Qu’en est-il des autres bobos de l’hiver ?

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Il est évident que l’automédication et les remèdes de grands-mères perdent leur côte en ces temps d’effroi. Le désarroi des citoyens est tel qu’au moindre petit bobo, mal de tête, fatigue, écoulement du nez, petite toux ou autre symptôme qui ressemble ou pas aux signes préliminaires de la grippe porcine, on se précipite au centre hospitalier le plus près ou chez son médecin traitant. Du coup, on doit jouer des coudes pour avoir accès à une consultation. Même à des heures très tardives de la soirée, les urgences sont submergées de monde, généralement inutilement alarmé. Epouvantés par la menace de la pandémie qui fait des milliers de morts dans le monde, depuis quelques mois et qui a fait des dizaines de victimes dans notre pays, effrayés par la rapidité de transmission du virus, notamment vu la vitesse avec laquelle se propage la pandémie dans notre pays, rien ne peut rassurer la population, même pas l’avis du médecin consultant. On retrouve souvent les mêmes personnes dans la salle de consultation à deux jours d’intervalles ou même dans deux brigades de permanences différentes. Loin de la malice ou de la triche, la motivation de la population n’est autre que l’envie pertinente et tant vitale d’être rassuré à tout moment que la menace n’est pas aux portes. Les rumeurs de contamination de tel ou tel voisin ou habitant du même village ou quartier n’apaisent pas les peurs de la population. D’ailleurs toute personne portant un masque, uniquement pour se protéger, est dite malade. Elle est souvent mise en quarantaine elle et sa famille. On a du mal à prendre les transports en commun. Sinon, dès qu’un utilisateur de transport en commun se mouche ou éternue, on est terrorisé. On passe la journée ou la nuit à surveiller la survenue des symptômes. Dans les salles d’attente, seuls les médecins et infirmiers sont munis de masques. On ne prend même pas la peine d’en offrir aux malades attendant leurs consultations. Du coup, on part sain et on revient malade dans la plupart des cas. L’étroitesse que connaissent les salles d’attente des urgences, notamment dans les services les plus sensibles, tels la pédiatrie et autres services relatifs aux maladies chroniques, populations à grand risques notons-le, n’arrange pas les choses. Cette exiguïté est essentiellement due au nombre de patients qui y affluent continuellement et sans interruption, même à des heures très tardives de la nuit. Le personnel, entre infirmiers et médecins, semble dépassé et même tout aussi effaré que les patients. « Je suis parti il y a deux jours aux urgences de la polyclinique de notre village. Ma fille était fiévreuse et très faible. J’étais tellement effrayée que moi-même j’ai du consulter en raison des multitudes de malaises que j’ai eu en voyant ma fille aussi mal. Le simple fait de penser que ma fille, qui vit en communauté à la cité universitaire, pouvait avoir la grippe porcine, me rendait malade à mon tour. Une fois rassurée sur ma fille qui n’avait que les symptômes de la grippe saisonnière, j’ai demandé à être auscultée aussi pour mes bouffées de chaleurs et mes palpitations. Je vous assure que j’ai eu de la peine pour le médecin de garde en place. La jeune femme enceinte de quelque mois, s’est débarrassée de son masque pour respirer dès qu’elle s’est assurée que je ne présente aucun symptôme d’infection. Elle suffoquait dans son masque et elle paraissait apeurée, vu son état. Elle m’a avoué que ce n’était pas facile de travailler dans son état mais qu’elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas refuser les gardes. Je crois qu’il faut faire attention et dégager des exceptions. Si son devoir est de travailler, le devoir des autorités sanitaires est de protéger sa vie. En dehors de la menace de la grippe A, ce médecin risque d’autres infections de la saison qui lui compliqueront sa grossesse et qui mettront son bébé en danger, ainsi que sa propre santé. Nous connaissons tous les populations à risques, pourquoi contraindre cette dame à travailler au dépit de sa santé