Comment éviter un été «douloureux»

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Les Directions des services des forêts et de la Protection civile de la wilaya de Tizi Ouzou ont organisé, avant-hier, à la petite salle de la maison de la culture Mouloud Mammeri, une rencontre pour expliquer et donner des orientations aux responsables des deux secteurs (forêt et protection civile) présents sur le terrain afin d’éviter une saison estivale douloureuse et catastrophique comme celle vécue en 2017.

Le cap est mis cette année sur le travail de sensibilisation et le travail collégial pour limiter les dégâts. C’est donc en présence du conservateur des forêt, M. Mohamed Youcef, et le colonel de la protection civile Mohamedi Brahim que le chef de service au niveau de la conservation des forêts, en l’occurrence Skendraoui Mohamed, a pris la parole pour faire part de l’état des préparatifs de la campagne de prévention et de lutte contre les feux de forêt pour la saison 2019.

Après s’être attardé sur les régions et les communes les plus touchées par les incendies des saisons précédentes, l’intervenant citera aussi le nombre de départ de feux, le nombre d’incendies et les dégâts occasionnés en 2017 et 2018. Le constat fait ressortir, selon le colonel de la protection civile, que la saison 2018 est de loin la meilleure de toutes les saisons précédentes depuis 1962. En 2017, on a enregistré 393 incendies qui sont venus à bout de 5511 hectares de forêts, de broussailles, de maquis et d’arbres fruitiers partis en fumée.

Par contre en 2018, il a été enregistré 67 incendies qui ont provoqué seulement la perte de 161 hectares de forêts, de maquis, de broussailles et d’arbres fruitiers. La clémence de la saison de 2018 et les efforts fournis par l’ensemble des services concernés sont à l’origine de ce résultat que les autorités des forêts et de la protection civile veulent justement maintenir. Le conférencier s’est ensuite attelé à expliquer à l’assistance le plan de prévention et de lutte contre les feux de forêt. «Le dispositif repose sur trois axes principaux, il s’agit de l’acte réglementaire, de l’acte organisationnel et enfin de l’acte opérationnel».

Après avoir abordé les trois axes, l’orateur abordera les infrastructures et moyens disponibles et les actions préventives du secteur des forêts. «Dans les cadres des PSD et du PPDRI, la direction des forêts a concrétisé la construction de 65 points d’eau et à l’amendement de 188 sources et points d’eau. 1119 kilomètres de pistes ont été ouverts et 514 kilométrés ont été aménagés. Cela sans parler de postes de vigie et de travaux sylvicoles réalisés». Le dispositif de première intervention a été abordé et les différentescartes forestières de la wilaya ont été montrées sur data show.

Contraintes et recommandations

Selon M. Skendraoui Mohamed, l’animateur de la conférence, les contraintes sont multiples. Il s’agit entre autre de l’insuffisance des actions de prévention, le retard dans le déclenchement des comités opérationnels de commune et de daïra, la pression de la population, la plupart des organismes concernés par le plan feu n’assurent que rarement les permanences, à tout cela s’ajoute les difficultés d’accès pour l’intervention et le manque flagrant de moyen matériel et humain qu’enregistre le secteur des forêts.

S’agissant des recommandations, le conférencier souligne la nécessité de la tenue et du respect des permanences de jour comme de nuit à tous les niveaux du comité opérationnel. Le conférencier recommandera aussi «d’éviter l’utilisation du feu à proximité des forêts et d’équiper les moissonneuses-batteuses de cache flamme. L’ouverture de tournières autour des champs céréaliers. Les P/APC sont appelés à établir des arrêtés d’interdiction d’incinération pendant toute la saison. Le désherbage, le débroussaillement l’aménagement de points d’eau peuvent aussi éviter des dégâts monstres», a-t-il plaidé.

La sensibilisation, la meilleure manière de lutter

Pour sa part, le colonel de la protection civile, M. Mohamedi Brahim, de part sa longue expérience, a su mettre les mots justes pour inviter et inciter les chefs de brigade forestière et les chefs des unités de la protection civile à aller vers le citoyen, les comités de village, les associations pour plus de sensibilisation et pour atteindre les objectifs attendus. «Entre la théorie et la pratique c’est bien sur différent mais notre premier objectif c’est de sensibiliser, sensibiliser et sensibiliser au maximum car la cause des départs de feu vient généralement de l’humain, c’est donc lui la cible et c’est sur lui que nous devons focaliser les efforts.

Le travail collégial et l’intégration des comités de villages et des associations et du simple citoyen donnent de bons résultats sur le terrain. Je vous demande d’oser, quitte à faire du porte-à-porte, l’essentiel c’est de transmettre le message, les émissions télés, radio, les déclarations à la presse, les portes ouvertes sur les forêts et la protection civile sont autant d’opportunité qu’il faut saisir pour atteindre l’objectif.

Il faut prendre des initiatives et ne pas attendre les ordres qui viennent d’en haut» a recommandé le colonel ajoutant que : «le travail de sensibilisation doit aussi être fait en direction de ceux qui travaillent avec nous notamment les membres des comités opérationnels de commune et de daïra. Il faut aussi assurer une coordination inter services car sans cela il est difficile d’être efficace».

Le colonel a également insisté sur «le travail d’anticipation, de recensement des points d’eaux, de la vérification des moyens et matériel mobilisés pour les besoins de l’intervention». Pour terminer, un débat a eu lieu avec les chefs d’unités et de brigades qui n’ont pas manqué de soulever plusieurs contraintes qu’ils rencontrent lors de l’accomplissement de leurs missions. Le manque de moyen humain et matériel, l’intervention en nocturne, les APC qui ne jouent pas le jeu et d’autres contraintes qui compliquent la mission des soldats du feu.

Hocine T.

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