Des victimes du camp de torture Tourneux racontent

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C’est en 1956 que le camp de concentration de CAP Aokas fut créé par les forces coloniales. Le choix de son emplacement dans la ferme du colon Tourneux fut déterminé par la présence d’une trentaine de grandes et profondes cuves au col étroit où l’on stocké du vin.

Ces cuves sous forme d’amphore, furent utilisées comme des cellules qui accueillaient les prisonniers jusqu’en 1962, date de l’indépendance. “…Ils nous faisaient entrer dans des cellules sous forme de récipients par un trou d’environ quarante centimètres sur quarante centimètres (40 cm x 40 cm)», raconte Mohand, ancien détenu, et de relater : “Une fois à l’intérieur, on sombre dans un noir encre ; on ne pouvait pas distinguer la nuit du jour, il faisait tout le temps noir. Aucun rayon de lumière ne s’aventure pour entrer à l’intérieur. Ces cellules sous forme de récipients ne laissent entrer aucun rayon de lumière. Sur le sol, de l’eau stagnante à une épaisseur d’une semelle de chaussures, ainsi, on ne pouvait ni s’assoire ni dormir”.

Ces grands récipients cylindriques désaffectés furent utilisés comme des cellules pénitentiaires et munis d’un système de fermeture hermétique décourageant toute tentative d’évasion. Il rajoute : “On avait droit à un repas par jour (24h), de la soupe et du pain de compagne, dur comme un roc. On s’estimait chanceux de rester que dans ces amphores. Ceux qui avaient de lourdes peines étaient transférés dans la chambre des tortures”.

Celle-ci était une vaste construction fermée, genre entrepôt, dont les poutres apparentes du plafond soutenaient une poulie portant une corde servant à hisser des fardeaux au-dessus d’un bassin avant de les plonger dans le liquide noirâtre ; ces fardeaux étaient en l’occurrence des prisonniers ficelés comme des paquets de linge.

Une installation produisant de violentes décharges électriques, fut montée à proximité des réservoirs d’eau pour un usage barbare. Ces électrocutions provoquaient des pertes de connaissance brutales, des convulsions, des brûlures au point de contact ou, quelquefois, (heureuse délivrance !) des morts instantanées.

Reda Senoune

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