La brigade de gendarmerie baptisée du nom du Chahid Slimane Nacef

Partager

La brigade de gendarmerie nationale de Tizi-Gheniff a été baptisée, mercredi dernier, du nom du Chahid Slimane Nacef. La cérémonie a eu lieu à la bibliothèque communale de la ville. En effet, en plus de la famille du martyr, il y avait le commandant de la compagnie de la gendarmerie nationale de Draâ El-Mizan, les chefs de brigades de Tizi-Gheniff et Draâ El-Mizan, les corps de sécurité (police et armée), la Protection civile, les chefs de daïras de Draâ El-Mizan et de Tizi-Gheniff, entre autres. L’honneur eut été donné à l’une des petites filles du Chahid de lire sa biographie : «Nacef Slimane est né le 7 mai 1912 à Ivahrizène dans l’ex-douar de M’Kira, dans une famille modeste. Quelques années après, sa famille s’établira au lieu-dit El Hara à quelque quatre kilomètres au Sud-ouest de la ville de Tizi-Gheniff. Il travaillera aux côtés de son père dans les champs. Une fois adulte, il ouvrira une épicerie en ville. Ce fut pour lui aussi l’occasion de s’engager dans la première section du PPA/MTLD, d’autant plus que la région comptait de nombreux militants qui avaient, dans l’esprit, l’idée d’avoir le droit à l’indépendance surtout que l’opulence dans laquelle vivaient les colons et leurs familles les blessait, les heurtait et leur faisait mal au cœur au quotidien. Peu à peu, il consolidera son engagement, notamment lorsque Amar Ouamrane, Krim Belkacem et les autres cadres du parti leur rendirent visite dans son épicerie. Avec d’autres militants, à l’exemple d’Amar Merabet, d’Ali Benrejdal, d’Ahmed Tazekrit, de Mohamed Cheikh, de Mohamed Nacef et bien d’autres, il participera à la préparation du déclenchement de la guerre de libération nationale. On raconte qu’avant de passer à l’action, le chef de secteur, Imerzoukène Mohamed dit Si El Mahfoud, forma quatre groupes pour attaquer dans la nuit du 31 octobre 1954 au 1er novembre les intérêts coloniaux à Tizi-Gheniff. Les vingt membres qui composaient ces groupes se rencontrèrent peu avant minuit, au cimetière d’Ivahrizène (M’Kira) avant de rallier la ville de Tizi-Gheniff et lancer les opérations à minuit précise pour annoncer aux colons que l’heure avait sonné pour eux afin de quitter le pays. Le groupe auquel appartenait Nacef Slimane fut chargé de tirer en direction du domicile du maire de Tizi-Gheniff de l’époque. À zéro heure, ils attaquèrent à coups de feu la résidence du maire. Une grande panique s’empara de la famille de ce responsable. Ce fut l’affolement général. Lui et son fils ripostèrent ne sachant que faire devant ce qui venait de se passer. Chose à laquelle, peut-être, ils ne s’attendaient pas en se considérant être les maîtres des lieux. La sirène hurla et sans perdre de temps, les premiers Novembristes disparurent dans la nature. Malheureusement pour eux, ils furent dénoncés par les alliés de la France coloniale. Le 5 novembre, Nacef Slimane et ses compagnons furent arrêtés et subirent d’atroces tortures. Ce valeureux martyr mourut le 7 novembre après avoir été torturé à mort, laissant derrière lui une veuve et cinq enfants en bas âge. Il fut inhumé au cimetière jouxtant la brigade de gendarmerie jusqu’en 1965 lorsque ses ossements furent exhumés avant d’être enterrés dans le carré des martyrs de Adila. Telle fut la page glorieuse du Chahid Nacef Slimane», lira solennellement la jeune fille toute fière du combat de grand-père. Tour à tour aussi bien le maire de Tizi-Gheniff que le chef de daïra ont salué cette initiative et ont promis que de tels rendez-vous avec l’Histoire sont attendus d’autant plus que la daïra est l’une des premières où des centaines de martyrs s’étaient donnés corps et âmes pour la liberté et la paix. Dans son intervention, Mohamed Zahzouh, un ancien officier de l’ALN, insistera sur le passage du flambeau aux jeunes en leur apprenant correctement l’Histoire de leur pays : «Notre révolution est grandiose. Il ne faut pas qu’on vous trompe. De Gaulle ne nous a pas donné l’indépendance. C’est grâce aux sacrifices des hommes comme Nacef Slimane que l’Algérie a arraché son indépendance. N’oublions pas aussi l’engagement des femmes aux côtés des hommes. Il faut que vous soyez à la hauteur de vos aînés qui ont délogé la quatrième puissance militaire du monde et l’une des grandes forces de l’OTAN. L’Algérie est entre vos mains. Vous êtes capables de la hisser au sommet», conseillera-t-il aux jeunes présents en force dans la salle. «Au nom du groupement de la gendarmerie nationale de Tizi-Ouzou, en mon nom, commandant de la compagnie de Draâ El-Mizan, je remercie tous ceux qui nous ont honorés par leur présence. Je déclare qu’à partir d’aujourd’hui, la brigade de gendarmerie de Tizi-Gheniff est baptisée Chahid Nacef Slimane. Vive l’Algérie. Gloire à nos martyrs», dira le commandant de la compagnie de Draâ El-Mizan sous des applaudissements et des youyous. Pour clore, des cadeaux symboliques ont été décernés aux enfants du Chahid dans une ambiance de fête.

Amar Ouramdane

Partager