…Moins intenses à Bouira

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La célébration du 34e anniversaire du printemps berbère à Bouira, coïncidant avec le 20 avril, intervient dans une conjoncture politique particulière et dans un climat un peu tendu, né des élections présidentielles de jeudi dernier. Un climat qui a, quelque peu, occulté l’évènement que la région berbérophone accueillait, jadis, en grande pompe. Hier, à la veille de la célébration, rien ou presque n’indiquait que l’on s’apprêtait à accueillir un évènement aussi important que le printemps berbère. D’Aghbalou à M’Chedallah, en passant par Chorfa et Raffour, l’ambiance était plutôt morose et le cœur n’y ait pas à la célébration. En effet, au niveau des agglomérations qui présentent toujours les signes des affrontements entre les jeunes de la région et les forces anti-émeute, survenus le jour du scrutin, le cours normal des choses reprend progressivement. Le calme et la sérénité commencent à revenir parmi la population locale, en attendant que le bitume soit débarrassé des débris de verre, pierres, traces de pneus brûlés et autres objets de fortunes, jonchant la RN15. Pris de court par les évènements de la veille, beaucoup d’acteurs associatifs n’ont pu confectionner des programmes de célébration à la hauteur de l’évènement. Des acteurs qui n’avaient, pourtant, jamais raté aucun rendez-vous, en tenant à chaque année à marquer une halte pour rappeler à la souvenance le 20 avril, mais aussi pour rappeler le combat de toute une région et une génération de militants pour la reconnaissance de l’identité et de la culture amazighes. Ceci dit, une association culturelle en l’occurrence celle d’Ighil Zougaghen, dans la commune de Haïzer, une des rares associations à marquer cette année l’événement à Bouira, a prévu une semaine culturelle pour célébrer le double anniversaire du printemps berbère et du printemps noir. Entre autres activités prévues, une conférence-débat sous le thème « l’esprit du mouvement 1980 », sera assurée par Saïd Khelil, un acteur d’avril 80. Mais une chose est sûre, les cours seront suspendus, aujourd’hui, le temps d’une journée, dans la quasi-totalité des établissements scolaires de la région berbérophone de Bouira, pour laisser place à des animations et à des activités commémoratives du printemps berbère. Cependant, une marche populaire est prévue, aujourd’hui, à 11h, dans la ville de Bouira. Cette action fait suite à l’appel à la marche, à travers toute la Kabylie, initié par les anciens acteurs du 20 avril 80 et décidé lors d’une réunion tenue, le 11 avril passé dans la localité de Tighremt (Béjaïa). Cet appel a été largement relayé sur la toile et par les réseaux sociaux. Signé par des anciens acteurs du mouvement culturel berbère (MCB) et du 20 avril 80, dont Mouloud Lounaouci, Azizi Tari ou encore Saïd Khelil, cet appel se veut « une action de rassemblement et d’unité de tous les militants de la mouvance amazighe ». Dans le même appel, les signataires ont rappelé leur attachement aux valeurs d’avril 80 dont la plus phare demeure la reconnaissance de l’identité et de la langue amazighes. En tout cas, et même si la célébration ne sera pas des plus intenses, il n’en demeure pas moins que des actions vont marquer la journée du 20 avril et la population de Bouira y adhèrera pleinement.

D. M.

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