Au moins une trentaine de familles continue à occuper des maisons qui menacent ruine, au niveau de l’ancien camp de regroupement de Ben Haroun-Ouest, dans la commune de Djebahia, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de la wilaya de Bouira. Pour rappel, les familles des actuels occupants du site, furent déplacées par l’armée française au début du mois de septembre 1958 dans ce camp de regroupement, suite à une opération militaire menée sur les hauteurs de Djebahia.
Ils ont été ainsi placés dans ce camp de regroupement, communément connu sous le nom de ‘’Chaâbat El-Akhira’’. Aujourd’hui encore et plus de 57 ans après l’indépendance, des familles entières continuent à vivre à l’intérieur de ce camp, et leurs conditions de vie sont lamentables et déplorables. À commencer par l’état des anciennes maisons en terre qui menacent de s’effondrer sur les têtes de leurs occupants à n’importe quel moment, et qui souffre aussi de l’absence de l’eau potable, de l’électricité et du gaz naturel.
À l’intérieur de ce camp, des glissements de terrain menacent aussi les maisons, dont les structures sont déjà affaiblies: «Nous vivons dans des conditions difficiles et lamentables, sans la moindre commodité, à l’image de l’eau potable, du gaz ou de l’électricité. La principale route qui mène vers notre quartier est dégradée et les véhicules ne peuvent pas l’emprunter, sans parler des petites routes à l’intérieur du quartier. Pour nos besoins en eau potable, nous sommes obligés de recourir aux vendeurs des citernes d’eau que nous payons à plus de 1500 DA l’unité.
Pour l’électricité, nos foyers sont raccordés illicitement à partir des maisons du quartier voisin et ce, d’une manière anarchique», se désole Ami Ahmed, l’un des premiers occupants de ce quartier. Ce dernier déplore l’indifférence et l’absence de réaction des autorités locales face à cette situation, malgré les nombreuses protestations des habitants. «En hiver comme en été, nous vivons la peur au ventre avec ce risque de voir l’une des maisons s’effondrer. Les infiltrations d’eau font légion en hiver, alors que certaines maisons ne sont même pas dotées de toilettes ou de douche !
En été, c’est le risque des scorpions, des reptiles et des rongeurs qui nous guettent quotidiennement (…) malheureusement et malgré notre détresse, toutes nos sollicitations et nos demandes adressées aux autorités locales, aucun responsable n’a daigné réagir pour nous faire sortir de ce marasme et de cette situation intenable!» La solution proposée en 2016 par l’ancien wali de Bouira, Nacer Maaskri, qui consiste en la démolition de l’ensemble des maisons de ce camp, et leur remplacement par de nouvelles maisons groupées, qui seront réalisées avec l’aide des pouvoirs publics et l’apport des habitants, s’est heurtée à l’opposition des propriétaires du terrain sur lequel a été bâti ce camp de regroupement.
Une procédure judiciaire a été entamée par l’ancien maire de Djebahia, et l’opération de démolition a été suspendue au grand dam des occupants de ces maisons, qui attendent toujours la relance des procédures. «Trois années après, nous n’avons toujours pas de nouvelles sur le projet des habitats groupés et nous attendons toujours une action des responsables concernés pour nous faire sortir de ces taudis avant qu’il ne soit trop tard ! Les responsables locaux peuvent inscrire d’autres projets pour nous reloger», souhaite un autre habitant de ce camp.
Oussama Khitouche

