Maâtkas est l’une des plus grandes communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, par sa densité démographique et sa superficie. Elle compte 55 villages pour une population de 35 000 habitants. La municipalité enregistre un retard et des manques dans presque tous les secteurs. Les programmes communaux de développement sont loin de répondre aux attentes de la population et des autorités locales. M. Khermouche Slimane, maire MPA de Maâtkas depuis 2012, revient sans détour sur tout ce qui a trait à l’état des lieux prévalant dans sa circonscription et sur les aspirations de ses concitoyens.
La Dépêche de Kabylie : Commençons si vous le voulez bien par le secteur de l’eau. La pénurie semble durer à Maâtkas ?
M. Slimane Khermouche : Tout à fait. Depuis très longtemps, la crise d’eau est une constante à Maâtkas. La population en pâtit été comme hiver. Le réseau est vétuste et les fuites se comptent par centaines. Il y a un manque de vannes et de réservoirs de stockage et les anciennes fontaines et points d’eau n’ont pas été préservés. L’état des lieux est inquiétant. La population exprime son mécontentement presque quotidiennement, allant jusqu’à fermer les routes et les sièges de daïra, de commune et de l’ADE. Chaque été, le même scénario se répète sans qu’il ne soit réellement pris en charge. Dès notre arrivée, nous avons multiplié les démarches et pris les devants, en initiant des opérations sur le maigre budget communal. Mais hélas, ce n’est pas suffisant. La rareté de l’eau s’accentue. En juillet dernier, l’exaspération de nos concitoyens s’est accentuée et c’est là que les services de wilaya et l’APW se sont enfin penchés sur le problème. Une nouvelle chaîne d’eau a été inscrite au profit du versant Sud-ouest de notre commune. Cette semaine, on a d’ailleurs tenu une réunion Avant-hier est la continuité de ce qui a été fait précédemment. L’étude de ladite chaîne est finalisée, elle est en attente du visa du CF et de son approbation par arbitrage au niveau du ministère, en avril prochain. Comme solution urgente, nous avons avec l’APW, l’ADE et l’Hydraulique établi pour la première fois un véritable état des lieux. L’ADE s’est engagée à réquisitionner ses équipes pour la réparation des fuites d’eau et la prise en charge des points noirs. Le subdivisionnaire de Maâtkas collabore avec nos services. La cellule de crise installée a joué pleinement son rôle et la commission de l’APW est sortie plusieurs fois sur le terrain pour situer le mal. A présent, nous concentrons nos efforts pour anticiper la crise avant l’été prochain. La meilleure solution serait de concrétiser cette chaîne et d’autres projets pour endiguer réellement la pénurie de l’eau. Nous avons besoin de projets structurants, pas de solutions provisoires.
Qu’en est-il du réseau d’assainissement ?
Le secteur est toujours en souffrance. Nous avons relevé la barre, très haut, en atteignant 70% de couverture, mais le problème n’est pas réglé pour autant. L’impact des réseaux que nous avons réalisés est à double tranchant. D’une part, les eaux se déversent dans les oueds et les ravins ce qui pollue la nature et surtout les points hydriques. La faune et la flore sont malmenées. D’autre part, à chaque fois qu’un tronçon est réalisé au profit d’un village, le village voisin réclame le prolongement des conduites. La solution ne viendra que par des projets structurants, à savoir la réalisation de stations d’épuration et de bassins de décantation, chose que nous n’avons pas à Maâtkas. L’étude dont on nous a chargés a besoin de financement.
Et concernant le réseau de gaz naturel, quel est le taux de couverture ?
La mise en service de la première tranche n’est pas finalisée totalement, car les citoyens, qui ont pourtant réalisé les installations, ne sont toujours pas raccordés, faute de détendeurs et de compteurs. La direction concernée et les entreprises doivent s’entendre pour mettre en service le réseau. Le taux de raccordement effectif dans la commune ne dépasse pas les 20%. Pour ce qui est de la deuxième tranche, c’est un fiasco. La quasi-totalité des entreprises sont portées ‘’disparues’’ et les travaux sont suspendus. Plusieurs villages de la commune sont transformés en chantiers ouverts. Les ruelles sont toutes endommagées, les ouvrages obstrués et les canaux des eaux pluviales sont restés ouverts constituant un danger. Tous ces chantiers abandonnés empoisonnent le quotidien de la population. Il serait temps de rappeler à l’ordre les entreprises et trouver des solutions pour la reprise et l’achèvement des travaux. Notre population a trop attendu pour bénéficier de cette importante énergie. Il y a aussi une opposition qu’il faut régler au niveau du douar de Berkouka qui totalise 15 villages. Nous avons essayé de la lever, mais les propriétaires exigent des indemnisations pour laisser passer la conduite.
Parlons du secteur de la santé…
C’est un secteur en souffrance. Notre centre de santé a été promu en polyclinique, mais celle-ci n’a bénéficié d’aucun moyen. Elle est sans ambulance, sans laboratoire d’analyses, sans service de radiologie, sans maternité et sans aucune consultation spécialisée. Elle n’a d’une polyclinique que le nom. Les unités de soins des villages ne prodiguent que des soins très basiques et nos réclamations et rapports n’ont rien apporté de nouveau. La seule satisfaction fut l’inscription d’un hôpital de 60 lits au profit de notre daïra, mais aux dernières nouvelles le projet a été gelé. Nous joignons notre voix à celles de tous les Mâatkis pour demander le dégel de ce projet qui constitue la seule solution pour améliorer la situation du secteur de la santé publique dans toute la région. Comme je vous l’ai déjà dit, la solution réside dans des projets structurants.
Votre commune ne dispose pas d’un stade communal…
Le secteur de la jeunesse et des sports est le parent pauvre de la commune. Nous comptons deux clubs de foot, plusieurs clubs de handball, de basket, ainsi que des clubs d’arts martiaux. Mais les infrastructures ne sont pas disponibles. Nous avons pourtant à plusieurs reprises interpellé les autorités de wilaya pour l’inscription d’un stade communal, car l’assiette est disponible. Nous avons aussi saisi la direction concernée pour la réhabilitation de la salle de sport, mais en vain. Lors de la dernière visite du ministre de la Jeunesse et des sports, de jeunes sportifs lui ont remis un dossier bien ficelé. Il s’est engagé à l’étudier sérieusement, mais nous attendons toujours. Lors de sa visite, le wali a également été interpellé, il a promis de se pencher sur le cas de Maâtkas, mais là non plus aucune suite effective n’a été donnée. Pour ce qui est de la bibliothèque communale, une fiche technique pour son achèvement a été déposée au niveau de la wilaya, on attend les financements. Au sujet du musée de Maâtkas, l’étude architecturale a été approuvée, mais l’on attend le financement de la partie génie civile. La concrétisation de ce projet sera d’abord un hommage à une région qui a su préserver à travers les siècles le travail de l’argile.
Le logement et l’habitat rural sont aussi en deçà des attentes…
En effet, dans la mesure où notre commune ne dispose pas de foncier de l’Etat et où le dossier de l’habitat rural n’est plus géré par l’APC. Dans le cadre de l’habitat rural, nous avons au moins 1 000 demandes, leur étude a pris du temps depuis la destitution de l’APC de la gestion de ce dossier. A présent, nous en sommes aux dernières retouches, nous souhaitons bénéficier d’un quota plus important pour résorber la crise de logement. Dans le cadre de la RHP, nous avons distribué récemment 14 unités, mais ce n’est bien sûr pas suffisant. Nous demandons d’autres programmes puisque nous comptons plusieurs autres cités précaires.
Entretien réalisé par A. B.