ils sont ligotés alors que les opérateurs privés estiment qu’ils sont marginalisés. Cette situation qui pénalise lourdement l’économie nationale doit être définitivement réglée avec des mesures efficaces qui vont permettre de libérer toutes les énergies du pays, estime le patron de l’UGTA. Ainsi et dans ce sens, l’UGTA considère qu’il faudrait d’abord valoriser et promouvoir la production nationale à travers des actions « prioritaires et durables ». Parmi ces actions, il y a l’actualisation de l’instruction de janvier 1997 du gouvernement, portant sur la promotion de la production nationale. Il y a aussi lieu de relancer le crédit à la consommation qui devra être orienté exclusivement vers la production nationale. Donc, face à des partenaires soit affaiblis, soit acquis, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, se prépare à remporter une nouvelle victoire. Le chef du gouvernement avait, d’ailleurs, dressé les contours de cette tripartite en ces termes : « Nous allons élaborer une stratégie pour développer davantage l’économie nationale, une économie qui devrait être fondée sur la création d’unités industrielles nationale publiques, privées ou mixtes », a-t-il indiqué lors d’une rencontre avec les représentants de la société civile, à l’occasion de la visite de travail et d’inspection dans la wilaya de Médéa. Se lancer dans la concurrence et la production industrielle et agricole est, aujourd’hui, la « seule solution » de développer davantage l’économie nationale, surtout que le pays a enregistré « beaucoup de retard dans ces domaines par rapport aux années 70 », a-t-il dit. Même s’il a reconnu des « défaillances » dans le fonctionnement de la machine économique du pays, le Premier ministre s’est voulu optimiste au regard des « grands moyens » disponibles. Ayant déjà marqué des points, durant les deux dernières années, en acceptant de fortes hausses des salaires et en offrant d’énormes facilités aux chefs d’entreprises, Abdelmalek Sellal a répondu favorablement à la plupart des demandes du patronat concernant la fiscalité le crédit bancaire et l’effacement des dettes. Celui-ci ne demande plus de nouvelles mesures ; il réclame seulement l’application effective de celles déjà prises. En outre, fort de ressources financières toujours aussi confortables, le gouvernement s’apprête à faire preuve de toutes les largesses nécessaires pour apaiser ses interlocuteurs. Avec des exportations qui devraient rapporter 70 milliards de dollars en 2013, il n’a pas d’inquiétude à se faire. 

Ferhat Zafane

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