Gare à l’automédication !

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La consommation de médicaments sans avis médical préalable est en passe de s’ancrer, si elle ne l’est pas déjà, dans les mœurs. Une seconde nature qui peut s’avérer lourde de conséquence.

S’il est malaisé en l’absence d’une étude exhaustive, d’en appréhender les contours et d’en cerner l’étendue, les professionnels gravitant autour des métiers de la santé sont unanimes quant à la prégnance de cette pratique. «La banalisation de la vente des médicaments, toutes spécialités confondues, au sein des pharmacies, est devenue courante comme l’achat d’un quelconque produit alimentaire dans la superette du coin.

Aucune restriction ni précaution médicale ne sont prises en considération par les pouvoirs publics pour limiter et modérer cette frénésie, dont tout abus peut être fatal à l’organisme humain», déplore un médecin de santé publique d’El Kseur. Antihistaminiques, anti-inflammatoires, antipyrétiques, antalgiques, … tout y passe pour apaiser une anxiété souvent sans fondement, suite à un bobo occasionnel, dont la guérison peut se faire spontanément, sans aucun traitement.

Les officines pharmaceutiques abondent de médicaments vendus sans ordonnance : capsules, goutes, vaporisateurs, onguent, crèmes, fumigations. Des experts attestent que ces spécialités ont rarement un effet direct sur la cause d’une maladie, même si elles peuvent soulager des symptômes douloureux ou inconfortables. «Par exemple, certains remèdes contre la toux et les rhumes sont apaisants et les analgésiques légers, comme l’aspirine et ses substituts, soulagent la douleur.

Cependant, leur usage immodéré et prolongé peut nuire gravement à la santé du malade», souligne le toubib. Un praticien d’Akbou déclare que la prise d’un médicament ne doit aucunement se faire à la légère : «tout symptôme doit être jaugé avec précision, son ampleur cernée et l’étude critique de l’ensemble des informations obtenues, et doit prendre en ligne de compte une interprétation personnelle du patient qui, en toute bonne foi, peut ressentir ces troubles à l’excès, ou au contraire, en sous estimer l’étendue et la gravité. Le médecin seul juge en dernier ressort de l’opportunité de prescrire ou non des médicament».

Il insiste au passage sur l’observance de certaines règles, tels que : «le respect de la posologie, l’heure des prises, les contre-indications et les interactions éventuelles avec d’autres médicaments». Et de rappeler que «les premiers symptômes, ou premiers signes d’appel éprouvés par notre corps, peuvent n’être que la simple expression d’une indisposition sans gravité ou d’un trouble passager, dont la guérison se fera sans intervention médicale», dira-t-il, en conseillant de faire sienne le principe selon lequel, moins on prend de médicaments et mieux c’est.

Les médecins mettent, par ailleurs, en garde contre les dangers qui guettent les patients qui s’adonnent à outrance aux antibiotiques, sans l’avis d’un médecin, avec une consommation effrénée au moindre petit bobo ou fièvre. «Un pharmacien qui vend un antibiotique sans ordonnance, un médecin généraliste qui prescrit un antibiotique de 3e intention, voilà des pratiques très préjudiciables qu’il faut bannir au plus vite», tranche un praticien de Tazmalt. De telles pratiques sont, selon lui, à l’origine d’une résistance aux antibiotiques, laquelle représente une menace sérieuse pour la sécurité des patients, car elle réduit l’immunité et augmente la durée d’hospitalisation, la morbidité et la mortalité.

Nacer Maouche

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