«Sauvegarder la mémoire collective»

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Pour Ali Khalas, qui a animé avant-hier une conférence sur la sauvegarde de la mémoire collective à la bibliothèque centrale, le peuple algérien a bénéficié, entre le premier novembre 54 et le 19 mars 1962, de conditions particulières qui lui ont fait prendre conscience de son identité et de sa souveraineté.

Cette identité s’est faite autour des constantes de la Révolution de novembre, c’est-à-dire autour d’un emblème national, d’une langue nationale et d’un territoire national, selon le moudjahid et ancien ministre chargé des relations auprès du parlement. C’est ce qui distingue cette période caractérisée par une suite d’événements extraordinaires, qui «devaient logiquement aboutir à l’indépendance des précédentes où s’étaient illustrées d’autres figures de la résistance», a fait observer l’orateur.

«Ce n’est ni une question de courage ni une question de patriotisme», a-t-il alors souligné mais une prise de conscience générale d’un destin commun et d’une volonté commune qui a fédéré les efforts et alimenté en permanence l’esprit révolutionnaire. Mais parce que cette conscience nationale était comme un miroir fragmenté par le colonialisme, «tous les soulèvements populaires étaient voués immanquablement à l’échec», rappelait l’orateur. Il a, donc, attendu ce jour glorieux pour que se réalise «l’unité nationale», le premier novembre.

Aujourd’hui, faute d’un ciment puissant, c’est cette unité qui se trouve menacée, selon le grand moudjahid. Le néo colonialisme vise à anéantir notre mémoire collective par la confiscation d’une partie de notre histoire. Pour la conserver contre l’oubli, le conférencier ne voit qu’un moyen : l’écriture de notre histoire. Se défendant que ce soit le rôle des moudjahidines, il appelle les intellectuels, les hommes, dont le métier est d’écrire l’histoire, de s’atteler à cette tâche exaltante.

Il prévoit les difficultés qui se dressent devant ces hommes et ses femmes animés par un idéal aussi glorieux et louable : les archives qui conservent les faits ont été détruites ou détenues par l’ancienne puissance coloniale. L’autre partie incendiée par envie d’effacer les traces des terribles épreuves vécues pendant cent trente-deux ans d’exploitation et de confiscation de tous les droits. Une brève incursion dans ce sombre passé à titre de rappel, a permis au conférencier de noter que 97,5% des algériens étaient des illettrés, alors que 99% n’avait pas le certificat de fin d’études, la scolarité s’arrêtant pour presque tous les enfants algériens à l’école primaire. Et à notre ancien ministre de faire le rapprochement entre les ravages exercés par la politique coloniale qui maintenait les populations dans une ignorance profonde et la volonté de l’ancienne puissance coloniale de priver les algériens d’une partie de leur histoire, en fermant l’accès de ses archives relatives à la période coloniale.

En conclusion, le conférencier plaide pour une jeunesse forte des constantes de novembre 54 qui ont consacré la souveraineté populaire, seules à même de nous placer dans le concert des nations. Les débats ont été pleins de pertinence et ont su soulever les vraies questions qui se posent actuellement : une jeunesse en rupture avec l’esprit de novembre 54 à l’origine de l’idée même de nation. Une jeunesse, donc, sans repères et qui se passionne de plus en plus pour d’autres cultures, d’autres langues. Le danger est, par conséquent, d’ordre éducatif et culture. Revenir donc aux constantes de novembre, se souvenir qu’on a une langue (amazighe-arabe), un drapeau, une monnaie, des traditions, une religion et… une Histoire qui suscite l’admiration du monde entier. Une Histoire qu’il appartient à la jeunesse intellectuelle de préserver des atteintes du temps et des cultures impérialistes qui cherchent à effacer les mémoires des autres peuples en vue de leur colonisation.

Aziz Bey

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