«En finir avec l’image de cafés maures !»

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Depuis son installation à la tête de l’institution, en mars dernier, le nouveau directeur de l’ODEJ a mis en œuvre une nouvelle politique de gestion. Dans cet entretien, il revient avec plus de détails sur sa nouvelle approche et les nombreux programmes de divertissement mis en place.

La Dépêche de Kabylie : Que peut-on dire de l’ODEJ en guise de présentation ?

M. Hamal Hocine : L’ODEJ a été créé après la réforme du secteur de la jeunesse et des sports en 2007. Nos établissements sont publics, à caractère administratif disposant d’une autonomie financière et du statut de personne morale, mis sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports. Parmi nos nouveaux objectifs, je citerai notamment, la gestion des établissements de jeunes implantés à travers la wilaya et la prise en charge de l’aspect social et psychologique des jeunes. Nous devons aussi collaborer de très près avec les associations locales, notamment dans l’organisation et l’encadrement d’activités de divertissements au profit des jeunes, ainsi que des manifestations scientifiques et culturelles. Nous ouvrons également nos établissements aux jeunes pour leur permettre d’accéder à l’information, notamment via internet ou au niveau des bibliothèques. Nous avons aussi une mission importante, celle de la sensibilisation des jeunes, notamment contre les fléaux sociaux. Le développement des initiatives, les échanges socioculturels entre les wilayas et l’organisation de séminaires de formation et autres activités culturelles et sportives font aussi partie de notre mission. Bien sûr, notre rendement et nos programmes sont soumis à des évaluations régulières par nos équipes et par notre tutelle et nous veillons à chaque fois à améliorer la qualité de nos services. Pour les établissements de jeunes qui relèvent de la gestion de l’ODEJ, ils sont au nombre de 73, dont des maisons et des auberges de jeunes, des centres culturels, des complexes sportifs de proximité (CSP), salles polyvalentes, centres de vacances, centres de divertissements scientifiques, rayons d’accueils et les cellules de proximité. En gros, nous sommes présents au niveau des 45 communes de la wilaya et nos établissements sont tout le temps ouverts aux jeunes de chaque localité.

L’ODEJ s’est aussi attelé à de nouvelles missions, notamment des campagnes de nettoyage…

Effectivement, nous avons tracé un programme global de campagnes de nettoyage des lieux publics, à l’échelle de toute la wilaya. Avec l’accord et le soutien du wali, M. Mouloud Chérifi, nous avons entamé ces campagnes depuis près de deux mois avec bien sûr l’implication des jeunes adhérant à nos établissements, mais aussi celle des citoyens de chaque localité ciblée. Pour chaque campagne de nettoyage, nous mobilisons au moins 200 jeunes issus des différentes communes de la wilaya. Nous avons entrepris des campagnes dans pas moins de 36 communes. Nous avons aussi participé à l’ensemble des campagnes initiées par la wilaya où par les comités des quartiers. Nous ne nous sommes pas contentés du nettoyage uniquement, mais nos jeunes ont participé à des campagnes de sensibilisation pour la préservation de l’environnement et de plantation d’arbres. Je signale, aussi, que nos jeunes se sont engagés à participer à tous les volontariats, initiés soit par les autorités soit par les citoyens eux-mêmes. Et nous sommes à chaque fois accueillis avec beaucoup de respect et une grande mobilisation à nos côtés. Nos jeunes bénévoles profitent aussi de ce genre de campagnes, pour découvrir leur wilaya. Nous organisons d’ailleurs des petites sorties touristiques ou des pique-niques collectifs après chaque campagne de nettoyage, comme ce fut le cas à Tikjda, M’Chedallah (Tala-Rana) et Aïn-Bessem (barrage Oued Lek’hal).

On en arrive au programme d’animation du Ramadhan…

Chaque année, l’ODEJ de Bouira prépare en effet un riche programme d’animation des soirées ramadhanesques. Et il n’y a pas que les jeunes qui en bénéficient, mais aussi des familles qui se retrouvent et passent des moments agréables dans nos établissements. Pour cette année, notre objectif est d’étendre nos programmes d’animation à l’ensemble des communes de la wilaya, car avant l’ODEJ n’était présent qu’à Bouira ville. Nous avons donc prévu un programme qui sera appliqué dans l’ensemble de nos établissements et dans les 45 communes, avec bien évidemment l’implication des associations et d’autres organismes. Il s’agit entre autres de l’organisation de compétitions religieuses, culturelles et sportives au profit des jeunes. Des animations artistiques seront aussi assurées par des chanteurs locaux, au profit des familles. Des espaces internet et des salles de musique seront également ouverts pour une longue période. En parallèle à ces animations, nos adhérents et nos cadres restent impliqués dans le travail de volontariat pour ce mois de Ramadhan, notamment au niveau des restaurants Iftar, à travers toute la wilaya. J’ai donné aussi des instructions fermes pour l’ouverture continuelle de nos établissements aux jeunes et pour la mise à disposition de l’ensemble de nos moyens au profit des associations. L’objectif souhaité est d’effacer cette image de ‘’cafés maures’’ qu’offraient nos établissements et de nous impliquer davantage dans la vie quotidienne et les espérances de nos jeunes, non-seulement durant ce mois de Ramadhan, mais tout le long de l’année.

