Panique à Aïn Athman

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Le village d’Aïn Athman, situé à six kilomètres à la sortie sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, risque d’être rayé de la carte ! La cause ? Une retenue collinaire, située en amont dudit village, commence à se faire menaçante.

Cette retenue d’eau, fortement remplie suite aux fortes précipitations de ces dernières 48h, constitue selon les villageois une véritable «  bombe à retardement » pour leur village et les quartiers alentours. Jeudi dernier et lors de notre présence sur les lieux, nous avons rencontré des familles désemparées, paniquées et apeurées par une éventuelle rupture de la digue. «  Nous avons la peur au ventre ! Nous ne dormons plus que d’un œil de peur que nous soyons emportés par les eaux lors de notre sommeil », dira Madjid, père de trois enfants. Selon d’autres villageois, le risque d’un «  tsunami » est bel est bien réel. «  Hier (mercredi, ndlr) nous avons cru que notre dernière heure est arrivée. Les eaux de cette retenue ont commencé à déferler sur le lit de la rivière laquelle est mitoyenne à nos habitations. Nous avons senti la terre trembler et le sol se dérober sous nos pieds », témoignera El Hadj Slimane, la soixantaine bien entamée et grand-père de deux petits enfants. Lors de notre visite, nous avons remarqué deux hommes qui s’affairaient à remplir des sacs de sable pour les entreposer tout au long des deux rives de l’Oued qui traverse leur bourg. « On se prépare au pire ! On protège nos maisons d’une hypothétique crue qui pourrait tout emporter sur son passage. Prudence est mère de sûreté », nous indiquera ce citoyen trompé de sueur malgré des températures glaciales. Son ami, qui n’est autre que son voisin, nous a avoué que ses enfants, comme ceux des autres villageois, ont raté l’école deux jours de suite, tant la rivière en crue est menaçante et bloque le passage des écoliers vers le chemin de leur établissement, situé à un 500 mètres à vol d’oiseau dudit village. « J’ai interdit à mes enfants d’aller à l’école. C’est trop dangereux et ils pourraient facilement être emportés par les eaux », a-t-il déclaré. Au même moment, des chérubins pressés de rejoindre leurs camardes tenteront la périlleuse traversée. Fort heureusement, ils ont été dissuadés à temps par les villageois. Dans la foulée, Madjid nous proposera d’escalader le flanc de la colline dans le but d’apercevoir la retenue tant redoutée. Après plus d’une dizaine de minutes d’ascension, une vaste et très agitée étendue d’eau nous a fait face. Des milliers de mètres cubes d’eau stockés dans une surface restreinte. La digue qui retient ces flots, est constituée selon les villageois de simples amas de terre et de blocs de pierres. D’après nos interlocuteurs, des lâchers d’eau ont été effectués par les services de l’hydraulique, mais ils n’en diminuent en rien le risque. « Ils auront beau faire des lâchers, mais le risque est bien réel ». À la question de savoir si les autorités concernées sont au courant de la situation, nos interlocuteurs nous ont affirmé que oui. « Les responsables de la direction de l’hydraulique se sont déplacés aujourd’hui (jeudi, ndlr), ils nous ont dit qu’il n’y avait aucun risque. Cependant, on ne les croit pas ! », lancera Madjid. Avant d’expliquer « Après leur départ, les engins d’entretien ont été tous déplacés loin de ce barrage, alors qu’ils étaient là depuis des semaines. Pourquoi ? Regardez par vous-même, cette retenue déborde de toutes parts et les services de la météo annoncent un déluge de pluie pour les prochaines 72h. Que le bon Dieu nous préserve », dira-t-il d’un ton résigné. Quoi qu’il en soit, ces villageois interpellent les autorités sur l’« urgence absolue » de trouver une solution à cette situation, laquelle pourrait se transformer en une véritable catastrophe si aucune mesure n’est prise.

Ramdane Bourahla

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