et même de sa vie ? », nous raconte Nadia, femme au foyer et maman de trois enfants. Notre interlocutrice nous parle également de l’indisponibilité des masques mais surtout de leur prix qui a quasiment doublé, depuis quelques semaines. « Malheureusement nous sommes mal vus avec port du masque ! », renchérit sa belle sœur Samira, la trentaine passée. Samira nous raconte qu’elle a tenté, il y a quelques jours, de mettre un masque pour sortir en ville. Elle a, à peine, fait quelques pas qu’elle s’est empressée de l’enlever. « Tout le monde me regardait comme si j’avais la lèpre. Le port du masque est synonyme de contamination chez nous. Pour ces motifs je suis sûre que les gens malades ne prennent pas la peine d’en porter pour protéger les autres. On se prive de protection parce qu’on a l’impression d’être montrés du doigt dès que l’on porte un masque. Les gens se retournent à votre passage et s’éloignent pour ne pas vous croiser. Il faut dire que c’est pratique quand on est pressés et qu’on n’arrive pas à se frayer un chemin dans la foule qui peuple la ville à certaines heures de la journée ! », plaisante Samira qui a du prendre le volant, il y a quelques jours, alors qu’elle n’est pas vraiment au point en termes de maitrise de la conduite. Elle refuse dorénavant de prendre les transports en commun avec son fils âgé d’à peine 18 mois. Elle a essayé de lui mettre un masque mais peine perdue, il ne le supporte pas. Les quelques secondes de surprise, à peine passées, le petit a arraché son masque vite fait. Samira a beau rembarrer les gens qui, malgré le climat de psychose, tentent quand même d’embrasser son fils dans la rue, elle n’arrive pas à être désagréable avec tout le monde. « J’ai l’impression de vexer quand je parle gentiment de menace de grippe aux gens qui embrassent mon fils dans la rue. On parle de la grippe A sans cesse, tout le monde connaît les risques et les modes de contamination, on limite les embrassades entre collègues et amis, on vide les étals des pharmacies en produits désinfectants et antibactériens, on se protège avec un châle, mais on se permet de l’enlever pour quelques secondes et faire courir un risque à un bébé de 17 mois ! C’est grave ! », se plaint Samira qui a été contrainte de prendre le volant pour se protéger et protéger son fils des gestes audacieux des gens dans la rue. Elle a déjà assez de mal avec les interminables rhinopharyngites de son môme. Les poussées dentaires de son petit, à elles, seules, lui procurent bien des frayeurs. Les fièvres qui accompagnent la sortie de chaque dent sont déjà un motif d’une virée chez le pédiatre. Depuis, l’apparition de la grippe A H1N1, elle est abonnée chez le pédiatre de son fiston. En dehors des auscultations, elle casse la tête à son pédiatre au moindre bobo. Elle n’est apparemment pas la seule, puisque le pédiatre de son fils lui a confié que le cabinet ne désemplit plus depuis quelques mois. Ces dernières semaines sont plus chargées que les autres, du fait de l’apparition des habituelles maladies saisonnières. Mais les symptômes étant un peu similaires à ceux de la grippe A, les parents s’affolent et n’hésitent pas à faire ausculter leurs enfants. Et c’est tant mieux parce que ça fait éviter bien des complications. Certains symptômes se ressemblent et les parents habitués à l’automédication, passent souvent à côté de la plaque et donnent à leurs enfants des traitements dont ils se passeraient bien et qui sont d’aucune utilité pour eux. Ils perdent aussi du temps et donnent l’occasion à l’infection dont souffrent leurs enfants d’empirer. Les remèdes de grands-mères qui sont également largement utilisés dans notre région ne sont pas toujours efficaces et ne viennent as à bout des infections. Elles ont généralement le mérite de requinquer les malades et de leur donner du tonus mais ne traitent en aucun cas l’infection, d’où les rechutes qui surviennent souvent après une période de semblant de rétablissement. Le climat de panique que connaît la région oblige la population à reprendre le chemin des dispensaires et des médecins, pour écarter tout doute et tout risque.