Vous êtes aussi dans «Le plan bleu» pour la période des vacances scolaires…

Effectivement, un autre plan d’animation est prévu pour cette période de vacances scolaires, qui sera lancé dès la fin du mois de Ramadhan. Il est réparti sur deux volets : le premier concerne les excursions groupées et quotidiennes et le deuxième ce sont les colonies de vacances. Pour le premier chapitre, nous allons en effet, organiser des excursions quotidiennes, en collaboration avec les ligues sportives locales, vers les plages des wilayas limitrophes au profit des jeunes de l’ensemble des communes. Selon nos prévisions, pas moins de 5 000 jeunes bénéficieront de ces sorties. Concernant le deuxième chapitre, des colonies de vacances, l’ODEJ de Bouira a bénéficié cette année, grâce à une subvention du ministère de la Jeunesse et des sports, de 1 000 places réparties sur des camps dans les wilayas de Tipaza, Alger, Boumerdes et Béjaïa. L’ODEJ de Bouira prépare aussi un autre camp de jeunes à Jijel, avec une capacité de 1 200 places pour une durée de deux mois.

Récemment, le wali vous a confié la gestion d’une partie de la forêt récréative d’Errich. Qu’avez-vous prévu pour l’exploitation de cet espace de détente?

En effet, le wali vient de nous adresser sa décision, pour l’attribution d’une superficie d’un hectare, de cette forêt limitrophe de la ville de Bouira. Nous avons immédiatement pris contact avec plusieurs entreprises privés sur le territoire national, spécialisées dans l’animation et le divertissement, pour étudier toutes les possibilités d’exploitation de cette superficie. Je peux vous annoncer que nous sommes sur le point de conclure un accord avec deux entreprises privées des wilayas de M’sila et Béjaïa, avec notamment l’élaboration d’un riche cahier des charges au profit des familles bouiries. Selon nos prévisions, ce programme sera mis en application à partir de la troisième semaine de ce mois de Ramadhan.

Dans ses sorties de proximité, le wali insiste également pour le transfert de la gestion des établissements de jeunes à des associations locales…

Je profite de cette occasion pour saluer les efforts du wali de Bouira pour application d’une politique de proximité. Et c’est justement dans ce sens qu’il plaide pour une ouverture de la gestion de nos établissements au profit des associations, et par ricochet aux jeunes. C’est la même politique adoptée par le ministre de la Jeunesse et des sports, M. Ould Ali EL Hadi. A Bouira, nous essayons toujours de trouver des associations sérieuses, compétentes et crédibles et nous étudions actuellement plusieurs propositions à l’échelle de la wilaya. En guise d’essai, nous avons conclu un accord avec une association de la commune d’Ath-Mansour, qui gère actuellement la salle polyvalente locale et s’occupe de l’organisation et de l’animation. Notre administration s’occupe uniquement du volet financier et administratif. Je pense que l’exemple d’Ath Mansour est une réussite et on travaillera sans relâche pour le reproduire au niveau de toutes nos structures.

Et pour les programmes d’échanges avec d’autres wilayas ?

Nous travaillons selon des accords signés au préalable avec les wilayas d’Adrar, Jijel et Sétif. Nous avons reçu l’hiver dernier près de 100 jeunes de la wilaya d’Adrar et nos jeunes se sont déjà déplacés dans les wilayas de Jijel et Sétif. En attendant la réception des jeunes de Jijel et Sétif à Bouira et le déplacement de nos jeunes à Adrar l’hiver prochain, nous pensons déjà à engager de nouvelles conventions avec d’autres wilayas du pays.

Avez-vous bénéficié de projets pour réaliser de nouvelles structures ou pour réhabiliter les anciennes ?

Nous avons un programme de réhabilitation de plusieurs structures, à l’image de la salle polyvalente de la commune d’Ouled Rached et celle d’Aomar, d’une maison de jeunes à Lakhdaria et une autre à Zbarbar. Comme nouvelles structures, nous attendons la livraison du centre de vacances du barrage Tilesdit à Bechloul et d’une nouvelle maison de jeunes à Haïzer.

Un dernier mot pour conclure…

Je m’adresserai aux jeunes de la wilaya, pour leur demander d’adhérer en masse à nos établissements et à s’organiser en associations, car nous serons toujours présents pour les aider et les accompagner pour réussir leurs projets et leurs objectifs.

Entretien réalisé par Oussama Khitouche

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