«Le 5 janvier, on fera décoller le Zénith»

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Le chanteur kabyle, Mohamed Allaoua, évoque, à travers cet entretien, son prochain concert au Zénith de Paris, programmé pour le 05 janvier à 16 heures. Il aborde aussi plein d’autres questions, notamment son actualité et ses projets futurs.

La Dépêche de Kabylie : Est-ce que vous êtes stressé à l’idée de vous reproduire pour la 5ème fois sur la scène du Zénith ?

Mohamed Allaoua : Certes c’est la cinquième fois que je me produis au Zénith, mais il faut dire que ça me stresse à chaque fois même si je sais que ce sera encore grandiose. J’ai toujours envie de donner le mieux à mon public. Ce qui fait qu’il y a cette pression pour réussir le meilleur rendez-vous possible. Ce n’est pas une chose facile. Vous savez, à chaque fois que je monte sur scène j’ai le trac. C’est vrai que ça se passe bien à chaque fois, mais rien n’empêche je stresse toujours. Ce n’est qu’après quelques instants de communion avec le public que je me lâche. Et après je m’éclate comme un fou qui retrouve ses potes. Y’a des trucs qui ne se racontent pas. Par exemple quand je vois tous ses bras tendus vers moi et ces mains qui s’agitent, je me sens proche de tout un chacun. Là le stress disparaît et j’ai envie de rendre à ce public qui est là qui est venu me partager ce spectacle. A un certain moment tu sens pousser des ailles. Y’a tellement de joie et de bien être qu’on sent parfois qu’on est capable de faire décoller le Zénith. C’est ça la magie des grandes salles et du grand public.

Peut-on savoir ce qui vous fait autant stresser ?

Au fait, j’ai pratiquement peur sur tous les plans. Malgré que mes spectacles au Zénith sont toujours bien organisés, mais je flippe surtout à l’idée que le public ne puisse pas se déplacer, qu’ils cessent de m’aimer et par conséquent, je me retrouverai sans fans. Il faut préciser que ce genre de sentiment est tout à fait normal. Pour moi, un artiste qui n’a pas le trac avant de monter sur scène, n’en est pas un.

Rares sont les artistes qui ont débuté dans le style andalous et se sont reconvertis dans un autre style musical comme vous, ce fut un choix ?

Il existe beaucoup d’écoles de formation dans la musique Chaâbi à Alger, mais je considère que le style andalous comme la base de la musique. Il faut dire qu’avant, les artistes se formaient dans cette discipline avant d’aller vers le Chaâbi. Personnellement, j’ai commencé par me former dans cette discipline car je la considérais comme la base. Je tiens à préciser également que j’ai appris beaucoup de choses, notamment la maîtrise de plusieurs instruments et par la suite, j’ai débuté ma carrière dans la musique kabyle.

Quand on entend certaines de vos chanson, on ressent un certain engagement mais cela passe parfois inaperçu, est-ce que vous vous en êtes rendu compte ?

Oui je me suis rendu compte mais ce n’est pas tout le monde qui me dit ça. Je vous cite pour exemple Chérif Kheddam, qui est un pionnier de la musique Kabyle, il fait un travail exceptionnel dans le domaine musical et a des textes quelque peu engagés, mais les gens l’aiment pour son travail musical et non pas pour son engagement. Idem pour ce qui est d’Aït Menguellet. Je ne me compare pas à eux, je voulais juste citer des exemples. Dans mon cas, j’essaye de joindre l’utile à l’agréable en composant de belles chansons tout en ayant un message précis. En réalité je ne suis pas trop dans la musique de fêtes. J’ai à peine quelques chansons dans ce style, les autres sont consacrées soit à l’amour soit à la cause berbère. Je citerai pour exemple la chanson « Adyughal esser tamurt » qui a été utilisée pour la réconciliation, tandis qu’elle a tout un autre sens. En se concentrant sur la suite des paroles, on se rend compte que je parlais de Massinissa Guermah. J’essaye de faire passer mes messages avec des chansons rythmées.

Vos chansons connaissent toujours un succès dès le début, pourquoi selon vous ?

Franchement, je ne sais pas quoi vous dire car tout est une question d’inspiration. En premier lieu, je me base sur la musique puis par la suite, je me concentre sur le sujet. Je précise que beaucoup de paroliers m’aident parfois dans ce domaine, notamment Jugurtha et Hamid. Dans mes albums, j’ai toujours deux où trois chansons rythmées et celle que je choisi est souvent celle qui a le plus de succès par la suite.

Dans votre carrière, vous avez touché à plusieurs styles…

Oui c’est vrai. Il faut dire que lorsque j’ai commencé ma formation dans le style andalou, je n’avais que neuf ou dix ans, alors en grandissant, je me souvenais toujours de ces chansons et je me suis dis, pourquoi pas une chanson kabyle dans le style andalou. Ainsi, j’en ai composé une dans ce style musical que j’aime beaucoup. Pour moi, sincèrement, le domaine artistique n’a pas de limite. Si je pouvais, j’aurais touché à tous les styles existants dans le monde. Tout est une question de moyens. A présent que je me suis établi à Paris, il y a tout ce qu’il faut pour composer dans les différents styles, notamment les musiciens. J’aime varier dans les instruments.

Vous avez rendu hommage à plusieurs artistes dans vos chansons, notamment à Brahim Izri…

Brahim Izri est une personne que j’estimais énormément. Je ne le connaissais pas personnellement mais pour moi c’était un grand artiste et un connaisseur de la musique. J’ai tenu à lui rendre hommage par le biais de mon travail en reprenant une de ses chansons, dans laquelle j’ai cité Lounès Matoub, Slimane Azem et El-Hasnaoui. Mais il faut dire qu’il mérite bien plus que ça.

Dans la musique kabyle, vous préférez écouter les nouveaux ou les anciens chanteurs ?

J’écoute un peu de tout. Certes, j’ai des petites préférences mais j’aime tout ce qui est musique Kabyle. J’ai appris énormément des anciens, que ce soit pour la langue, la musique ou les arrangements entre autres. Chez nous, chaque artiste a son point fort. Prenez par exemple Idir, son truc à lui c’est les arrangements, Ait Menguellet c’est le verbe…  Ils sont nombreux et je ne pourrai pas tous les citer, mais je dirai que nous avons de grands artistes.

Dans vos chansons, vous vous adressez aux jeunesspécialement où à toutesles générations ?

Vous savez, chacun a sa génération. Peut être que j’ai beaucoup plus de fans jeunes, mais j’essaye de satisfaire tout le monde. De plus, d’après ce que je vois à travers le public qui assiste à mes spectacles, j’ai constaté qu’ils sont de tous les âges vieux, jeunes et moins jeunes. Mon but à moi est de toucher toutes les générations.

Quels sont vos projets ?

Et bien mon grand projet, actuellement, c’est le Zénith prévu donc pour le 5 janvier prochain. C’est à partir de 16 heures. Par la suite, j’ai un autre grand spectacle au Canada, et au retour j’entamerai une tournée en France.

Peut-être un nouvel album aussi ?

Oui, c’est certain. Sauf que pour l’heure je ne peux avancer d’échéance de sortie. Disons que c’est un chantier engagé.

Entretien réalisé par Samira Bouabdellah.

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