“La Maison de la culture de Béjaïa porte le nom de Taos Amrouche”

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Après avoir été esquissée à Béjaïa, la question de la “réhabilitation” des Amrouche, et plus concrètement, celle de la baptisation de la Maison de la culture rebondit à la faveur de la prestation de la ministre de la Culture, samedi soir, au forum de l’ENTV. Décidément pugnace, le tabou continue à se craqueler sans se briser vraiment. “Pour votre information, la Maison de la culture de Béjaïa porte le nom de Taos Amrouche !”, rétorque, sur le ton de l’évidence, la ministre de la Culture, à un journaliste qui déplorait qu’aucun édifice culturel n’est dédié aux Amrouche.

C’est, en fait, une première nouvelle pour tout le monde ! Même si, dans le prolongement concret d’une action revendicative, menée déjà par le MCB dans les années 1990, le mouvement citoyen avait, en 2004, apposé une plaque portant le nom de l’écrivaine sur le fronton de cette bâtisse.

La baptisation officielle n’avait pas suivi. Ce n’est que par conviction ou ignorance que d’aucuns, parmi les gens des médias et de la société civile, ont pris coutume de désigner cette institution de son nom.

La litote, de Khalida Toumi, a néanmoins valeur de feu vert politique qui engage la commission des baptisations aux actes de conséquence.

Dans une initiative hardie en inédite, la direction de la culture de la wilaya de Béjaïa avait, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de l’artiste, inclut les noms de Jean et Taos Amrouche, parmi une liste de personnalités culturelles, à honorer officiellement (voir La Dépêche de Kabylie du jeudi 11 juin.)

L’initiative avait été écornée au final puisque c’était protocolairement un député, c’est-à-dire un parfait non officiel, qui avait été commis à la tâche de discerner une distinction à un représentant de la famille Amrouche.

Ce dernier qui en est sorti quelque peu humilié de cette cérémonie, se promettait de saisir le wali pour l’interpeller sur la question de la baptisation de la Maison de la culture (voir La Dépêche de Kabylie du samedi 13 juin).

Le député Mézaine Belkacem, c’est de lui qu’il s’agit, avise, dès le lendemain, qu’il entend adresser une question orale à la ministre de la Culture sur, l’ambigüité entretenue à l’égard des Amrouche et, notamment par rapport à la baptisation de la Maison de la culture de Béjaïa. Des intentions quelques peu rattrapées par la prestation télévisée de la ministre.

Khalida Toumi avait indiqué, dans une autre séquence de cette émission, que Taos Amrouche allait être honorée, à l’occasion du Festival culturel panafricain d’Alger, prévu du 5 au 20 juillet.

Soit un beau retournement de situation par rapport à l’édition de 1969, à l’occasion de laquelle, la diva kabyle avait tout simplement, été déclarée persona-non-grata. Est-ce la fin de la polémique récursive sur les Amrouche ? Pas si sûr, à voir l’hésitation qui a teinté la prestation d’une Khalida Toumi qui donnait l’impression de se hisser péniblement à hauteur de ses convictions intimes que de décider résolument. Les éventuelles échos que la commission des baptisations, traversée par de prégnants conservatismes, va réserver à ses déclarations, renseigneront sur les dispositions des autorités par rapport à la question.

M. Bessa

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