La montagne accouche d’une souris

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Attendue comme l’ultime solution à la crise qui secoue l’assemblée populaire de wilaya depuis un semestre, la session extraordinaire tenue, hier, par les membres de l’APW de Béjaïa fait plutôt penser à une montagne qui accouche d’une souris. Ouverte à 9h30, ce n’est qu’aux alentours de 11h30, soit deux heures plus tard, que l’ordre du jour a été approuvé.

Deux heures durant, le débat tournait autour de la suppléante qui devait remplacer l’élue du FFS portée absente depuis bientôt deux années. Celle-ci aurait eu sa carte d’élue avant même son installation es-qualité. Quelques élus du FFS ont dénoncé cette falsification de document et ont déclaré saisir la justice pour statuer sur cette infraction. Pêle-mêle, la délibération approuvant le budget rejeté par le wali mais confirmé par la justice, la non-invitation des élus aux sorties du wali et d’autres situations considérées comme insolites ont été évoquées par les élus du FFS. La nouvelle majorité se limitera à exiger le respect de l’ordre du jour qui n’est autre, selon leur lecture, que le renouvellement des vice-présidents de l’APW et des responsables des commissions permanentes. Le président de l’APW s’y opposera en rappelant que l’ordre du jour était clair, à savoir la mise en conformité de l’APW par rapport aux lois et règlements. Une cacophonie indescriptible caractérisera  des débats imposés par l’assistance. C’est tout le monde qui se permettait de prendre la parole sans la demander et même de la couper à autrui sans aucun respect. Sans crier gare,  un groupe de citoyens fait son entrée dans la salle et commence à scander « Libérez Béjaïa », « Les élus berra (dehors) » ou encore « Déchaussez notre  wilaya de son sabot ». C’est pour dire que la population en a marre de la situation de blocage que traverse actuellement l’assemblée populaire de wilaya. Mis devant le fait accompli, certains élus interviendront pour demander tout simplement la dissolution de leur assemblée laquelle aurait, selon leurs termes, trahi la population. Contre toute attente, alors que celle-ci exigeait, jusque-là les trois vice-présidences, un représentant de la nouvelle majorité proposera au président de nommer deux nouveaux vice-présidents parmi les 24 membres de cette nouvelle majorité et un vice-président parmi les 19 membres du FFS. Cette proposition sera vite approuvée par le président de l’APW qui trouvera, quand même, une astuce pour éviter leur installation lors de la séance d’hier. Il exigera un temps pour négocier avec les éventuels candidats à ces postes tout en promettant de le faire dans moins de deux semaines. Pour prouver sa bonne foi, il ira jusqu’à dire que lors de la prochaine séance, il sera également procédé au remaniement des commissions permanentes. Soupçonnant une mauvaise volonté de la part du groupe du FFS en dénonçant notamment les va-et-vient, entre le pupitre et l’arrière-salle, du président, rejoint souvent par quelques élus de la même formation, synonyme de tractations, le même représentant de la nouvelle majorité fera du chantage en exigeant l’installation des trois vice-présidents séance tenante sinon la concession sera annulée et que la demande sera de trois vice-présidences pour les 24 membres de la nouvelle majorité comme exigé depuis un semestre.  Le président se résoudra à lever la séance. Plus de quatre heures de débats sans résultat et la situation de l’APW n’a pas changé d’un iota. C’est le retour au point de départ, le blocage en l’occurrence.  

           

A.  Gana    

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