Note de voyage La ville au deux visages : Balade à travers Mulhouse…

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La ville de Mulhouse est restée pendant longtemps entre les mains des Allemands, avant que la France se la réapproprie. Etendue à l’Alsace, elle reste une région pleine de symboles et de repères dans l’histoire partagée des deux pays. C’est certes de nos jours, une partie du territoire français mais elle garde tout de l’identité allemande. A l’image du Congolais M’bolhi, qui s’est découvert une certaine algérianité à la veille du Mondial, les localités de l’Alsace française restent toutes aussi trahies par les noms à tonalité allemande qu’elles gardent à ce jour.

De notre envoyé spécial en France Djaffar Chilab

Mulhouse vit ces dernières quarante-huit heures sous la pluie. Le temps est rarement clément dans cette ville française. Globalement, elle est restée viscéralement attachée aux us et rites allemands. D’ailleurs, ça parle couramment l’allemand. C’est tellement serein, clean, ordonné tranquille… Franchement, rien à voir avec l’ambiance et le décor des autres métropoles bleu, blanc, rouge. En dehors des bâtisses du boulevard de l’Europe, sur lequel est bâtie la grande tour, les habitations ne sont pas trop élevées, à peine deux à trois étages chapeautés par des charpentes diversement colorées.

C’est peint en jaune, en violet, en vert… On se croirait face à des dessins d’écoliers. Le bitume n’a pas vraiment de place. Les chaussées sont en pavé. Des poubelles partout. Des vélos à usage public aussi. Les voitures semblent toutes équipées de mystérieux silencieux. Elles sifflent plus qu’elles ne ronronnent. Le tramway “déchire” la ville, en continue, de long en large sur un air tout aussi agréable. Les rames, quand elles ne traversent pas les spacieuses places en pavé sont enfuies dans un agréable tapis verdâtre de gazon. L’herbe, tellement propre et bien taillé incite sans cesse à une roulade, comme au bon vieux temps des cinq, six ans… Du reste, personne ne fera attention même à l’adulte qui céderait à la tentation. L’expression “De quoi je me mêle” a ici bonne place.

Elle est naturellement respectée, comme un chauffard de chez nous respecterait un feu rouge lorsqu’un motard est en faction juste à côté… A Mulhouse, si vous vous surprenez à vous attarder curieux, en plein jour, autour d’un couple, occupé à se câliner indifférent au reste du monde, à l’air libre, l’anormal, le conard dans l’affaire c’est bien vous… A comprendre que c’est là une chose courante ici. Faut dire que l’inspiration, au milieu de ces ruelles nettes, colorées et très fleuries est quasi constante. “La place des Maréchaux” est un univers qui respire l’amour propre.

La sensibilité la douceur est partout : sur les visages, sur les murs, dans tous les gestes de tout un chacun. Même les vieux n’hésite pas à lâcher leurs emplettes pour s’enlacer, et se caresser les joues, juste pour le plaisir… C’est à croire que tout le monde vit un retour d’âge… C’est charmant. Trop même ! La vie est faite d’interminables tableaux qui dégonfleraient même Hulk en pleine crise. Vous vous souvenez de la série culte “L’incroyable Hulk” ? Pour éviter des goûtes de pluie à son caniche, garçon, comme fille, n’hésitent pas à l’enfouir carrément sous sa cape… Sur les espaces publics, comme à travers les fenêtres, vous n’entendrez jamais un cri. Le long des trottoirs, il n’y a pas que les distributeurs automatiques de tickets parking. Vous pouvez aussi vous servir librement des billets de banque, tout comme des…préservatifs. Aucun risque à sortir à trois heures du matin… Et pourtant, c’est vraiment rare de croiser des sujets en uniforme. Les gens ne se font pas non plus nombreux dehors. Les commerces activent portes fermées. De la simple boutique aux discothèques bronchées. Il faut franchir les paliers pour découvrir que la ville n’est pas aussi hibernée qu’elle en a l’air. Du moins dans sa partie Ouest, du côté de “La Tour de l’Europe», “Porte Jeune», et l’esplanade de l’ex-Mairie pour ne citer que ses quartiers ou se regroupe dans une symbiose plate la classe “blanche au yeux bleus”… Et puis, il y a l’autre Mulhouse : Celle des Turcs, des Roumains, des Noirs et de vous savez qui… Les Kabyles sont de plus en plus rares. En remontant la Rue Franklin, direction le canal couvert qui accueille le marché chaque samedi, mardi et jeudi, le décor change sensiblement. Le tin brin domine subitement. Les moustaches poussent… Les blondes s’évaporent… De ce côté Est de la cité presque tout le monde est “frères”. C’est d’autres habitudes vestimentaires, et même alimentaires… Les pancartes “hallal” accompagnent toujours celles des prix. Ils sont en majorité de l’Est de l’Algérie à s’y être implantés. Surtout des Constantinois, des Sétifiens, de Jijel, Milla… Leur point de chute dans ce quartier : Le café restaurant “l’Algérie», rue Franklin. L’établissement, qui s’est mis aux horaires du Ramadan était bondé avant-hier, à l’occasion du match JSK- Al Ahly. Pas la peine de vous décrire l’ambiance : ça sentait ostentatoirement “rihat L’bled !” Et vous savez ce que c’est…

D. C.

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