Ôte-toi que je m’y mette !

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Par Ali Boudjelil

Qu’honnit, que redoute ou que voue aux gémonies un fondamentaliste, produit de l’école fondamentale, le laïc ou l’athée ? Un simple questionnement né, au réveil d’un rêve inénarrable, suite à des propos d’un homme politique. Le religieux n’est-il pas celui-là qui, sans avoir jamais été à l’école, a appris quelques courtes sourates du Saint Coran pour prier Dieu de lui réserver une place en Son vaste Paradis ? Quant à l’athée, qui n’ignore pas que l’athéisme est une œuvre ardue, est cet individu convaincu qu’il importe de construire une belle vie pour espérer une belle mort. Quand il ose, il se met en colère et vocifère pour refuser qu’on lui parle de ce que le Diable ourdit chaque jour que Dieu fait.

Et quand il se tait, c’est pour voir ce que font les vents, les pluies, les soleils sur les cheveux de sa dulcinée. Mais à l’heure du Hirak du rationnel, c’est le laïc que le fondamentaliste veut faire taire. Le laïc est pourtant celui, quand il pratique, prie sans ostentation aucune, car convaincu de l’existence d’une force divine et de l’Horloger qui veille sur l’horloge. Et c’est lui qui est pointé du doigt parce qu’il refuse qu’un Wahhabite ou un Salafiste lui dicte, surtout en terre numide, la façon d’enterrer son père.

Car il ne peut imaginer dire adieu à sa tendre mère sans les chants de Si l’Hadj l’Hanafi, sans les poèmes de Cheikh Seid d’Alma Guechtoum entonnés par des Khouans dans les veillées funèbres. Des sages qui transmettent musicalement en vers qu’aimer Dieu, c’est aimer son pays avec ses vents, ses neiges, ses ressacs et ses rossignoles. Et c’est ainsi que les lumières qui nous viennent des étoiles et de la lune continuent de dessiner sur nos terres bénies des ombres fantastiques qui se rient des ombres fanatiques. Qu’on ose dire et avouer que la religion et la politique œuvrent, chacune dans son camp ou dans son arène, l’une à rendre la mort douce et l’autre à rendre la vie belle.

A. B.

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