Accueil Culture L’ouvrier et l’intello, ou la sagesse par l’absurde

THÉÂTRE - Sin-nni, de Mohya, présentée au TRTO : L’ouvrier et l’intello, ou la sagesse par l’absurde

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La pièce théâtrale Sin-nni a été jouée, dans l’après-midi du samedi dernier, au théâtre régional Kateb Yacine, en hommage au dramaturge Mohya.

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Une assistance nombreuse était présente. La pièce s’est déroulée dans une cave d’un bâtiment quelque part en France, louée par deux Algériens : l’un est intellectuel (rôle joué par Allali Mohand Ou Idir) et l’autre ouvrier (rôle assuré par Rahmouni Ouizen). Les deux se sont rencontrés par hasard. Les deux personnages s’entendent à merveille mais se mettent de temps en temps en conflit sur certaines idées. Le départ de l’ouvrier vers la France est tout à fait logique. Il a fait ses comptes : travailler dur, faire des économies et revenir au bled pour construire une nouvelle maison et des locaux commerciaux (un bazar) pour soulager ses parents, sa femme et ses enfants. Quant à l’intellectuel, cela n’échappe à personne : «Je suis méprisé, menacé même pour mes écrits, alors je suis ici en ma qualité de réfugié politique». À entendre le mot politique, l’ouvrier sursaute et crie : «Quoi ! Tu fais de la politique et moi je suis resté avec toi !». Le nouvel an est célébré dans la cave : boisson, musique, danse… Les comédiens ont admirablement assuré leurs personnages respectifs : celui du soulard par la voix, les hoquets, vacillements… L’intellectuel le fait plus ou moins avec réserves. Les sirènes de minuit annonçant la fin de 2018 se firent entendre dans tout le pays et la fête commence. Un long moment de défoulement avec musique et chants : français, anglais, arabe et surtout kabyle avec la troupe Idhebalen qui a réveillé la salle qui n’a pas cessé de crier et d’applaudir. Profitant de cette cohabitation, l’intellectuel soumet son projet d’écriture d’un roman sur son ami l’ouvrier : «J’écris un livre sur toi. Tu seras connu dans le monde entier même aux États-Unis…». L’intellectuel n’a pas fini de parler que son ami l’ouvrier est déjà mis en boule : «Tu écris un livre sur moi et tu ne me l’as pas dit avant ! Tu diras qu’il n’y a pas de mouches ici, que le train arrive à l’heure et que… Tu diras aussi qu’il a laissé la prière en arrivant en France». La température monte, le ton aussi et les nerfs se chauffent. C’est la dispute ! L’ouvrier lui prend le livre et menace de le déchirer, alors l’intellectuel prend la peluche de l’ouvrier et menace de la déchirer. Chacun passe à l’acte. De la peluche s’envole des billets de banque. C’est dans le ventre de cette peluche qu’il cachait son argent. Livre et billets sont déchirés. Les deux amis ont tout perdu. Ils passent à l’irréparable : le suicide.

M A Tadjer

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