Des scénarios de sortie de crise présentés

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Quelles sont nos chances de redresser notre économie, après cette période de crise multidimensionnelle que nous vivons actuellement ?

C’est la question à laquelle l’économiste Abdelhak Lamiri a répondu, au cours de la conférence qu’il a animée, samedi, au niveau de la médiathèque de l’école de management INSIM de TiziOuzou.

Au cours de cette communication, donnée dans une salle archicomble, M. Lamiri a décortiqué les mécanismes de la corruption, qui a été, pour l’orateur, la cause principale ayant conduit au déclenchement de la révolution du 22 février. Méthodique et pédagogique dans sa démarche, il a énuméré les repères qui indiquent aux citoyens algériens si le pays entame un véritable développement. Pour lui, un gouvernement qui ne commence pas par l’instauration d’une institution d’intelligence court droit vers l’échec.

Le conférencier explique que le management basé sur l’intelligence dans tous les domaines, administratif, économique et en rapport avec la gestion des collectivités locales, est l’unique voie vers la réussite. «Il faut qualifier d’abord les institutions et les entreprises qui pourront par la suite développer le pays», résume-t-il, avant de citer l’exemple de la Chine, de l’Afrique du Sud et de la Corée du Sud.

Pour expliquer et approfondir son argumentaire, l’orateur dira que les pays développés ont une institution d’intelligence au service de la planification, qui produit les constats stratégiques cohérents et adaptés à leurs objectifs. Ils procèdent par une logique politique de développement basée sur la science et le travail, contrairement aux pays sous-développés dont la logique politique vise la pérennité du pouvoir par des procédés d’assistanat envers leurs populations.

Pour mettre au clair les mécanismes de généralisation de la corruption qui a gangrené notre pays, M. Lamiri a décortiqué les étapes concourant à généraliser cette pratique, qui tue les économies.

En fait, pour l’économiste, la corruption est une pratique qui s’impose aux personnes une fois sa mécanique enclenchée parce qu’elle appelle la règle de la primauté des mécanismes. Il explique que la corruption commence avec la règle de la première exception. La pratique trouve, ainsi, selon lui, son origine lorsqu’une personne, le Président, s’octroie le droit exceptionnel de la pratique de la corruption. La suite va s’enclencher automatiquement, ajoute-t-il, par les subalternes respectifs. Puis, on aboutit à la deuxième phase, qui se matérialise par l’évacuation du marché. A cette étape, l’administration remplace l’économie, à l’instar de la distribution des logements et ainsi de suite. Une fois cette phase généralisée, survient la troisième phase qui est, inéluctablement, l’absence de transparence, ce qui impacte dramatiquement le contrôle des dépenses.

Enfin, comme conséquence, on parvient à l’avant-dernière phase, qui est le refus du management administratif qui généralise l’absence de suivi des projets dont les financements restent sans aucune traçabilité. Ainsi, le Gouvernement se retrouve devant la fatalité de recourir au populisme qui s’impose face à la rigueur et à la logique de développement.

Après ce constat à équidistance entre l’optimisme et le pessimisme, l’économiste évoque deux scénarios : la continuité de la crise, où l’Algérie sort de la crise politique, tout en restant dans la crise économique, faisant miroiter le spectre des redressements ou, enfin, une politique d’émergence d’une transition économique parallèlement à une transition politique, qui nous mène vers d’autres horizons basés sur l’intelligence. Une issue pareille nécessite de s’inspirer de l’Afrique du Sud, où Nelson Mandela a réuni par le dialogue un consensus entre différentes parties du conflit pour une transition apaisée et sans dégâts.

Pour Abdelhak Lamiri, l’Algérie a une chance de s’en sortir, en empruntant une seule voie : celle de l’intelligence de ses enfants.

Akli N.

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