Les infections saisonnières sont multiples mais jadis prises à la légère. D’ailleurs, les déclarations des spécialistes quant aux décès liés à la grippe ordinaire, dite saisonnière, ont donné une douche froide à ceux qui ne savaient pas que la grippe pouvait faire autant de morts que la grippe A H1N1, certaines années. On ne se doute pas qu’une simple grippe puisse tuer. Depuis l’apparition des pandémies lies au virus de la grippe, les gens sont mieux informés qu’avant. Ils font même des recherches sur la question. le médecins sont submergés d’interrogations sur les différentes infections et multitudes de bobos que l’on encoure durant la saison de froid. C’est ainsi, que l’on apprend que les maladies dites d’hiver sont multiples et aussi désagréables les unes que le autres. Si en été on parle d’intoxications, de gastro-entérites, de déshydratation, d’insolation et autres souffrances relatives à la saison estivale, en hiver nous parlons plutôt de rhume, de grippe, de toux, rhumatisme, d’angines…et la liste est longue ! Le gros concerne les maladies chroniques, ORL et rhumatismales, ceci dit. Comment faire face à ces désagréments de l’hiver ? Tous nos interlocuteurs et témoins, notamment des médecins, sont unanimes sur la nécessité de la prévention en cette saison glaciale et propice aux infections. Quand on sait que les enfants sont candidats à une soixantaine d’infections avant d’avoir bouclé leurs six années, il est plus que nécessaire d’adopter une hygiène de vie à même de protéger notre entourage de ces infections aux milles désagréments. Il est indispensable pour commencer d’assainir la maison et d’avoir un espace vital le plus pur possible. Le froid nous contraint souvent à nous enfermer à la maison et souvent à garder nos enfants avec nous dans cet espace fermé et sans air frais. Il est vrai que c’est difficile de penser à aérer la maison quand il fait moins de 5 degré dehors, mais il le faut. Pour ne pas se brusquer, il faut alterner l’aération des pièces, à raison d’une dizaine de minutes chacune quotidiennement. Comme en été où il faut éviter le soleil à certaines heures de la journée et l’exposition abusive, en hiver l’exposition prolongée au froid n’est pas conseillée aussi. Les virus se propageant et évoluant plus facilement en basse température guettent le froid pour attaquer tout ce qui bouge dans les parages. Les enfants en bas âge sont plus sensibles, du fait qu’ils bougent peu et sont plus exposés à l’hypothermie que les adultes. Les enfants doivent alors être convenablement vêtus. Les idées reçues qui disent que les enfants sur-vêtus sont plus exposés aux maladies sont à bannir. Un enfant doit être bien couvert. On doit veiller aussi à le faire bouger pour qu’il génère de la chaleur de son propre corps. Il faut penser à les changer si leurs vêtements sont humides, en cas de pluie. En cas d’infection dans l’entourage, on ne répétera jamais assez que l’hygiène est la seule arme contre la contamination et la propagation des germes. Les gels hydro alcooliques qui ont fait leur apparition, depuis l’arrivée de la grippe A H1N1, sont des moyens sûrs quand on est loin d’un lavabo et qu’on n’a pas accès à un savon. Ces derniers étant les moyens les plus efficaces pour éliminer tout germe qui s’aventure à nous attaquer. Il faut dire que les infections, de par leur caractère contagieux, n’ont d’ennemis que l’hygiène. Le toucher étant le principal canal de contagion, il est indispensable de se désinfecter régulièrement et apprendre à le faire même hors menace de pandémie. On évitera bien des maux. Il faut prendre le soin de faire laver les mains aux enfants et leur apprendre à le faire aussi régulièrement que possible dès qu’ils sont en âge de le faire. il faut dire que l’hygiène n’est pas notre fort. On voit des gens se moucher à même les doigts dans les transports en commun et utiliser le bouton d’arrêt ou les poignées de sécurité sans gène ! Ces même personnes donneront des poignées de mains à leurs amis et proches sans même savoir que ces derniers risquent des infections à cause d’eux. L’inconscience peut même les amener à serrer leurs enfants et même