Un métier de femmes au foyer qui résiste au temps !

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S’il y a bien un métier qui tient tête encore aux temps modernes dans la localité d’Ighil Ali, c’est bel et bien la confection artisanale de produits en Raphia et macramé. Nous savons tous que beaucoup de métiers artisanaux ont carrément disparu malheureusement de cette région des Ath Abbas, à cause de l’industrialisation et de la modernisation de la fabrication artisanale. Jadis, Ighil Ali était passé leader dans la confection artisanale des chaussures, et du travail du cuir en général, de la vannerie et autres outils de paysannerie pour être bref. Cependant, il y a un métier qui est demeuré conservé par les soins de quelques femmes au foyer, dont elles seules connaissent le secret. Cela nous l’avons découvert en marge des festivités célébrant le 35e anniversaire du printemps berbère qui se sont déroulées au CEM Ben Badis d’Ighil Ali du 17 au 20 avril derniers, où nous avons été saisis par un étal pas comme les autres, aménagé dans une salle de classe dudit collège. Des produits artisanaux réalisés avec les fibres colorées de Raphia, qui est un palmier, et des filaments d’Alfa. Avec seulement ces deux produits de base et une dextérité des femmes d’Ighil Ali arrivent à confectionner des merveilles. Derrière l’étal en question, il y avait Mme Akeziz, femme au foyer, assise sur une chaise. Courtoise et affable, elle a décidé de participer à cette manifestation culturelle, histoire de vendre et surtout de faire connaître ses produits qu’elle confectionne elle même « durant les moments libres de la journée! », assure-t-elle. Il faut voir toute sa production magnifique et bien confectionnée! « Jadis, toutes les femmes d’Ighil Ali exerçaient ce métier. Aujourd’hui, rares sont celles qui travaillent encore la vannerie, à cause de l’importation qui a trucidé ce métier! », regrette notre interlocutrice. Sur l’étal, cette artiste a su mettre en valeur ses objets artisanaux. Beaucoup de visiteurs s’agglutinaient devant l’étal, pour en acheter ou pour apprécier de très près les objets mis en exposition-vente. Sur la table, il y avait des pots, de petites corbeilles, des sacs, des tirelires, des plateaux pour galettes, tous réalisés avec des filaments d’Alfa recouverts avec des fibres colorées de Raphia que l’artiste avait pris le soin de fabriquer avec agilité en les imprégnant de motifs géométriques agréables, rehaussés avec le signe « Z » des hommes libres. Sacrée Dame ! Des œuvres magistrales qui en disent long sur la dextérité et le savoir-faire irréprochables de cette grande dame, qui mérite beaucoup de respect pour tout ce qu’elle fait. Elle dit qu’elle produit également des couffins avec les mêmes matériaux. Ce n’est pas tout, cette artiste confectionne aussi des accessoires en macramé comme les bracelets, les colliers, les objets décoratifs, etc. Toutefois, notre interlocutrice déplore, dans la foulée, la cherté des produits de base comme l’Alfa qu’elle dit payer 100 DA la touffe. « C’est trop cher, une petite touffe de rien de tout à 100 DA ! », déplore-t-elle. A la question de savoir si elle a demandé de l’aide aux organismes en charge du volet artisanal, notre vis-à-vis dit ne pas l’avoir fait, mais elle lance à travers nos colonnes un appel pour la valorisation de ce métier et sa pérennisation pour le bien de notre culture !                                                                            

Syphax Y.

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