Ils sont au total 310 locaux à usage professionnel qui ont été construits à Akbou, dans le cadre du projet intitulé «100 locaux par commune». Un projet qui a été initié par le Président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika. Il s’agit de deux immeubles de quatre étages chacun répartis sur deux sites, à savoir la cité Sonatrach sise tout près du marché de gros des fruits et légumes à Bouizane et l’ancienne caserne militaire située dans l’ancienne ville au lieu-dit Tournant Ouchaâlal.
181 locaux ont été, par ailleurs, distribués. «80 à 90 % de ces locaux sont fermés et non exploités», affirme Mohamed Boucherit, vice P/APC, chargé de la finance et de l’administration. Ces locaux à caractère commercial sont, à l’état actuel, dépourvus de toutes les normes pour une éventuelle activité commerciale, a-t-on constaté sur les lieux. Pire, ces derniers sont devenus, à défaut d’une bonne exploitation, des lieux de débauche. L’exemple de ceux du Tournant Ouchâalal est pertinent. D’ailleurs, plusieurs locaux ont été saccagés.
Selon des témoignages, des commerçants, faute de toilette publique, l’ont transformé en pissoir à ciel ouvert. Un père de famille bénéficiaire de ces locaux se dit «désolant» de cette situation. En effet, 150 locaux construits au niveau du marché de Bouizène sont, à ce jour, dépourvus de toutes les commodités nécessaires en termes d’électricité, de l’eau potable et d’assainissement notamment pour une activité commerciale : «Depuis leur livraison, ces locaux ont été abandonnés», fulmine ce père de famille.
Il y en a, en effet, que deux ou trois locaux qui sont actuellement occupés. Ayant ainsi bénéficié d’un fast-food via l’ESEJ, le jeune père de famille ne compte que de sa patience pour surmonter ce «marasme» : «J’ai reçu le matériel d’un fast-food depuis longtemps, mais j’étais dans l’obligation de louer un autre local pour le déposer en toute sécurité. À ce jour, je n’ai pas encore entamé mon activité. C’est inadmissible !», s’exclame-t-il.
Et c’est le même constat pour d’autres dizaines de bénéficiaires. Le cas de Menad, un jeune à mobilité réduite âgé de 32 ans, est plus qu’étonnant : «Au premier partage de ces locaux, les membres de la commission m’ont attribué un local au premier étage sans se rendre au compte de ma situation de personne en situation d’handicape», s’étonnera Menad, assis, sur son siège roulant. Il lui fallait frapper sur la table pour qu’on lui réattribue un autre au rez-de-chaussée. «C’est pour vous dire qu’il n’y avait aucune étude sérieuse pour la distribution de ces locaux», atteste-t-il.
D’autres témoignage vont droit dans ce sens : «Imagine un mécanicien qui s’est vu attribué un local au troisième étage. C’est hallucinant», s’exclame-t-on. «J’ai bénéficié de ce local en 2013 et je voulais faire de l’électro-bobinage. Nous avons réalisé quelques travaux de réaménagement, néanmoins, faute d’électricité, je ne peux entamer mon activité», regrette-t-il. Devant cette situation qualifiée de «scandaleuse», l’APC d’Akbou est pointée du doigt. «C’est aux élus de faire les travaux nécessaires», protestent les frondeurs bénéficiaires dont des femmes ayant été également mises en difficulté pour lancer leurs différents ateliers.
Selon M. Boucherit, c’est la DLEP qui est censée faire ces travaux. Cette dernière a dégagé, a-t-on appris, une enveloppe de 250 millions de centimes afin que Sonelgaz s’engage à alimenter ces locaux. Par ailleurs, un stade de proximité est inscrit par la commune d’Akbou au niveau du deuxième cite, à savoir celui du Tournant Ouchâlal pour «désenclaver cet endroit» : «Vu son isolement, le cite constitue constamment un lieu d’insécurité et de tous les fléaux», expliquera l’élu communal. Et concernant, enfin, les bénéficiaires qui n’ont pas encore exploité ces locaux, la municipalité suggère, informe-t-on, leur récupération et leur mise par la suite à «la disposition des associations sportives».
Menad Chalal