les nourrir avec ces mêmes mains chargées de germes. L’hygiène est une question de culture et d’éducation. C’est aussi une question de civisme en ces temps de menace. Une menace que seule la prévention peut écarter. Parmi les principaux aspects de la prévention, on peut enfin évoquer le tonus et la forme indispensables pour lutter contre les risques d’infections. Un corps fatigué, faible et mal entretenu ne peut pas facilement lutter contre une infection. Il est indispensable de se préparer pour la saison et ses aléas. Il est connu que les graisses luttent mieux contre le froid. L’alimentation de l’hiver diffère d’ailleurs de celle des autres saisons. En hiver nous avons bien besoin de faire le plein d’énergie. Un organisme est éreinté plus sensible aux coups de froids et autres agressions de l’hiver. Pour être en forme, il faut d’abord et avant tout bien dormir. Une nuit blanche ou agitée peut se rattraper avec une bonne sieste, quand c’est exceptionnel bien entendu. Essayer de déstresser au mieux et manger sain est utile. L’alimentation peut s’avérer un bon remède contre bien des maux.il est bien entendu difficile de manger à sa faim, quand on est au SNMG et qu’on a une famille à sa charge, mais en dehors de la viande et des poissons qui sont recommandés pour les bourses qui les supportent, il existe une multitude d’aliments pas cher mais qui sont tout aussi efficaces pour aider le corps à se munir d’une défense efficace. On peut parler des légumes qu’il faut consommer à volonté. On préconise aussi les potages à base de légumes frais et secs. Les lentilles et autres fayots sont aussi abordables qu’efficaces. Ils ont aussi le mérite d’être bons. Il est aussi recommandé de consommer des fruits. L’orange, fruit de saison par excellence regorge de vitamine C, apte à donner du punch et à effacer toute indolence et paresse. Les remèdes de grand-mère ont d’ailleurs leur place dans la prévention. On nous donne bien des tisanes de tout genre pour remédier à une grippe ou éventuelle toux rebelle. Il faudra par contre dans ce cas-là penser à en prendre pour favoriser un bon sommeil ou se prélasser un peu devant le feu durant les longues journées d’hiver. Histoire de prendre mieux les choses, la grisaille favorisant le stress et la mélancolie. Les belle préparations de nos grands mère et mamans à base de figues sèches et d’huile d’olive peuvent aussi être utilisées pour se donner un grand coup de pouce le matin au réveil. Nos grands-mères faisaient mariner des figues sèches dans un bol d’huile d’olive pure, des semaines voire durant les mois, et le donnaient à leurs enfants et petits-enfants en guise de remède contre la toux. Aussi efficaces, la préparation mélange moitié citron, moitié miel. Certains chauffent ce mélange avant de le consommer juste au coucher. Tout un chacun connaît également le mélange miel, amandes moulues, grains de nigelle moulue. Rien de meilleur pour se donner un plein d’énergie. On y ajoute également du gingembre moulu en petite quantité de par son amertume et des lentilles moulues également pour les anémiques. Mais si tous ces remèdes sont efficaces pour requinquer la forme, ils ne sont pas à même d’éliminer une infection. Les médicaments sont les seuls remèdes dans ce cas là, sinon gare aux rechutes. Si l’automédication est fortement déconseillée, il existe une multitude de produits dont il ne faut jamais en manquer à domicile. Une petite boite à pharmacie doit immanquablement exister dans chaque foyer, notamment avec des enfants en bas âge. Elle doit contenir au minimum des antipyrétiques pour faire baisser la fièvre et des antalgiques pour soulager les douleurs, un flacon d’eau de mer pour déboucher le nez des petits, un mouche bébé pour le soulager, des pastilles ou un sirop pour les maux de gorge, un sirop antitussif pour calmer la toux. Le tout doit être acheté sur avis médical. Et ne jamais en prendre sans appeler son médecin. Un traitement qui nous a été prescrit dans un contexte donné ne peut être renouvelé aléatoirement. Même l’automédication doit être visée et surveillée.

Samia A. B.

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