Des marques “fripées” font l’affaire

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Les vestes, chemises, et même les sous-vêtements sont littéralement retournés en passant de mains en mains avant d’être achetés par les pères de familles. Si justement les pères de familles nombreuses se rabattent sur les fripiers au lieu d’acheter des vêtements neufs et propres auprès de magasins de prêt à porter, c’est surtout à cause des prix pratiqués. Au marché hebdomadaire de Bouira, en face de la gare routière, la vente de fripe est une activité quotidienne exercée par les revendeurs de ‘’ chiffoun ‘’ comme on les appelle communément dans la région. Dés les premières heures de la matinée, les clients affluent vers l’espace réservé aux fripes. Si les gens se rendent très tôt devant les étals de vêtements d’occasion, c’est en premier lieu à cause du “qu’on dira-t-on”. En effet, les clients des fripiers ne sont pas forcément des chômeurs ou des pères de familles nombreuses dans le besoin, il existe parmi eux, des fonctionnaires dont le maigre salaire ne suffit plus pour habiller leurs enfants dans les magasins de vêtements. Il serait incongru, même si tout le monde le sait de voir X ou Y, enseignant ou administrateur, faire les étals des fripiers. Pour cela donc, ces derniers doivent se lever de bonne heure pour éviter les regards d’une société jaseuse. La deuxième raison pour laquelle les fripiers font leurs meilleures affaires durant la matinée est que les ballots de linges sont ouverts très tôt. Lorsqu’un ballot est fraîchement ouvert, c’est effectivement la ruée. Les plus belles affaires s’arrachent comme des petits pains, mais auparavant elles sont soigneusement examinées sous toutes les coutures. Les autres effets vestimentaires ne trouvant pas preuneurs seront exposés aux aléas du climat pendant encore de longues journées avant d’être bradés à des prix symboliques. C’est pour cela que nous avons été étonnés de voir des articles, pantalons, vestes, chemises, tricots de peau, etc.…cédés à 50 da l’unité. A ce prix il est certain que plus d’un père de famille est interpellé par ces tarifs. Il existe même des articles pour enfants et bébés en bas âge à cinq dinars pièce. Pourtant à y regarder de plus près, et vu l’état des ces effets vestimentaires, l’hygiène est loin de briller. Des taches, salissures, souillures et autres saletés sont visibles à l’œil nu sur les habits. A se demander si même lavés, les vêtements ne représentent pas un risque quelconque d’allergie pour ceux qui les porteront. En Tunisie, pays voisin, la plupart des magasins de vêtements proposent eux aussi des articles d’occasion, mais à la différence près que ces habits sont passés par les services d’un pressing. Ticket d’entretien à l’appui, les vêtements vendus sont à l’intérieur de cellophane, ne peuvent ainsi transmettre aucune maladie, ni aucun risque de contamination. La réglementation en la matière étant appliquée, les tunisiens peuvent se vêtir à moindre prix et ce, sans s’exposer inutilement aux allergies que pourraient provoquer des vêtements souillés. Au marché de Bouira, ce sont sûrement les étals de chaussures d’occasion qui attirent le plus de monde et qui font l’objet d’une attention particulière. Les godasses proposées à la vente sont parfois des souliers de marque, mais la plupart du temps, et on peut s’en apercevoir, ce sont des chaussures difformes, ressemelées et badigeonnées à la teinte noire pour paraître plus ou moins neuves. Les prix variant entre 2 500 da et 400 da la paire, il est certain que plus d’un trouve chaussure à son pied. Mais là encore, inutile de préciser que l’hygiène laisse à désirer et qu’il est extrêmement difficile de désinfecter l’intérieur des chaussures usagées. Si une réglementation existe sur la protection du consommateur, il serait grand temps qu’elle soit appliquée à tous les niveaux et surtout auprès des revendeurs de fripes.

Hafidh. B

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