L’imbroglio

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La situation qu’endure des familles qui n’ont d’autres choix que de se refugier dans les Haouchs et de l’insupportable misère qui y sévit, implique, à première vue, la responsabilité des pouvoirs publics dans ce qu’on est en droit d’appeler une « atteinte à la dignité humaine ».

Pourtant, et quand bien même les pouvoirs, qui se sont succédés aux commandes de Bouira, avaient une grande part de responsabilité dans l’état de fait rapporté par notre journaliste, il n’en demeure pas moins que les propriétaires des Haouchs y sont pour quelque chose. C’est du moins le cas, depuis que l’actuel wali avait affiché sa volonté de faire de la résorption de l’habitat précaire et de la rénovation du vieux tissu urbain ses priorités. Cette ambition, convient-il de souligner, ne s’est pas arrêtée au stade de la volonté beaucoup de vielles bâtisses ont été démolies et de nouvelles structures ont vu le jour aux mêmes endroits. Seulement, ces démolitions et reconstructions n’ont été possibles que dans des espaces appartenant à l’Etat, ou encore là où, juridiquement, les pouvoirs publics pouvaient intervenir. En fait, cet élan est essentiellement freiné par les propriétaires des Haouchs. Usant de leur droit et, surtout, espérant tirer un meilleur profit pécuniaire de la situation, ces derniers s’opposent catégoriquement à la démolition de leurs propriétés.

Pour mieux illustrer cet imbroglio, le premier magistrat avait, lors de son passage à la radio de Bouira, donner l’exemple d’un Haouch démoli et des 18 familles (dont la propre fille du propriétaire du Haouch en question) recasées. Tout de suite après, le propriétaire a fait valoir ses droits en estant les pouvoirs publics pour « violation de propriété privée et démolition ». Il aura gain de cause et l’Etat lui versera 1,5 milliards pour dommages et intérêts. Depuis, et pour éviter toute mauvaise surprise, il a été décidé que les propriétaires s’engagent par écrit pour démolir, après recasement des familles. Des décisions administratives ont été prises et cinq propriétaires de Haouchs ont déjà accepté le principe et se sont engagés.

Il y a lieu de savoir que le RHP (résorption de l’habitat précaire) concerne les habitations représentant une menace sur la vie des locataires. Le constat de précarité est, bien sûr, établi par les services du CTC. Théoriquement, les pouvoirs publics devraient passer à l’action. Seulement, ne l’entendant pas de cette oreille, les propriétaires s’empressent d’en apporter la preuve contraire. Autrement dit, ils engagent une contre expertise leur permettant de gagner du temps et, surtout, de prolonger la misère de leurs locataires.

S.O.A

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